3. 3. 6 - Principaux éléments biomécaniques

     L’axe mécanique du membre inférieur est, genou en extension, le segment de droite qui unit le centre de la tête fémorale au milieu de l’interligne tibio-astragalien. Cet axe passe normalement par le genou au milieu des deux épines tibiales, ceci explique une répartition harmonieuse des contraintes de pression entre les deux compartiments dans un genou normal.

     Si l’axe mécanique du genou passe trop en dedans, il définit le genu varum, entraînant une surcharge de pression dans le compartiment fémorotibial interne. Si l’axe mécanique du genou passe trop en dehors, il définit un genu valgum entraînant une surcharge de pression dans le compartiment fémorotibial externe.

     Dans ces troubles statiques du membre inférieur, l’augmentation des contraintes va entraîner une usure des cartilages dans un des deux compartiments, ce qui va aggraver la déformation.

     Cependant, l’existence de troubles de torsion du membre inférieur peut rendre compte de gonarthroses unicompartimentales non expliquées par la seule déviation axiale.

3. 3. 7 - Traitement

a. Traitement médical

     Dans tous les cas, le traitement médical est de mise car l’aggravation n’est pas inéluctable et elle est linéaire.
Le traitement comporte plusieurs volets :

– des mesures de ménagement du genou : éviter les marches et les stations debout prolongées en période douloureuse ; en dehors des poussées, il faut favoriser la marche de façon quotidienne ; corriger un excès de poids (++) ; éviter le port de charges lourdes ; prendre éventuellement une canne ;
– la rééducation est une étape importante : elle consiste en une rééducation du quadriceps et à la lutte contre le flessum. Cette rééducation a montré un effet antalgique significatif ;
– le traitement médicamenteux comprend un traitement par antalgiques simples (paracétamol : jusqu’à 4 g par jour) ; la prescription d’antiinflammatoires non stéroïdiens est surtout recommandée dans les poussées plus douloureuses de la maladie, notamment en cas de poussée congestive ; les antiarthrosiques à action lente ont montré un effet antalgique retardé (deux à trois cures de trois mois par an) ;
– les infiltrations locales de corticoïdes sont recommandées au cours des poussées de la maladie, en cas d’épanchement intra-articulaire. L’effet bénéfique est souvent éphémère, rarement efficace au-delà de deux semaines ;
– les infiltrations à base d’acide hyaluronique ont montré un effet antalgique rémanent. Ces infiltrations peuvent trouver une indication lors des gonalgies mécaniques sans épanchement abondant ;
– la crénothérapie est mal évaluée et a souvent un effet à la fois psychologique et antalgique.


b. Traitement chirurgical

Deux objectifs :
– ne pas laisser passer l’heure d’une intervention chirurgicale préventive chez un sujet « jeune » (moins de soixante-dix/soixante-quinze ans) avec une déviation axiale ;
– ne pas poser abusivement une prothèse en cas d’arthrose peu symptomatique.

Traitement dit conservateur par ostéotomie de réaxation
(figure 5.11)


     L’ostéotomie de valgisation en cas de gonarthrose sur genu varum ou l’ostéotomie de varisation en cas de gonarthrose sur genu valgum permettent de retarder en moyenne de douze ans la mise en place d’une prothèse totale au genou ; cependant, il s’agit d’interventions lourdes qui ne sont envisageables qu’avant soixante-cinq ans sur un genou stable sans laxité.

Prothèses du genou


     Ce sont principalement des prothèses totales non contraintes dites à glissement avec plus ou moins conservation du système ligamentaire. Il existe des prothèses unicompartimentales.

     L’indication est fonction de la topographie et de l’étendue des lésions. Si l’arthrose est globale, la prothèse totale du genou est le seul traitement chirurgical recevable en cas d’arthrose mal tolérée. Si l’arthrose est unicompartimentale, on privilégie la prothèse unicompartimentale chez un sujet âgé, sans défaut d’axe majeur, sans hyperlaxité. Enfin, si l’atteinte est unicompartimentale mais extrêmement sévère avec des destructions étendues, seul le recours à la prothèse totale est envisageable.

Fig. 5.11. Principe de l’ostéotomie de valgisation « tibiale ».

11/14