3  -  Aspects socio-économiques

Le vieillissement de la population a des conséquences sociologiques et  économiques.

3 . 1  -  L'isolement des personnes âgées

Six millions de personnes vivent seules en France : il s'agit majoritairement de personnes âgées. L'isolement est principalement dépendant du veuvage pour les générations actuelles de personnes âgées. En 1990, 72,6 % des femmes âgées de plus de 80 ans étaient veuves, soit plus de 1 100 000 femmes. Le veuvage féminin résulte de deux grands mécanismes : la surmortalité masculine et la différence d'âge entre les époux. A l'inverse la probabilité pour un homme de  se  trouver  isolé  est  faible.  Une femme sur deux est seule à 70 ans et un homme sur deux l'est à 85 ans. Ceci a une influence considérable sur le maintien à domicile et majore le risque d'institutionnalisation pour les femmes.

Le veuvage est un événement de vie considéré comme l'un des plus difficiles à  surmonter.  Ses  conséquences néfastes ont été démontrées en terme de mortalité et de morbidité (en particulier sur le plan thymique). L'épreuve psychologique  met  en  oeuvre  des mécanismes d'adaptation dans le travail de deuil. Une défaillance de ces mécanismesconduit au deuil pathologique. Toutes les personnes âgées ne réagissent pas négativement à la perte de leur conjoint. Certaines retrouvent un  compagnon  ou  envisagent cette possibilité.  La  recomposition  des couples s'effectue également au grand âge : 2,4 % des mariages concernent des sujets de plus de 60 ans. Enfin, le nombre de divorces  impliquant  des personnes de plus de 60 ans est en augmentation depuis 20 ans.

On doit s'interroger sur l'influence à l'avenir  de  recompositions  familiales qui concernent actuellement les plus jeunes générations.

  • Monde urbain, monde rural

En 1990, environ 3 millions de personnes de plus de 60 ans vivent dans les communes rurales où ils représentent 23 % des habitants. Les autres résident dans des communes urbaines composant 19 % de la population citadine. Lorsque les personnes âgées vivent en ville,  elles  résident  surtout  dans  le centre. Ceci est d'autant plus vrai que l'agglomération est importante. A l'opposé, dans les zones rurales, la population est dispersée et éloignée des services,  des  réseaux  de  soutien professionnels et des centres de soins bien équipés. L'organisation de la vie des personnes âgées en milieu rural est précaire contrairement  aux  stéréotypes,  dès qu'il y a absence d'entourage  propre  et/ou  survenue  d'une dépendance, même réduite.

  • Les relations intergénérationnelles

L'importance de la famille est considérable. C'est le cadre naturel des relations inter-génération, de la solidarité sociale, de l'échange de services et d'affectivité. Avec l'avance en âge, les relations  inter-génération  occupent  une place  importante,  notamment  lors- qu'une famille est proche géographiquement.  Toute  modification  de  la structure familiale influence automatiquement  les  conditions  de  vie  des sujets âgés.

La  famille  comporte  souvent  quatre générations. Ses membres ne résident plus sous le même toit comme au début du siècle : les personnes âgées revendiquent le fait d'habiter seules et d'être autonomes. Malgré la séparation du lieu de vie, les relations entre les différentes générations restent très fortes. Le téléphone, outre la convivialité à distance, aide à la sécurité.

Environ la moitié des personnes âgées reçoit une aide régulière de la part de leurs  enfants.  Inversement  le  même pourcentage  des  personnes  âgées assure la garde de leurs petits enfants pendant les vacances ou en période scolaire (20 % au moins un jour par semaine). Les grands parents répondent aux aléas et aux difficultés de la vie professionnelle de leurs enfants, notamment en période de crise économique et de chômage. Cependant, les personnes âgées  fournissent  moins  de  services qu'elles n'en reçoivent, notamment lors de l'apparition de la dépendance. Les "aidants naturels informels" sont dans plus  de  80  %  des  cas  des  femmes (épouse ou fille). Le nombre d'heures passées à l'aide varie de deux heures à plus de cent heures par semaine. Ceci illustre la diversité des situations d'aide.

L'aide apportée est dans un premier temps  psychologique,  orientée  vers l'organisation  du  réseau  de  soutien. Puis elle est plus concrète et concerne les activités sociales et domestiques : gestion administrative, lessive, courses, repas. Enfin, si besoin, elles concernent les soins personnels : préparation des médicaments, toilette, habillage, aide au
déplacement.  Plusieurs  enquêtes constatent qu'en moyenne 80 % des gestes  d'assistance  envers  les  personnes âgées dépendantes sont fournis par l'entourage et 20 % par les aides professionnelles.

Le rôle d'aidant naturel est source de valorisation, d'amélioration de la relation avec un être cher. Mais les conséquences psychologiques pour l'aidant ne sont pas nulles. Le médecin doit pouvoir apprécier ces relations d'aide afin d'éviter des situations d'épuisement qui sont source d'altération de la qualité de vie et parfois de rejet de la personne âgée aidée.

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