Cours
4. 4. Le développement psychologique : Cercles de perturbations
Plan du chapitre
- 4.1. Le cercle du corps
- 4.2. Le cercle parental
- 4.4. La transgression
- 4.5. Le narcissisme
Important
L’adolescence, c’est la rupture de l’équilibre de l’enfance (de 12 à 18 ans) : cela prend souvent l’aspect d’une crise aigue, difficile mais maturante.
L’adolescence est l’âge du changement, et comme tout changement, elle implique un risque. (Alvin et Marcelli,).
« La « crise » d’adolescence est une phase féconde caractérisée par un remaniement spontané de l’adolescent.
C’est une phase adaptative, qui lui permet d’émerger du monde protégé de l’enfance, par le biais de conflits, de passages à l’acte, de conduites d’opposition.
Cette nouvelle individualisation est ainsi vécue sous la double contrainte des tendances infantiles persistantes et des tendances adultes débutantes. » (Braconnier)
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De la sixième à la terminale, le passage de l’enfance au début de l’âge adulte après la traversée de l’adolescence
L’adolescence est la période au cours de laquelle l’enfant accède à la subjectivation, c’est-à-dire le sentiment d’être un sujet. Il n’est plus l’objet de ses parents mais devient ou plutôt cherche à devenir le sujet de ses propres pensées et de ses propres actes.
Ce travail d’élaboration de notion d’identité va faire passer l’enfant par différentes étapes autour d’une série de paradoxes :
- le premier, le paradoxe identitaire : pour savoir qui je suis, j’ai besoin de ressembler à quelqu’un et en même temps je ne peux être moi même qu’en me différenciant d’autrui : c’est le conflit ressemblance/différence qui sous-tend une grande partie des relations adolescents-parents ;
- le second paradoxe : paradoxe relationnel : pour s’affirmer soi-même a-t-on besoin d’autrui ? Est-on soi-même en l’absence d’autrui ou a-t-on besoin d’autrui pour mieux se connaître ? C’est l’opposition moi et/ou l’autre - moi sans l’autre
- enfin le paradoxe lié à la sexualité ; la transformation pubertaire inscrit dans le corps de l’adolescent la dimension d’incomplétude et de besoin de l’autre.
A l’expression « crise d’adolescence » des années 60-70, a succédé le « travail psychique de l’adolescent ». A l’heure actuelle, l’accent est mis sur le repère de ce qui est du domaine propre à ses transformations, et de ce qui, à l’inverse, témoigne de traits pathologiques qui menacent de se fixer en entravant le travail de transformation de l’adolescent.
Crise de l'ado et ado en crise
Important : La transformation de l'ado entravée
A l’heure actuelle, l’accent est mis sur le repère, parmi les manifestations inhérentes au travail psychique de l’adolescent, de ce qui est du domaine propre à ses transformations, et de ce qui, à l’inverse, témoigne de traits pathologiques qui menacent de se fixer et entravent le travail de transformation de l’adolescent.
4.1. Le cercle du corps
« Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule. Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! » Charles Baudelaire, L’Albatros.
Les modifications corporelles contraignent le psychisme à un travail de transformation, c’est une période de bouleversements marquant le début de l’adolescence. C’est un processus qui pousse l’adolescent à trouver un but à la pulsion sexuelle que la puberté vient d’actualiser dans son corps
Important
C’est l’âge où la physiologie peut créer les plus grands écarts par rapport à la normale alors même que les jeunes ont besoin de s’y conformer d’une manière plus précise.
Même si le préadolescent est généralement informé de ce qui va se produire, il se retrouve, passif, devant des transformations de son propre corps, « à son insu».
Comment changer tout en restant le même ?
Sur le plan physique, l’attention est portée sur le corps : il s’inquiète sur les différentes parties de son corps : le changement de taille, de pilosité, l’arrivée des règles, de l’acné.
La nouvelle modification corporelle bouleverse le schéma corporel établi ; un nouveau « plan de montage » doit se mettre en place. Cela suscite de l’anxiété, qui débute souvent à cet âge.
L'image inconsciente du corps
Attention
Les troubles du comportement alimentaire apparaissent généralement à l’adolescence ; ils prennent l’aspect de préoccupations diététiques excessives soit dans le trop (boulimie) soit dans le pas assez (anorexie), liées souvent à une faible estime de soi, à des difficultés d’expression émotionnelle et à une centration des problèmes sur l’apparence corporelle.
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"Se reconnaitre pour s'apprivoiser"
Le plan identitaire narcissique est sollicité, ce qui réveille directement le vécu de la petite enfance et en particulier, la stabilité ou les défaillances des premières relations. C’est pourquoi les difficultés de la petite enfance (défaillances, carences graves, relations trop symbiotiques) constituent un facteur très important de prédiction pour la survenue des problèmes à l’adolescence.
Les tensions psychiques
Helph Behaviour
4.2. Le cercle parental
Le remaniement du lien aux parents est dominé par un double enjeu : d’un côté la nécessité de se séparer mais de l’autre la menace de se perdre, d’un côté, la conquête de l’autonomie mais de l’autre, la menace potentielle de la dépression.
C’est l’heure des crises, des désirs, des séparations, des affirmations, de la crise d’indépendance, mais aussi de la crise parentale (Dr A Braconnier)
L'ado et la famille
Vacances familliales
Le moment des vacances peut être un moment privilégié pour resserrer les liens enfants-parents, mais aussi gagner en autonomie
4.3. Le cercle de la société
La fragilité psychologique se traduit par la dissociation entre la maturité physiologique d’adulte et le statut social intermédiaire (plus un enfant, pas encore un adulte) entraîne une réactivation de tous les conflits antérieurs et une fragilité à la dépression.
Comme les homards qui perdent leur carapace à la période de la mue, l’adolescent est sans défense, à la merci des prédateurs. Il n’y a pas d’adolescence sans souffrance, c’est peut-être la période de la vie la plus douloureuse, la moindre remarque le blesse, l’humilie, la plus petite injustice le révolte. Il ne se sent pas écouté, pas compris.
Tout feu - Tout flamme
4.4. La transgression
L’adolescent peut paraître en décalage avec ses paroles, susciter de l’énervement. Ce décalage peut provoquer bien des malentendus. Il semble incohérent, égoïste ou hypocrite alors qu’il serait plus judicieux de parler d’immaturité.
Titeuf : lachez moi le slip
Important
L’adolescence est la période de tous les dangers il y a une mise en péril physique et mentale de la vie à partir d’actions décidées plus ou moins consciemment, alcool, drogues, sports à risque, conduites imprudents que ce soit à mobylette, vélo, ski, skateboard..
Chaque année les accidents de cyclos font plus de 150 morts et 7500 blessés en France chez les 15 – 19 ans (source observatoire national interministériel de sécurité routière 2009. L’ado et le cycle) rencontre à risques, téléchargeable sur le site prévention routière. Asso.fr)
4.5. Le narcissisme
Les 3 soeurs
narcissisme
Le jeune doit définir une nouvelle relation à soi-même (narcissisme) pour apprivoiser ce corps transformé, une nouvelle relation aux autres :
- quitter le milieu familial réactive les angoisses d’abandon et les attitudes d’opposition aux parents. L’identification à un personnage extra familial comme un chanteur à la mode prend le relais de l’identification parentale
- s’intégrer à la société, ce qui passe souvent par l’intégration à un groupe de pairs (phénomène de bande) pour s’autonomiser et se différencier du modèle social adulte, assumer son état d’homme ou de femme sexuellement mature en découvrant les émois amoureux.
- assumer son étét d'homme ou de femme sexuellement mature en découvrant les émois amoureux
Conclusion : Pendant cette période l’ado est bousculé sur tous les fronts physio, psycho et relationnel. C’est la fin de l’enfance et le début d’une nouvelle étape d’adulte.
Départ pour la vie d'adulte
cf. Le cercle parental
Pour Françoise Dolto « Il faut accepter d’être déboulonné par ses propres enfants, de se résorber, presque de se mettre en veilleuse, tout en restant en même temps complètement présent dès que les jeunes en ont besoin. » Si la vie jaillit parfois avec débordements, le vase pour la contenir est encore incertain, fragile ; il doit être conforté, consolidé par le contexte, c’est-à-dire par l’entourage et tout particulièrement la famille.
cf. Le cercle de la société
A certains moments, les adolescents peuvent être « tout feu, tout flamme »mais les mêmes sujets peuvent être au plus mal quelques instants plus tard, à la faveur d’une contrariété, d’une déception ou d’une frustration. Passer du rire aux pleurs, de l’euphorie à la tristesse, de l’espoir à la détresse fait intimement partie de l’adolescence, âge des paradoxes et des fluctuations extrêmes (Pommereau). Les plaintes corporelles. Compte tenu de la place qu’occupent les transformations du corps dans la métamorphose de l’adolecence, il est habituel que les préoccupations mineures soient légion. Les troubles du comportement transgressif se rencontrent plutôt chez les garçons, les malaises physiques répétitifs sont beaucoup plus fréquents chez les filles, aboutissant à la formulation de plaintes corporelles plus ou moins vagues, diffuses. L’être au masculin grandit sous le signe de réalisations concrètes : le faire, le savoir-faire, l’action priment sur tout le reste. L’être au féminin évolue sous le signe du « creux, du « souple », synonyme de capacité à recevoir, à contenir, à enfanter. Les plaintes somatiques exprimées par l’adolescent en difficulté surviennent à l’emporte-pièce, prenant parfois des proportions considérables et cèdant très souvent aussi soudainement qu’elles sont apparues. Les plaintes les plus courantes : douleur physique témoignant de la souffrance morale ressentie, l’inertie corporelle, qui restitue les sentiments de « sidération affective, perte de conscience qui répond au désir de rompre avec des pensées intolérables. Parfois intriquées, elles peuvent aboutir à la constitution de crises de spasmophilie, chez les filles essentiellement. Ces crises associent un état anxieux intense, des phénomènes neuromusculaires divers (picotements, contractures) attribuées à tort à des anomalies métaboliques (déficit calcium, magnésium). Les maux de tête et de ventre figurent parmi les algies les plus courantes. Les céphalées peuvent s’accompagner de nausées. D’autres manifestations classiques : des douleurs de dos, des maux de gorge, des sensations d’extrême fatigue. Ce sont des malaises physiques accompagnant les crises d’angoisse. D’autres plaintes corporelles frappent par leur étrangeté, évoquant des troubles psychiques graves. Les céphalées récidivantes du sujet jeune correspondent souvent à d’insoutenables « prises de tête ».
cf. Evaluer la capacité
Il faut savoir évaluer la capacité de l’adolescent à déplacer ses besoins insatisfaits et impossibles à satisfaire sur les relations aux autres ou sur les relations « autres ». Une partie des satisfactions ne pourront venir que de l’extérieur, d’où l’importance du réseau social qui a pu se tisser en amont, dans l’enfance et la grande enfance.