4 . 4  -  Complications générales

Septicémie

Tous les foyers desmodontaux et parodontaux sont susceptibles de déclencher des bactériémies :

  • lors des gestes effectués au niveau des dents (extraction, chirurgie parodontale, détartrage, soins d'endodontie) ;
  • spontanément, lors de la mastication ou du brossage des dents.


Il s'agit le plus souvent d'une septicémie aiguë, dont les conséquences peuvent être l'atteinte d'organes à distance.

Infection focale

Les foyers infectieux buccaux peuvent être à l'origine de syndromes pathologiques multiples, qui se manifestent loin du foyer infectieux initial et avec lequel ils ne paraissent présenter aucune relation évidente.

On distingue plusieurs formes cliniques de l'infection focale :

  • fièvre prolongée inexpliquée au long cours : en présence d'une fière chronique apparemment isolée, il est indispensable de rechercher un foyer infectieux, notamment dentaire ;
  • manifestations rhumatologiques : arthrites, notamment sur prothèses ;
  • manifestations ophtalmiques : uvéites, ptosis, voire amauroses brutales doivent faire rechercher un foyer dentaire ;
  • manifestations rénales : glomérulonéphrite proliférative ;
  • manifestations pulmonaires : des suppurations pulmonaires aiguës ou chroniques peuvent succéder à des infections buccodentaires, soit par bactériémie, soit par inhalation de produits septiques ;
  • manifestations digestives : les foyers buccodentaires peuvent être à l'origine de troubles digestifs de type gastrite, entérite, colite ;
  • manifestations neurologiques septiques : parmi les troubles nerveux d'origine dentaire, il faut citer les algies de la face ; les abcès du cerveau d'origine dentaire ne sont pas exceptionnels et s'expliquent par le même processus étiopathogénique que les thrombophlébites ou par des embolies.


Endocardite infectieuse

Le rôle des foyers infectieux dentaires est primordial dans l'installation d'une endocardite infectieuse (également dénommée endocardite maligne lente, ou maladie d'Osler) et la conférence de consensus sur la prophylaxie de l'endocardite infectieuse (1992) a rappelé que cette affection reste préoccupante par son incidence, qui ne régresse pas, sa gravité et son coût. Elle a permis de situer la place de la porte d'entrée buccodentaire dans les endocardites présumées ou prouvées : elle représente 36 % des 1 300 endocardites annuelles françaises, avec une mortalité de 10 %.

L'endocardite infectieuse est parfois consécutive à un essaimage microbien venu d'un foyer parodontal ou survenant après une extraction dentaire, chez un patient porteur d'une cardiopathie à risque d'endocardite infectieuse.

Les signes majeurs en sont : l'apparition ou l'aggravation d'un souffle d'insuffisance valvulaire, la fièvre au long cours avec frissons, anémie, hépatosplénomégalie, des signes cutanéomuqueux (pétéchies palatines et vélaires).

Les hémocultures sont :

  • soit positives : Streptococcus viridans, entérocoque ;
  • soit négatives : dans ce cas, il faut toujours rechercher un foyer infectieux.


Deux critères sont à noter : d'une part, l'identité du germe retrouvéà l'hémoculture et celle du germe décelé au sein du foyer infectieux dentaire et, d'autre part, l’épreuve du traitement — résultat favorable de l'avulsion d'une dent infectée chez un malade soumis, sans grand succès, à une antibiothérapie massive.

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