1 . 7  -  Les adjuvants de l'anesthésie locorégionale

1 . 7 . 1  -  Adrénaline

Les effets principaux de l'adjonction d'adrénaline à la bupivacaïne par voie péridurale sont :

  • l'amélioration de l'efficacité analgésique (intensité et/ou durée) de la bupivacaïne,
  • l'augmentation de la fréquence et de l'intensité du bloc moteur.


Donc l'addition systématique d'adrénaline à l'anesthésique local par voie péridurale au cours du travail ne représente pas un attrait prometteur et n'est pas actuellement recommandée par la plupart des auteurs.

Par voie intrathécale, l'adjonction d'adrénaline à la combinaison sufentanil-bupivacaïne majore les effets secondaires potentiels : diminution du prurit mais augmentation des nausées et du bloc moteur, apparition de spasmes musculaires et prolongation du travail.

1 . 7 . 2  -  Clonidine

Par voie péridurale, il semblerait que une dose de 75 μg de clonidine combinée à la bupivacaïne serait responsable d'une augmentation optimale de la durée d'analgésie sans augmentation des effets indésirables. Aucun effet délétère sur les modalités de l'accouchement et sur le tonus utérin n'a pu être observé.

Par voie intrathécale, la clonidine produit une analgésie essentiellement par un mécanisme spinal : elle potentialise aussi les opioïdes injectés par voie intrathécale.

L'adjonction de 100 à 200 μg de clonidine au sufentanil intrathécal entraine une augmentation de l'incidence et de l'intensité de l'hypotension. L'usage éventuel de cette combinaison pharmacologique nécessite de vérifier au préalable la stabilité hémodynamique de la patiente.

1 . 7 . 3  -  Néostigmine

L'utilisation de la néostigmine intrathécale au cours du travail est actuellement en cours d'investigation. Les doses de néostigmine de 5 ou 10 μg ne produisent pas d'analgésie au cours du travail. Une dose de 20 μg a peu d'effet analgésique et peuvent être associées à un risque important de nausées et de vomissements sévères.

Chez la femme enceinte (soit au cours des césariennes soit au cours du travail), son utilisation intrathécale n'entraine de modifications du rythme cardiaque fœtal ni des scores néonataux jusqu'à des doses de 100 μg.

L'utilisation de la néostigmine comme un adjuvant de l'analgésie spinale pourrait être plus intéressante puisqu'une dose de 10 μg de néostigmine réduit les besoins en sufentanil d'environ 25 % au cours du travail.

1 . 7 . 4  -  Kétamine

La kétamine est un antagoniste des récepteurs au N-méthyl-D-aspartate (NMDA).

Bien que la kétamine ne soit probablement pas un agent analgésique efficace lorsqu'elle est administrée seule, plusieurs études récentes suggèrent qu'elle pourrait être intéressante si elle était combinée à d'autres agents analgésiques. L'injection péridurale postopératoire de kétamine produit en effet une action analgésique potentialisant celle de la bupivacaïne.

1 . 7 . 5  -  Midazolam

Les benzodiazépines ne sont pas habituellement considérées comme des analgésiques.

La seule étude disponible en anesthésie obstétricale a montré que l'injection intrathécale de 1 mg de midazolam injecté avec la bupivacaïne au cours de la césarienne réduit les besoins morphiniques postopératoires de façon significative. Comme la dose adéquate et l'absence d'effet neurotoxique sont encore sujettes à controverses, cet agent analgésique reste encore à un stade expérimental.

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