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Le traitement de l’incontinence urinaire implique une approche multidisciplinaire en milieu gériatrique. Le choix d’un traitement doit répondre à des critères objectifs d’efficacité et prendre en compte les différentes pathologies ou handicaps du malade.
Le traitement de la composante fonctionnelle de l’incontinence repose principalement sur l’adaptation optimale du malade à son environnement, connaissance et repérage des lieux, moyens d’appel accessibles, vêtements commodes, disponiblité de l’entourage, ainsi qu’à l’adaptation de l'environnement aux possibilités du patient.
Toute infection urinaire symptomatique doit être traitée en préalable.
Le traitement de l’incontinence urinaire organique dépend des étiologies.
La gestion des boissons . Le volume quotidien de boissons ne doit pas être réduit comme le font spontanément certaines personnes âgées incontinentes. En cas d’incontinence à prédominance nocturne on conseille de reporter la majorité des prises sur la première partie de la journée.
Grille ou calendrier mictionnel des 24 heures : Remplie par le malade ou son entourage, elle précise l’espacement des mictions, la sensation du besoin, la survenue des pertes urinaires. Elle contribue au choix et à l’adaptation thérapeutique. Elle permet d’établir des protocoles de mictions urinaires programmées, destinés à réduire la fréquence et la gravité de l'incontinence. Ces protocoles de soins sont motivants et efficaces, malgré les difficultés d’utilisation liées à la mobilité des malades et aux limites liées à des effectifs soignants insuffisants.
Les sondages itératifs sont parfois proposés en cas d’incontinence urinaire avec rétention urinaire récidivante sans besoin mictionnel volontaire. Ils doivent être réalisés dans des conditions rigoureuses d’asepsie et être limités dans le temps compte-tenu de l’irritation locale et du risque infectieux qu’ils peuvent provoquer.
Les anticholinergiques (oxybutinine, imipramine) inhibent les contractions vésicales et sont donc indiqués dans l’urgence mictionnelle. Ils sont contre-indiqués en cas de troubles cognitifs qu’ils peuvent déclencher ou aggraver, de glaucome à angle fermé et d’obstacle cervico-prostatique patent ou latent où ils peuvent entraîner une rétention vésicale aiguë.
Leur prescription :
1) se fait à dose progressive avec une surveillance étroite particulièrement dans les premiers jours du traitement,
2) doit être reconsidérée après 3 semaines de traitement où ils seront interrompus en l’absence d’efficacité objectivée par la grille mictionnelle.
Les cholinergiques (prostigmine) améliorent la contraction du détrusor et sont indiqués dans les atonies vésicales.
Les antagonistes alpha-adrénergiques (tamsulosine, alfuzosine) inhibent le tonus sphinctérien alpha. Chez l’homme, ils sont proposés en cas d’hypertonie urétrale associée à un adénome prostatique. Chez la femme ils améliorent une dissynergie vésicosphinctérienne. Ces médicaments alpha-bloquants, souvent potentialisés par d’autres médicaments antihypertenseurs, malgré leur sélectivité, exposent les malades au risque d’hypotension orthostatique et donc de chute.
Les traitements hormonaux substitutifs d’application locale sont utilisés pour traiter la trophicité urétrale et la musculature du plancher pelvien.
Leur indication est réservée aux malades motivés.
La rééducation périnéale est indiquée, à raison de 2 à 3 séances hebdomadaires, en cas d’hypotonie urétrale associée à une faiblesse musculaire périnéale. Elle peut être associée à l’électrostimulation.
Le biofeedback est indiqué dans la prise en charge des vessies instables.
L’efficacité de ces techniques doit toujours être objectivement mesurée après deux mois.
Ces techniques ont une place primordiale dans la stratégie de la prévention primaire de l’incontinence urinaire chez l’adulte jeune.
Un traitement chirurgical de l’incontinence urinaire doit être proposé aux malades ayant des mictions par regorgement pour corriger une sténose urétrale ou une hypertrophie prostatique obstructive. Pour les femmes âgées ayant des déficiences périnéales majeures, on propose une cervicopexie et, en cas de contre-indication chirurgicale la pose d’un pessaire reste une solution possible.
Le recours au sphincter artificiel reste exceptionnel.
L’utilisation de sondages vésicaux (intermittents ou à demeure) est uniquement réservée aux cas de vessie rétentionnelle.
L’utilisation de couches de protection représente aujourd’hui la solution palliative habituelle. Elle n’est légitime qu’après échec ou non-indication des autres thérapeutiques. Son coût est élevé et à la charge du malade.
Chez les hommes atteints d’incontinence urinaire sans rétention, l’utilisation d’étui pénien peut être proposée, si le malade l’accepte et le supporte.
Trois circonstances sont à prendre en compte :
Vessie instable
Règles hygiéno-diététiques, calendrier mictionnel, anticholinergiques s’ils ne sont pas contre-indiqués, biofeedback.
Vessie atone et dyssynergie vésico-sphinctérienne
Cholinergiques, alpha-bloquants en complément si dissynergie, sondages itératifs.
Obstacle
Alphabloquants, adénomectomie ou résection endoscopique, dilatation urétrale.
En cas d’obstacle prostatique avec résidu post-mictionnel, le traitement chirurgical doit être envisagé.
La prévention de l’incontinence urinaire, par la rééducation périnéale, doit intervenir systématiquement dans le post-partum. Cette prévention spécifique est différente de la rééducation visant à restaurer une tonicité de la paroi musculaire abdominale.
Le traitement hormonal substitutif de la ménopause est le second moyen efficace de prévention de la déficience périnéale et sphinctérienne en l’absence de contre - indications générales.
Les autres modalités de prévention primaire ou secondaire passent par l’éviction ou la réduction de la iatrogénie (incluant les sondages vésicaux abusifs ou la mise en place abusive de couches), le traitement d’une constipation distale et la réévaluation périodique des traitements médicamenteux au long cours.
Haute Autorité de Santé. Prise en charge de l’incontinence urinaire de la femme en médecine générale – Actualisation 2003 [en ligne]. Mai 2003.
Haute Autorité de Santé. Bilans et techniques de rééducation périnéo-sphinctérienne pour le traitement de l’incontinence urinaire chez la femme à l’exclusion des affections neurologiques [en ligne]. Février 2000.