3  -  Lésions gingivales, ou parodontopathies


Les parodontopathies sont des maladies inflammatoires d'origine bactérienne affectant les tissus de soutien de la dent. Selon le tissu concerné, il s'agit de : gingivite (gencive), parodontite (cément et desmodonte), alvéolyse (os alvéolaire) (tableau 9.I).

Très fréquentes, elles constituent un véritable fléau par l’édentation précoce qu'elles entraînent (plus fréquente qu'avec les caries) et par leurs complications infectieuses (identiques à celles des caries évoluées : complications locales, locorégionales et à distance).

L'agression bactérienne est le premier et indispensable facteur de développement de la maladie parodontale.

Tableau 9.I Clinique des différentes lésions de l'organe dentaire
                                   Douleur                                  Inspection                 Vitalité               Percussion                Diagnostic
Absente Tache blanche Normale Normale Carie de l’émail réversible (stade I)
Tache brune     Carie de l’émail irréversible (stade II)
Provoquée Cédant à l'arrêt de la stimulation Dentine altérée Tests douloureux Indolore, sonorité claire Carie de la dentine (stade III)
Spontanée ou provoquée Pulsatile Cavité carieuse profonde Tests très douloureux Transversale douloureuse Pulpite, ou « rage de dent » (stade IV)
Spontanée, augmente au contact, continue Impression de dent longue Cavité carieuse profonde, mobilité douloureuse de la dent, œdème gingival Absente Axiale douloureuse Parodontite apicale aiguë (stade V)
Modérée ou absente Légère mobilité Absente Ébranlement perçu dans la région apicale Parodontite apicale chronique
Douleurs à type d'agacement et gingivorragies Gencives rouges, œdématiées, mobilité dentaire, rétraction gingivale Normale (sauf en phase terminale) Plus ou moins douloureuse Parodontite d'origine sulculaire
         
         

3 . 1  -  Gingivite tartrique

Physiopathologie

Le tartre est constitué par la plaque dentaire calcifiée. L'inflammation est liée à l'irritation locale due au tartre, qui constitue un support idéal pour la flore pathogène buccale. L'inflammation et les bactéries provoquent une protéolyse, entraînant une fragilisation et une destruction plus ou moins localisée de la gencive. La cause est une hygiène buccale médiocre, souvent associée à une prise alcoolotabagique.

Clinique

L'examen clinique est marqué par l'existence d'une couche de tartre plus ou moins épaisse, attachée à la gencive, qui est rouge, inflammatoire, plus ou moins hypertrophiée, saignant au moindre contact et sensible. Les localisations les plus fréquentes des poches de gingivite tartrique se situent au niveau du collet lingual des incisives (souvent inférieures) et du collet vestibulaire des molaires supérieures.

Évolution

En l'absence de traitement de la gingivite tartrique, il y a une évolution vers une lyse de la gencive, ou parodontolyse. Cette parodontolyse peut évoluer vers une gingivostomatite ulcéreuse.

Traitement

Il faut envisager :

  • une prévention : l'arrêt du tabac s'impose ;
  • un traitement curatif : le traitement local consiste en un ou deux détartrages annuels, des bains de bouches, des gels gingivaux.

3 . 2  -  Gingivite ulcéronécrotique

La gingivite ulcéronécrotique survient chez les patients présentant une diminution de leur défense immunitaire.

L'examen clinique met en évidence une gingivorragie, des pétéchies (pouvant être liées à une thrombopénie), une hypertrophie gingivale ou des gencives blanches (liée à l'anémie).

Ces lésions doivent faire rechercher une hémopathie.Gingivite odontiasique

Il s'agit d'une complication liée à l’éruption dentaire, l'entité classique étant la péricoronarite de la dent de sagesse inférieure chez l'adulte. Le tableau est très algique avec des signes locaux inflammatoires, douleurs irradiées (odynophagie) et adénopathie cervicale réactionnelle.

3 . 3  -  Hypertrophies gingivales

Les hypertrophies gingivales sont fréquentes et peuvent être :

  • idiopathiques (congénitale, liée au développement dentaire) ;
  • hormonales (puberté, pilule de contraception, grossesse) ;
  • carentielles (avitaminose C) ;
  • iatrogéniques par traitement anticonvulsif (phénytoïne, Dihydan®), antihypertenseur (nifédipine, Adalate®) ou immunosuppresseur (ciclosporine) (fig. 9.5) ;
  • l'expression d'une hémopathie (leucémies), d'une collagénose ou d'une mycose.
Figure 9.5 Hypertrophie gingivale (ciclosporine)
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