6  -  Signes cliniques

L’ivresse simple est la manifestation comportementale de l’action de l’alcool sur le fonctionnement cérébral. Elle évolue classiquement en 3 phases : phase d’excitation psychomotrice, phase d’incoordination, phase comateuse (pour une alcoolémie supérieure à 3 g/L).

L’ivresse pathologique est plus fréquente en présence de troubles de la personnalité, surtout sociopathiques ou d’un trouble cérébral organique associé. Elle réalise un tableau prolongé, volontiers récidivant, avec symptômes excitomoteurs, hallucinatoires, délirants, tableau marqué par une dangerosité potentielle pour le patient ou son entourage.

L’abus d’alcool ou usage nocif correspond à une consommation répétée, ayant une nocivité sociale (relations conjugales, difficultés avec la justice…), professionnelle, physique ou psychique et à la persistance de cette consommation malgré la nocivité. Le plus souvent, les critères stricts de dépendance ne sont pas trouvés.

Le syndrome de dépendance alcoolique
(tableau 1.I). Il s’agit d’un état neurobiologique et psychologique dû à la consommation répétée d’alcool, se traduisant par la nécessité d’augmenter la dose d’alcool pour obtenir le même effet (tolérance) et de poursuivre la consommation d’alcool pour prévenir l’apparition d’un syndrome de sevrage.

6 . 1  -  Signes physiques de dépendance

Les symptômes de sevrage peuvent apparaître lors d’un sevrage total ou partiel après une consommation importante et prolongée. Ils comportent des symptômes :

– neuro-musculaires :
• tremblement des mains et de la langue,
• myalgies,
• crampes,
• paresthésies ;

– digestifs :
• nausées,
• vomissements ;

– neurovégétatifs :
• sueurs parfois majeures pouvant conduire à une grande déshydratation,
• tachycardie,
• hypotension orthostatique,
• hypertension artérielle qui peut être à l’origine d’accidents cardiovasculaire ;

– neurologiques :
• crises convulsives,
• grand mal ;

– psychiques :
• anxiété,
• humeur dépressive,
• irritabilité,
• hyperémotivité,
• insomnies,
• cauchemars,
• hallucinations,
• confusion mentale.

La fréquence de survenue des symptômes de sevrage est très variée. Les symptômes de sevrage apparaissent dans les 12 à 24 h suivant l’arrêt ou la réduction de la consommation d’alcool. Ils peuvent survenir de façon retardée (jusqu’à un mois). L’arrêt de la consommation d’alcool peut être volontaire ou involontaire (maladie, incarcération, problème financier). Les formes sévères de sevrage (delirium tremens, épilepsie de sevrage) s’observent chez environ 5 % des sujets dépendants. Les sujets les plus à risque sont des malades ayant une consommation ancienne et massive, une alcoolo-dépendance sévère, des accidents de sevrages antérieurs, des antécédents de delirium ou de convulsions, une dépendance à d’autres substances psycho-actives.

La recherche de ces facteurs de risque doit être systématique afin de prévenir l’apparition des symptômes de sevrage.

Les troubles sont le plus souvent calmés par l’ingestion d’alcool mais les signes réapparaissent le matin suivant ou après une autre période de sevrage.

6/9