3 - Gonarthrose

3. 1 - Définition

La gonarthrose est l’arthrose la plus fréquente des membres inférieurs.

Elle concerne différents compartiments :
– l’arthrose fémoropatellaire entre la rotule et le fémur (35 % des cas) ;
– l’arthrose entre le fémur et le tibia, dite « fémorotibiale » avec l’atteinte fémorotibiale interne plus fréquente que celle du compartiment fémorotibial externe (45 % à 50 % des cas).

     Ces différentes localisations volontiers intriquées (15 % à 20 % des cas) réalisent des atteintes uni-, bi- ou tricompartimentales.

3. 2 - Arthrose fémoropatellaire

3. 2. 1 - Épidémiologie

     L’atteinte est le plus souvent observée chez une femme au-delà de quarante ans, elle est souvent bilatérale et symétrique, elle intéresse en règle le compartiment externe de l’articulation.

     Cette arthrose est décelable radiographiquement chez plus de 10 % des femmes de plus de soixante-cinq ans, mais ces anomalies sont souvent asymptomatiques.

3. 2. 2 - Quand faut-il évoquer le diagnostic ?

     La douleur siège à la face antérieure du genou. Elle est volontiers déclenchée lors de la mise en extension du genou : la descente plutôt que la montée des escaliers, la station assise prolongée, l’agenouillement. À l’inverse, les douleurs sont modestes en terrain plat. Elle peut s’accompagner de signes d’accrochage douloureux, notamment à la marche, et d’épisodes d’épanchement, notamment au décours de poussées douloureuses.

     À l’examen, on recherche des signes de souffrance dans le compartiment fémoropatellaire.
La douleur est réveillée :

– à l’extension contrariée de la jambe ;
– à la pression de la rotule sur le genou fléchi ;
– au toucher rotulien ;
– à la « manoeuvre du rabot » (douleur déclenchée au frottement de la rotule contre la trochlée) ;
– à la manoeuvre de Zohlen : douleur lorsque l’examinateur s’oppose à l’ascension de la rotule lors de la contraction du quadriceps.

     Cependant, ces signes cliniques sont d’interprétation souvent difficile.
Fréquemment, la douleur du genou est plus diffuse et traduit l’atteinte associée d’un compartiment fémorotibial.

3. 2. 3 - Comment faire le diagnostic ?

La radiographie spécifique de l’articulation fémoropatellaire comprend :

– incidences axiales à 30° ou 60° ;
– incidences de face et de profil des genoux en charge.

     Les incidences axiales mettent en évidence un amincissement ou une disparition de l’interligne externe, associé à une ostéophytose rotulienne trochléenne externe. La rotule est souvent translatée en dehors par usure du cartilage. Cette atteinte externe peut être favorisée par une dysplasie trochléopatellaire (angle trochléen normalement inférieur à 140° sur les incidences fémoropatellaires à 60° de flexion).

     Il est beaucoup plus rare que l’arthrose fémoropatellaire affecte le compartiment interne.

3. 2. 4 - Pronostic

     L’évolution de l’arthrose fémoropatellaire est très souvent capricieuse. Les douleurs sont d’abord intermittentes, puis deviennent gênantes, notamment lors de la pratique de la marche et des activités sportives. Cette arthrose s’associe souvent à une amyotrophie du quadriceps et à un épanchement articulaire, avec parfois un kyste poplité.

3. 2. 5 - Traitement

     Le traitement est surtout médical.

     Le point majeur du traitement consiste en une rééducation isométrique du muscle vaste interne de façon à réaxer la rotule. Le genou doit être ménagé avec interdiction de la pratique de sports tels que le ski, la bicyclette et les marches prolongées.

     On peut pratiquer des infiltrations de corticoïdes. L’efficacité des infiltrations à l’acide hyaluronique n’a pas vraiment été évaluée dans cette localisation.

     Ce n’est qu’en cas d’impotence sévère et rebelle qu’on envisage une intervention chirurgicale.

     Différentes techniques chirurgicales ont été proposées :
– la transposition de la tubérosité tibiale et les réaxations de rotule n’ont pas montré leur capacité à ralentir l’évolutivité de la maladie ;
– la patellectomie peut être indiquée dans certaines arthroses fémoropatellaires très évoluées ;
– surtout, l’arthroplastie totale de la rotule, en cas d’arthrose fémoropatellaire isolée très symptomatique avec respect des compartiments fémorotibiaux, donne de bons résultats.


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