3  -  Mécanisme - Relation dose-effet

L’atteinte fœtale est liée au passage rapide de l’alcool au travers de la « barrière placentaire », avec des taux d’alcool sanguin fœtaux pratiquement identiques à ceux de la mère. C’est l’alcool – plutôt que ses métabolites – qui est responsable des lésions chez le fœtus, notamment des lésions neurologiques qui font toute la gravité du syndrome (notamment en inhibant la migration neuronale qui a principalement lieu de la fin du 1e trimestre à l’âge de 2 ans de l’enfant).

Les atteintes fœtales sont proportionnelles à la quantité d’alcool ingérée. On définit principalement trois types de consommation, quel que soit le type de verre considéré (un verre contenant environ 10 g d’alcool pur, quel que soit l’alcool).

  • Consommations importantes : au-delà de deux verres par jour. Le risque fœtal est bien documenté avec un risque d’occurrence de SAF.
  • Consommations occasionnelles, légères ou modérées : environ un à deux verres par jour. Il n’y a pas de syndrome dysmorphique ou malformatif. Un retard de croissance modéré peut être retrouvé en cas d’alcoolisation modérée. Les données scientifiques sont rassurantes sur la survenue de troubles cognitifs ou comportementaux à long terme en cas d’alcoolisation occasionnelle ou légère. Les études sont contradictoires concernant les alcoolisations modérées, avec risque de survenue de troubles affectifs, anxieux, et altération des scores comportementaux.
  • Consommations aiguës (« bingedrinking ») : en début de grossesse, cette situation est fréquente alors que la grossesse est encore inconnue. Il n’y a pas d’impact démontré d’un épisode de bingedrinking (≥ 4 verres en une fois) sur la survenue de malformations fœtales ou de troubles cognitivo-comportementaux à ce moment de la grossesse, dès lors que cet épisode reste isolé et ne se répète pas ensuite. Plus tard en cours de grossesse – notamment aux 2e et 3e trimestres –, une alcoolisation aiguë d’au moins 5 verres peut entraîner des troubles cognitifs par trouble de la migration neuronale.

Dans ces conditions et même si les consommations aiguës de début de grossesse ne semblent pas aussi péjoratives que les autres types de consommation, il faut rappeler la recommandation « zéro alcool pendant la grossesse » (absence d’effet seuil). Il faut à l’inverse savoir rassurer et déculpabiliser une patiente présentant une alcoolisation légère ou un épisode de bingedrinking en tout début de grossesse, mais obtenir son abstinence.

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