Introduction

L’asphyxie néonatale est responsable de 19% des morts néonatales observées dans le monde. Il s’agit principalement d’enfants nés prématurément ou de faible poids de naissance (inférieur à 1500g) et si les véritables réanimations ne concernent que 1% des nouveau-nés, 10% nécessiteront une prise en charge particulière à la naissance. [1]

Les résultats de l’enquête périnatale de 2010 montrent une augmentation régulière du taux de prématurité ; de 4.5% en 1995 à 5% en 2003 il atteint aujourd’hui 5.5%, soit 6.6% des naissances vivantes. La proportion d’enfant de faible poids suit la même évolution, passant de 4.6% en 1995 à 5.1% en 2010. [2]

Pourtant, les progrès réalisés au cours des 30 dernières années dans le suivi des parturientes et les soins aux nouveau-nés ainsi que la réorganisation des soins périnataux en réseaux, ont remarquablement amélioré la prise en charge des enfants à la naissance, permettant d’atteindre aujourd’hui d’importants taux de survie sans séquelle majeure.

Plus de la moitié des réanimations sont prévisibles, permettant une orientation anténatale vers un niveau de soins adapté et au pédiatre d’être présent pour prendre en charge l’enfant en difficulté. L’implication de la sage-femme dans la réanimation néonatale est donc fortement influencée par la présence du pédiatre. Cependant, en cas de détresse néonatale imprévisible ou en l’absence du pédiatre, la sage-femme, présente à chaque naissance, est amenée à débuter seule les gestes de réanimation dans 20 à 40% des cas. [3]

La sage-femme est en première ligne, le pronostic neurologique de l’enfant dépend directement de la rapidité et de la qualité des premiers gestes entrepris. A chaque accouchement, la réanimation néonatale - actuellement bien standardisée - doit pouvoir être effectuée par un personnel qualifié disposant d'un matériel adapté.

Améliorer la sécurité des enfants nécessite la maîtrise des gestes, en passant par la formation initiale et la formation continue tout au long de la vie professionnelle.

1  -  Préambule

Aucun texte législatif ne détermine précisément les actes que les sages-femmes sont à même de réaliser au cours d’une réanimation néonatale.

Il convient donc de se référer à la fois au code de déontologie, au référentiel des métiers et au droit de prescription.

1 . 1  -  Le code de déontologie

Article R.4127-309
La sage-femme doit disposer au lieu de son exercice professionnel d'une installation convenable et de moyens techniques suffisants. En aucun cas, la sage-femme ne doit exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre la sécurité et la qualité des soins et des actes médicaux.

Article R.4127-315
Une sage-femme qui se trouve en présence d'une femme enceinte, d'une parturiente, d'une accouchée ou d'un nouveau-né en danger immédiat ou qui est informée d'un tel danger doit lui porter assistance ou s'assurer que les soins nécessaires sont donnés.

Article R.4127-325
Dès lors qu'elle a accepté de répondre à une demande, la sage-femme s'engage à assurer personnellement avec conscience et dévouement les soins conformes aux données scientifiques du moment que requièrent la patiente et le nouveau-né. Sauf cas de force majeure, notamment en l'absence de médecin ou pour faire face à un danger pressant, la sage-femme doit faire appel à un médecin lorsque les soins à donner débordent sa compétence professionnelle ou lorsque la famille l'exige.

Article R.4127-304
(Décret nº 2006-1268 du 17 octobre 2006 art. 2 Journal Officiel du 18 octobre 2006)
La sage-femme a l'obligation d'entretenir et de perfectionner ses connaissances dans les conditions prévues par l'article L. 4153-1. [4]

 Le code de Déontologie 

1 . 2  -  Le droit de prescription

L’arrêté du 12 octobre 2011 fixe la liste des classes thérapeutiques ou des médicaments autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel ou leur prescription auprès des nouveau-nés. [5]

L’annexe II de l’arrêté précise notamment :

  • Oxygène.
  • Solutés de glucose de toute concentration.
  • Soluté de chlorure de sodium isotonique à 0,9 %.
  • Soluté de gluconate de calcium à 10 %.


Dans l’urgence, en attente du médecin :

  • Adrénaline par voie injectable ou intra trachéale dans la réanimation du nouveau-né.
  • Naloxone sans précision de dosage.

1 . 3  -  Le référentiel des métiers

Le référentiel des métiers, après avoir décrit les principales situations de soins auxquelles est confrontée la sage-femme, identifie les “ressources” qu’elle doit posséder et savoir mobiliser. [5]

  • Avoir acquis les connaissances requises en pédiatrie.
  • Avoir acquis les savoir-faire dans la surveillance et la prise en charge du nouveau-né à terme ou prématuréDéfinitionenfant né avant 36 semaines d'aménorrhée (SA) et 6 jours.
  • Anticiper sur l’organisation matérielle et la disponibilité des ressources.
  • Identifier le caractère de gravité et d’urgence.
  • Prévoir l’appel du pédiatre.
  • Etre capable d’organiser l’environnement de la naissance pour créer un climat favorisant la physiologie et identifier les situations d'urgence en obstétrique et en néonatalogie.
  • Etre capable de mettre en œuvre les premiers gestes d’urgence en attendant le médecin (aspiration, ventilation, intubation, massage cardiaque) selon la situation.
  • Etre capable de pratiquer la réanimation du nouveau-né et assurer les conditions optimales de l’éventuel transfert.
  • Réaliser l’examen pédiatrique.
  • Participer à l’accueil optimal du nouveau-né porteur d’une pathologie dépistée dans la période prénatale.
  • Participer à la prise en charge médicale en collaboration avec le pédiatre.
  • Dans toutes les situations, être capable de rédiger une prescription complète, des synthèses permettant l’exploitation et la transmission des données et assurer la tenue du dossier médical. (bilans, synthèses, transmissions…).
  • Informer le couple en temps réel.


Le rôle de la sage-femme débute avec le dépistage des situations à risque pour la mère et l’enfant, pendant la grossesse et l’accouchement. Elle doit préparer l’environnement et le matériel nécessaires à l’accueil du nouveau-né et avertir le pédiatre pour intervenir s’il y a lieu.
Après la naissance, elle dispense les soins au nouveau-né et pratique, si nécessaire, les premiers gestes de réanimation dans l’attente du pédiatre.

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