4  -  Cas particuliers

Toutes les pathologies ne nécessitent pas une adaptation du schéma classique de prise en charge dans le cadre d’une réanimation néonatale.
Cependant, un certain nombre de circonstances particulières doivent être connues.
Elles sont parfois attendues grâce au diagnostic prénatal et les patients orientés avant la naissance.

4 . 1  -  Inhalation meconiale

La présence d’un liquide méconial doit faire suspecter l’inhalation méconiale, ce risque est plus important en présence de liquide épais et/ou particulaire.
Cette inhalation peut entraîner une pneumonie sévère.
Si le nouveau-né est vigoureux, l’aspiration trachéale n’est plus recommandée car le risque traumatique est supérieur au bénéfice de cette aspiration.
La libération des VAS se fait par aspiration simple de l’oropharynx.

La technique d’aspiration de la bouche de l’enfant à la vulve, avant le dégagement des épaules, ainsi que la compression thoracique destinée à minimiser la quantité de méconium inhalé ne sont plus recommandées.

Si le nouveau-né n’est pas vigoureux, l’ERC préconise l’aspiration trachéale avant tous gestes de réanimation. [15]
La réanimation peut être poursuivie suivant les mêmes étapes après l’aspiration sous laryngoscope.

4 . 2  -  Hernie diaphragmatique

La hernie diaphragmatique congénitale correspond à un défaut de fermeture de la coupole diaphragmatique le plus souvent à gauche. La remonté des organes de l'abdomen dans le thorax entraine une l'hypoplasie pulmonaire.
Elle provoque en général une détresse respiratoire néonatale, dont le pronostic dépend de l'hypoplasie pulmonaire et de l'hypertension artérielle pulmonaire associées.

Figure 64 : Hernie diaphragmatique

En cas de diagnostic prénatal de hernie diaphragmatique

L’intubation doit être immédiate si l’enfant ne respire pas spontanément.
La ventilation au ballon et au masque est contre indiquée.
L’auscultation après intubation est asymétrique.
Une sonde nasogastrique doit être placée pour permettre l’aspiration régulière et la décompression du tube digestif, minimisant ainsi la compression pulmonaire.

En l’absence de diagnostic anténatal

La prise en charge de l’enfant porteur d’une hernie diaphragmatique reste inchangée.
La ventilation au masque n’est alors pas une faute mais probablement peu efficace, l’intubation devra être envisagée rapidement.

Les signes évocateurs sont :

  • un abdomen plat.
  • un thorax bombé.
  • des bruits de cœur déviés à droite.
Figure 65 : signes évoquant une HD
Figure 66 : Vue radiographique d’une HD

4 . 3  -  Le prématuré

La prise en charge des grands prématurés débute vers 24 SA.
La réanimation suit le même schéma mais quelques précautions particulières sont à prendre :

  • Lutter contre l’hypothermie ++++ (T° ambiante 26°, sac polyéthylène, bonnet…)
  • Eviter les baro/volotraumatismes de la ventilation : préférer la ventilation au Néopuff®.
  • Eviter l’hyperoxie en maintenant une Sa O2 entre 90 et 95 %.


L’intubation systématique des enfants très prématurés est controversée par de nombreux auteurs.
Certains la recommandent tout de même pour les enfants né avant 30-31 SA afin d’administrer du surfactant rapidement.
La mise en place d’une CPAP nasale moins invasive est de plus en plus pratiquée.

4 . 4  -  Laparoschisis et omphalocele

L'omphalocèle est une absence de fermeture de la paroi abdominale antérieure.
Elle se présente comme une hernie de la paroi ventrale centrée sur le cordon ombilical, où les viscères extériorisés sont recouverts par la membrane avasculaire.
L'ouverture est supérieure à 2 cm.
Dans 50% des cas il existe des malformations associées. ( cours Malformations fœtales : Conduite à tenir à la naissance  )

Figure 67 : Omphalocèle

Le laparoschisis est une fermeture incomplète de la paroi abdominale se situant très souvent sur le côté droit de l’ombilic qui laisse passer les anses intestinales qui ne sont pas protégées par une enveloppe. L’ouverture dépasse rarement les 3 cm.
Il existe des malformations associées dans 20 % des cas.

Figure 68 : Laparoschisis

La prise en charge est identique dans les deux pathologies.
Il faut préserver les intestins des infections et de la déshydratation en enveloppant l’enfant dans un sac stérile en polyéthylène.

Deux sacs sont nécessaires pour protéger les intestins.
Le premier est placé au dessus du siège pour recueillir les urines, le second enveloppe l’ensemble des intestins et se noue sous les aisselles.

L’enfant doit être placé, dès que sont état le permet, en décubitus latéral afin d’éviter la mobilisation des intestins.
Une sonde gastrique doit être mise en place rapidement pour permettre l’aspiration régulière.

4 . 5  -  Obstruction congenitale des voies aeriennes superieures

Cette pathologie ne modifie pas le schéma de prise en charge initiale dans le cadre d’une réanimation.
La ventilation au masque bouche ouverte permet d’assurer une bonne oxygénation de l’enfant.
Le problème va apparaitre lorsque l’enfant reprend une respiration spontanée.
L’imperforation des choanes doit être évoquée devant un enfant qui est rose lorsqu’il pleure mais cyanosé au repos.
La pose d’une canule de Guédel ou de Mayo permet la ventilation spontanée de l’enfant par la bouche.

4 . 6  -  Le syndrome de Pierre Robin

Le syndrome de Pierre-Robin associe un micro retrognatisme, une glossoptose et une fente palatine, souvent responsables d’une obstruction des voies aériennes supérieures.
Cette pathologie ne modifie pas le schéma de prise en charge initiale dans le cadre d’une réanimation mais rend difficile voire impossible l’intubation.
La ventilation au masque pourra être facilitée par la pose d’une canule de Guedel.
Une sonde gastrique pourra être mise en place rapidement afin d’évacuer régulièrement l’air insufflé dans l’estomac par une ventilation prolongée.

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