Le texte ci-dessous abordera essentiellement l’alcool.
Concernant les autres addictions en particulier le tabac, les psycho-actifs et les substances illicites, le sujet est traité de façon détaillée dans le polycopié national de psychiatrie : http://www.univ-rouen.fr/81243443/0/fiche_UFM__pagelibre/ ou se connecter sur www.univ-rouen.fr : cliquer sur Médecine > Pharmacie (à droite),puis sur l’onglet Étudiants (encadré en vert), puis sur Formations médicales (dans Étudier), puis sur documents de référence pour les études médicales (en haut), puis cliquer sur Psychiatrie.
La dépendance et l’abus sont deux entités correspondant à la plupart des conduites addictives.
La dépendance n’est pas liée à la quantité de substance consommée mais définit un type de relation marquée par une incapacité de réduire sa consommation et une obligation comportementale.
Les signes de dépendance sont des signes psychologiques :
– quantité et/ou durée de la prise de substance plus importante que prévue ;
– incapacité de contrôler la prise de la substance ;
– augmentation du temps passé à se procurer la substance, à l’utiliser ou à récupérer de ses effets ;
– activités (sociales, professionnelles, de loisirs) réduites du fait de l’utilisation de la substance ;
– poursuite de l’utilisation de la substance malgré un problème psychologique et/ou physique en rapport avec la substance.
À ces signes psychologiques peuvent s’associer :
– des signes de tolérance : augmentation de la quantité de substance nécessaire pour obtenir l’effet désiré ;
– des signes de sevrage qui définissent la dépendance physique : syndrome de sevrage ou prise d’une autre substance pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.
L’abus d’une substance correspond à une utilisation nocive pour la santé en l’absence de signes de dépendance.
La (les) définition(s) de l’alcoolisme est (sont) complexe(s), en dehors de celle synthétique de Fouquet résumant l’alcoolisme en « la perte de la liberté de s’abstenir vis-à-vis de l’alcool ». Le terme sous-tend la présence d’une dépendance à l’alcool sans envisager l’abus et la nocivité pour la santé même en l’absence de dépendance avérée.
La plupart des consommateurs d’alcool ont une consommation conviviale non dangereuse (usage simple ou consommation dite modérée). La présence ou non de situations à risque (conduite de véhicules, prises médicamenteuses, grossesse, etc.), de comorbidités ou d’affections conduit à moduler les seuils quantitatifs de consommation.
L’OMS a défini des niveaux de risque concernant la consommation d’alcool :
– pas plus de 21 verres par semaine pour les hommes ;
– pas plus de 14 verres par semaine pour les femmes ;
– pas plus de 4 verres par occasion ;
– pas d’alcool dans certaines circonstances (femme enceinte, conduite, prise de certains médicaments, métiers ou sports dangereux, certaines affections, etc.) ;
– un jour sans alcool par semaine.
Ces seuils n’assurent pas avec certitude l’absence de tout risque mais sont des compromis entre, d’une part, un risque considéré comme acceptable individuellement et socialement, et d’autre part la place de l’alcool dans la société et les effets considérés comme positifs de sa consommation modérée.
Ces seuils n’ont pas de valeur absolue car chacun réagit différemment selon sa corpulence, son sexe, sa santé physique et son état psychologique, ainsi que selon le moment de la consommation. Ils constituent de simples repères et ils doivent être abaissés dans diverses situations, notamment :
– en cas de situation à risque : conduite de véhicule, travail sur machine dangereuse, poste de sécurité, situation qui requiert vigilance et attention, etc. ;
– en cas de risque individuel particulier, notamment : consommation rapide et/ou associée à d’autres produits (substances psycho-actives qui potentialisent, souvent rapidement, les effets psychotropes de l’alcool ; affections organiques et/ou psychiatriques associées, notamment celles qui impliquent la prise d’un traitement médicamenteux ; modification de la tolérance du consommateur en raison de l’âge, du faible poids, du sexe, des médications associées, de l’état psychologique, etc. ; situations physiologiques particulières : grossesse, états de fatigue (dette de sommeil, etc.).
Ces seuils font référence aux définitions de :
– la consommation dite à risque à savoir une consommation au-dessus des seuils prédéfinis risquant de provoquer des dommages physiques, psychiques ou sociaux ;
– la consommation excessive encore appelée mésusage sans dépendance, pour laquelle il existe des complications somatiques sans alcoolodépendance ;
– l’alcoolo-dépendance faisant référence à la définition de la dépendance psychologique ou physique (tableau 1.I).
Ces définitions sont très importantes : la confusion entre la consommation à risque, la consommation excessive et l’alcoolisme ou alcoolo-dépendance est lourde de conséquences pratiques. Elles sont malgré tout à nuancer : la dépendance ne se développe pas d’un jour sur l’autre et il s’agit d’un continuum depuis l’absence de dépendance, en passant par une dépendance modérée, jusqu’à une dépendance sévère, dans chacune de ses composantes, psychologiques, comportementales et sociales, physiques.
Le terme « alcoolique », à connotation péjorative, est à réserver à des sujets alcoolo-dépendants.