3  -  Epidémiologie

L’épidémiologie de la consommation d’alcool en France n’est connue que de façon approximative. La consommation moyenne d’alcool pur par an et par habitant était de 9 litres en 2003. Près de 10 millions de Français consomment de l’alcool au moins 3 fois/semaine et 6 millions tous les jours. La consommation de vin est en diminution constante au profit de boissons peu ou au contraire très alcoolisées, même si le vin demeure l’alcool le plus fréquemment consommé. La consommation d’alcool est particulièrement forte à l’Ouest, dans le Nord, et en Auvergne.

Le mésusage d’alcool est la cause directe ou indirecte de 25 % de l’ensemble des maladies, de 30 000 à 40 000 décès par an, sans compter les accidents, agressions ou suicides sous l’empire de l’alcool (l’alcool est au 3e rang des causes de décès). Une consultation sur 5 en médecine générale, 15 à 25 % des hospitalisations sont en rapport avec un mésusage d’alcool. Les estimations habituellement retenues font référence à l’existence en France d’environ 5 millions de personnes ayant une consommation à risque, avec environ 1,5 million de personnes dépendantes.

La consommation d’alcool est responsable de nombreux problèmes familiaux, sociaux ou professionnels : l’alcool est responsable d’environ 2 700 décès par an sur la route ; il est en cause dans près de 20 % des accidents du travail ; selon les victimes de violence, environ 30 % des agresseurs avaient bu de l’alcool ; la consommation d’alcool retentit sur le statut social : qualité des études, type d’emploi, niveau du salaire.

La consommation excessive d’alcool ou la dépendance à l’alcool sont souvent associées à d’autres conduites addictives, (dépendance au tabac trouvée dans 75 à 95 % des cas). La surmortalité qui en résulte est importante, en particulier au niveau hépato-gastro-entérologique (pancréatite, cirrhose, etc.), cancérologique (oesophage, ORL), ou cardio-vasculaire (tableau 1.II).

Tableau 1.II.

(1) FNORS
(2) CépiDC
(3) Alcool et risque de cancer.

Le sujet alcoolo-dépendant est également un sujet à haut risque de dépendance aux benzodiazépines. L’existence de poly-dépendances associant alcool et drogues illicites est fréquente. Près de 40 % des personnes alcoolo-dépendantes ont un autre trouble mental.

La distinction entre le malade alcoolique et les personnes ayant une consommation à risque ou excessive avec complications somatiques sans alcoolodépendance est essentielle : 2 sur 3 des consommateurs ayant une consommation à risque n’ont pas de dépendance évidente à l’alcool (fig. 1.1) ; la moitié des décès prématurés dus à l’alcool (tableau 1.II) concerne des personnes ayant une consommation excessive d’alcool mais non dépendantes.
La prise en charge et les résultats thérapeutiques sont très différents entre un consommateur à risque ou excessif et un malade alcoolo-dépendant : pour un malade non alcoolo-dépendant, l’abstinence totale n’est probablement pas un objectif obligatoire, une diminution sous les seuils préconisés par l’OMS pouvant avoir un impact thérapeutique suffisant pour prévenir le risque de complications liées à la consommation d’alcool.

Les femmes représentent 10 % des consultants pour difficultés avec l’alcool en médecine générale. Les femmes ont une consommation d’alcool plus souvent en solitaire à domicile. La prise associée de psychotropes est fréquente et une comorbidité dépressive est présente deux fois sur trois. Chez les femmes enceintes, le risque de malformation et de retard du développement du nouveau né est une donnée établie. L’abstinence, en matière de consommation d’alcool, est préconisée chez la femme enceinte.

(1) Grossesse et tabac.

Figure 1 : Dépendance à l'alcool
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