2  -  Aliments concernés : Objectifs


1. Eviter les carcinogènes connus ou suspectés et/ou en s’en protéger par des nutriments ou aliments spécifiques
2. Inhiber les mécanismes participant à la promotion et à la progression tumorale par un style de vie incluant les habitudes alimentaires.

2 . 1  -  Objectif 1

A) Eliminer les carcinogènes connus liés à l’alimentation

  • Alcool

Il n’est pas à proprement un aliment, mais peut être considéré comme faisant partie des habitudes alimentaires. Il est un carcinogène génotoxique par son métabolite l’acétaldéhyde dans le cancer des voies aérodigestives supérieures. Sa relation avec les cancers du sein, du colon et du foie est tout aussi convaincante mais le mécanisme peut-être différent : par ex pour le cancer du sein, on sait que la consommation d’alcool s’accompagne de concentrations plasmatiques d’oestradiol supérieures à celles des abstinentes, toutes choses égales par ailleurs. La consommation recommandée en France est au maximum de 3 verres par jour chez l’homme et de 2 verres par jour chez la femme (normes OMS).

  • Aflatoxines

Présentes essentiellement dans l’arachide, elles sont un facteur de risque du cancer du foie.

  • Arsenic

Ce contaminant présent dans l’eau potable augmente le risque de cancer du poumon.

  • Amines aromatiques hétérocycliques et nitrosamines

Présentes dans les viandes après procédés technologiques (cuisson intense pour les premières, salaisons et fumage pour les secondes). Ces composés sont génotoxiques et ont été associés essentiellement au cancer du colon, sans que les preuves soient aussi fortes que pour les 3 carcinogènes précédents. Le sel et les aliments salés ou fumés ont aussi été associées avec le cancer de l’estomac, mais le mécanisme passerait par une irritation de la muqueuse gastrique induisant une dysplasie, puis une métaplasie duodénale.

B) Protéger les cellules cibles contre les carcinogènes

De nombreuses études épidémiologiques ont montré l’effet protecteur des légumes et plus encore des fruits (plus riches en antioxydants et consommés crus le plus souvent donc avec une meilleure conservation de ces vitamines et microconstituants, caroténoïdes et polyphénols ….) notamment dans le cas des cancers liés à un cancérigène exogène. Les études expérimentales ont montré leur effet protecteur de l’ADN, soit en le protégeant du stress oxydant, soit en favorisant sa réparation, soit en inhibant la formation des nitrosamines. Ils stimulent aussi les enzymes de détoxication impliquées dans l’élimination des carcinogènes. Différentes études d’intervention ont montré que le traitement par plusieurs antioxydants pouvaient diminuer l’incidence de certains cancers (estomac, voies aéro-digestives supérieures, poumon) chez les sujets en déficit d’apport ou carencés.

Tous les fruits sont importants par leur contenu en vitamines (notamment en vitamine C), en polyphénols et en caroténoïdes. Les légumes apportent aussi des vitamines (notamment la vitamine B9), des polyphénols, et autres micro-constituants. Les céréales complètes sont également riches en ces micro-constituants d’intérêt.

2 . 2  -  Objectif 2 : Eviter la synthèse des facteurs de promotion et de progression tumorale

  • Obésité

Elle est un facteur de risque pour l’ensemble des cancers, plus particulièrement pour les cancers de l’oesophage, du pancréas, du colon et du rectum, du sein (chez la femme ménopausée), et du rein. Bien que, l’alimentation ne soit qu’un des facteurs de l’obésité, on sait que l’apport d’aliments à forte densité énergétique va favoriser son développement, et les expérimentations animales ont montré qu’un apport calorique élevé favorisait la croissance tumorale. Dans le cas des cancers hormono-dépendants de la femme (sein, ovaire, endomètre), on sait qu’il existe une aromatase permettant, à partir des stéroïdes du tissu adipeux, la synthèse d’oestrogènes, facteur de croissance des tumeurs mammaires. Les aliments gras sont les plus denses en énergie (les lipides apportent 9kcal/g), et dans les sociétés occidentales ce sont eux qui sont le plus souvent responsables d’un régime hypercalorique. Mais les glucides (4kcal/g), et notamment les glucides simples en quantité excessive, sans la contrepartie d’une activité physique modérée à intense, peuvent aussi être un facteur d’obésité. A contrario, inclure dans son alimentation des aliments peu denses en énergie (fruits et légumes) évitera ce déséquilibre.

  • Syndrome métabolique

Il est caractérisé par la présence d’au moins 3 des caractères suivants : obésité viscérale, hypertension artérielle, altération des paramètres lipidiques (HDL-cholestérol inférieur à la normale et triglycérides supérieurs à la normale) et insulino¬résistance. Ce dernier symptôme est accompagné d’une synthèse accrue d’IGF-1 (facteur de croissance) et d’une altération de sa régulation via ses protéines de liaison (IGF-1 BP). Des taux élevés d’IGF-1 ont été retrouvés dans différents cancers (poumon, prostate), mais pour les cancers hormono-dépendants, une autre caractéristique biologique du syndrome métabolique est une diminution de la protéine de liaison des hormones sexuelles (SHBP) qui résulte en une augmentation de testostérone libre, et de façon moindre d’oestradiol, facteurs de croissance respectivement pour les cancers de la prostate et du sein. La prévention nutritionnelle sera très comparable à celle de l’obésité, avec cependant une attention particulière apportée à la consommation de fibres des céréales et des légumes cuits notamment (elles ont montré leur capacité à diminuer l’insulino-résistance et même à retrouver l’insulino-sensibilité). Les lignanes qui sont des phyto-estrogènes souvent associés aux fibres, présents dans les graines de lin et de sésame, et en plus faible quantité dans de nombreux fruits et légumes) semblent participer à l’effet de réversibilité de l’insulino¬résistance décrit pour les fibres. Enfin, la pratique de l’exercice physique a montré son efficacité (le travail musculaire apparaît comme un régulateur de l’insulino sensibilité).

  • Inflammation

Les cellules inflammatoires, notamment lors d’un état chronique d’inflammation, synthétisent des espèces réactives d’oxygène, des facteurs de croissance, des cytokines et des prostaglandines et leukotriènes. Ainsi un environnement inflammatoire chronique peut favoriser la prolifération, inhiber l’apoptose et induire l’angiogénèse. On comprend que la prise au long cours d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ait été associée à une diminution de risque de certains cancers (œsophage, colon, sein). Du point de vue nutritionnel, les acides gras ω3 à longue chaine (EPA tout particulièrement) peuvent avoir un rôle anti-inflammatoire. Ils se trouvent de façon majoritaire dans le poisson et en particulier les poissons gras. On peut dire que la consommation de poisson réduit de façon probable le risque de cancer colorectal. Certaines études suggèrent qu’il en est de même pour les cancers de la prostate et du sein, mais des études complémentaires sont nécessaires pour l’affirmer. La vitamine D aurait aussi un effet anti-inflammatoire.

  • Perturbateurs endocriniens

Ce sont des molécules dont la similarité structurale avec les oestrogènes peut, quand ils sont introduits dans l’organisme, altérer le métabolisme hormonal. Certains, issus des plantes se retrouvent normalement dans l’alimentation ; ce sont les phyto-estrogènes (isoflavones du soja principalement, lignanes des graines de lin et de sésame et à un niveau moindre dans de nombreux fruits et légumes). Ces phyto-estrogènes métabolisés par la flore colique vont donner naissance à des molécules capables de se fixer sur le récepteur b des oestrogènes. Inclus dans une alimentation équilibrée et diversifiée, ces composés ne présentent pas de risque si l’on respecte un apport de 1mg/kg/j. Cependant, des expérimentations animales ont montré un risque d’effet prolifératif sur des tumeurs transplantées, ce qui a conduit, par précaution, à déconseiller la consommation de produits dérivés du soja aux femmes présentant des antécédents médicaux ou familiaux de cancer du sein. D’autres perturbateurs endocriniens issus de l’environnement (dioxines, PCBs, pesticides organo-chlorés, certains métaux comme le cadmium) peuvent se retrouver dans l’alimentation. Leur effet paraît lié à la dose d’exposition qui fait l’objet de règlements sanitaires. Le contrôle de ces contaminants échappe largement à l’individu, qui peut cependant, par précaution, rechercher les produits d’une agriculture à peu d’intrants.

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