Introduction

Avertissement : la nouvelle nomenclature des parasitoses a modifié presque tous les noms. Par exemple la giardiase est devenue la giardiose. Le titre du libellé ENC n’a pas encore été officiellement changé. En revanche, dans le texte ci-dessous, seule la nouvelle nomenclature a été utilisée.

1  -  Giardiose

A. Épidémiologie, modes de contamination et physiopathologie

Giardia intestinalis (anciennement Giardia lamblia) est un protozoaire cosmopolite fréquent, y compris dans les pays développés, particulièrement chez les enfants et dans les collectivités. Le parasite peut infecter l’homme et de nombreux mammifères domestiques ou sauvages. L’agent contaminant est le kyste, forme résistante du parasite pouvant survivre pendant des mois dans le milieu extérieur.

L’homme se contamine le plus souvent de façon indirecte en ingérant de l’eau ou des aliments contaminés par les kystes parasitaires. La contamination peut aussi avoir lieu par contamination féco-orale directe (mains souillées), en particulier chez les petits enfants (crèche).

Les kystes se transforment en trophozoïtes dans le duodénum. Les trophozoïtes se fixent sur la bordure en brosse des villosités des entérocytes du duodénum et du jéjunum, induisant des lésions histologiques pouvant aller jusqu’à l’atrophie villositaire subtotale.


B. Clinique


1. Forme typique

La giardiose est le plus souvent asymptomatique. Quand elle est symptomatique, après une incubation de 1 à 3 semaines, un tableau de « patraquerie digestive » sans fièvre apparaît progressivement, associant plusieurs selles molles et malodorantes par jour, ne contenant ni glaire ni sang, des douleurs épigastriques, des nausées, une anorexie et un ballonnement post-prandial. Les symptômes s’amendent habituellement en dix à quinze jours.

2. Formes atypiques

Le début des symptômes peut être abrupt, avec des selles nombreuses et liquides, faisant discuter les autres causes de diarrhée aiguë (voir chapitre 15). Les douleurs épigastriques peuvent être au premier plan, transfixiantes, faisant discuter une maladie ulcéreuse ou une pancréatite aiguë. Une fièvre modérée est possible. La giardiose peut évoluer sur un mode subaigu, voire chronique pendant plusieurs mois ou années. Il peut s’agir de périodes d’inconfort digestif évoquant des troubles fonctionnels intestinaux.

En cas d’infestation massive et chronique, un tableau de malabsorption avec dénutrition et carences est possible, essentiellement chez les personnes ayant un déficit commun variable en immunoglobulines ou un déficit sélectif en IgA, et chez les enfants dans les pays à bas niveau d’hygiène.


C. Diagnostic


Le diagnostic est fait habituellement par la mise en évidence de trophozoïtes, et surtout de kystes, dans le cadre d’un examen parasitologique des selles standard. La sensibilité de cette recherche (de l’ordre de 60 %) s’accroît lorsqu’on répète le test (3 en tout), l’excrétion des kystes dans les selles étant intermittente. L’avenir est aux tests immunologiques rapides détectant des antigènes parasitaires dans les selles. Ces tests, très performants, ne sont pas encore disponibles en France. Dans les formes chroniques, la recherche des parasites dans les selles est souvent prise en défaut. En revanche, dans ce contexte, la recherche de parasites au contact des villosités sur des biopsies duodénales réalisées au cours d’une endoscopie digestive haute, est une technique diagnostique très sensible et spécifique.


D. Traitement et prévention

Le traitement repose sur les nitro-imidazolés, comme le métronidazole. Un contrôle de l’efficacité du traitement par examen de selles négatif un mois après la fin du traitement est recommandé. En cas d’échec documenté du traitement, il faut évoquer une source persistante de parasites dans l’entourage. L’albendazole peut être utilisé en deuxième intention.
La prévention individuelle et collective repose sur l’hygiène de l’eau de boisson et des aliments, et sur le lavage des mains. Le voyageur doit tenir compte du fait que les kystes de Giardia sont relativement résistants à la chloration, aux ultra-violets et à la congélation. Si l’eau de boisson du voyageur doit être traitée, il faut donc privilégier l’ébullition (très efficace) ou la filtration. À noter que l’eau ingérée accidentellement lors des bains en eau douce n’est en général pas assez contaminée pour provoquer une infection humaine.

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