2  -  Argumenter les principales hypothèses diagnostiques

2 . 1  -  Toux aiguë


La toux aiguë est le plus souvent liée à une infection virale des voies aériennes supérieures.

Son apparente banalité ne doit pas dispenser d’une enquête clinique rigoureuse (tableau 34.1), le plus souvent suffisante pour poser un diagnostic.

Tableau 34.1 Orientation clinique en cas de toux aiguë
Caractéristiques de la touxFacteur déclenchantSignes associésDiagnostic probableExamens complémentaires
Grasse

Majorée au décubitus
Infection viraleRhinite

± Fébricule
RhinopharyngiteAucun
RauqueInfection viraleRhinite

± Dyspnée inspiratoire

± Fébricule
Laryngite (voir chapitre 29)Aucun
SècheSyndrome d’inhalation± DyspnéeInhalation de corps étranger (voir chapitre 29)Radio de thorax inspiration + expiration

± Fibro bronchique
SècheInfection virale

Effort ou équivalent

Exposition allergénique
± Wheezing

± Dyspnée
Asthme (voir chapitre 32)

Bronchiolite (voir chapitre 30)
Radio de thorax si signes de sévérité
SècheAucunFièvre

Polypnée
Pneumonie (voir chapitre 31)Radio de thorax
Sèche, quinteuse, majorée la nuitContage (entourage)± Vaccination incomplèteCoqueluche (voir chapitre 20)PCR coqueluche

2 . 2  -  Toux chronique


La conduite diagnostique nécessite de l’expérience et de la méthodologie, en raison du large éventail de pathologies possibles (parfois intriquées), et de la nécessité d’une enquête clinique approfondie malgré un temps limité de consultation.

Les signes cliniques d’alerte à identifier sont indiqués dans le tableau 34.2.

Tableau 34.2 Principaux signes cliniques d’alerte en cas de toux chronique, imposant de rechercher une pathologie sous-jacente
 – Début néonatal
– Persistance estivale
– Encombrement bronchique permanent
– Fausses routes alimentaires
 – Malaise
 – Cyanose
 – Wheezing ou stridor intercritiques, dyspnée aux 2 temps
– Souffle cardiaque
– Épisodes infectieux répétés, hépatosplénomégalie
– Retentissement général (croissance, sommeil, activités)
– Déformation thoracique
– Hippocratisme digital
– diarrhée chronique

La stratégie diagnostique est orientée essentiellement par les données cliniques (tableau 34.3).

Tableau 34.3 Orientation clinique en cas de toux chronique
Caractéristiques de la touxAntécédentsSignes associésDiagnostic probableExamens complémentaires (hormis radio de thorax)
Sèche

Accès de 3–4 sem
AucunSaisonnalité nette, rythmée par virosesHyperréactivité bronchique post-virale± EFR
Sèche

Accès de 3–4 sem

Prédominance en 2e partie de nuit
Atopie personnelle ou familialeWheezing

Saisonnalité nette, rythmée par viroses

Bonne réponse aux β2
AsthmeEFR, exploration allergologique
Rauque

Disparaît la nuit

Déclenchable à la demande
Terrain anxieuxAucunToux psychogènePsychologue, ± orthophoniste
Sèche

Quinteuse

Majoration nocturne
Contage (entourage)Vaccination incomplète

Durée de 3 à 6 sem
Coqueluche (voir chapitre 20)PCR coqueluche
Grasse

Avec expectoration
Début précoceCassure pondérale

Selles graisseuses

Hippocratisme digital
MucoviscidoseTest de la sueur
Grasse

Avec expectoration
Début précoceSouvent peu marquésDilatation des bronches (hors mucoviscidose)

Séquelles de corps étranger

BPCO de l’enfant
Explorations en milieu spécialisé
GrasseAucunJetage postérieur

Obstruction nasale
Infection ORL chroniqueExplorations ORL
VariableDébut précoce

Rythmés par alimentation
Fausses routes alimentaires

± Cyanose

± Malaise
Pathologie laryngée

Fistule œsotrachéale
Explorations en milieu spécialisé
Variable

Majorée par décubitus
Aucun± Douleurs abdominales

± Pyrosis

± Infections ORL
RGOpH-métrie ou traitement d’épreuve

Un cliché thoracique de face doit toujours être pratiqué.

En l’absence de signes cliniques d’alerte, et lorsque la radiographie de thorax est normale, les causes ORL chroniques ou l’asthme sont le plus souvent responsables de la toux.

Parfois, la radiographie peut révéler certaines anomalies orientant vers des pathologies spécifiques : dilatation des bronches, situs inversus, atélectasie…

Connaître les signes cliniques d’alerte.

Le cliché thoracique est indispensable.

2 . 3  -  Points clés sur certaines pathologies


La principale cause de toux sèche chez l’enfant à tout âge est l’asthme, individualisé dans un item (voir chapitre 32). La toux persistante au décours d’une infection des voies aériennes (et disparaissant après régénération d’une activité mucociliaire efficace) est également fréquente.

Les autres causes de toux sèche sont beaucoup plus rares : cardiopathie, pathologie infiltrante diffuse (maladie interstitielle) et s’accompagnent de signes d’alerte cliniques ou radiographiques.

Les causes d’encombrement bronchique avec toux grasse sont principalement les bronchopathies chroniques obstructives, responsables de dilatations des bronches (DDB). En dehors de la mucoviscidose individualisée dans un item (voir chapitre 39), ces pathologies relèvent de l’ultraspécialisation et sont évoquées dans le chapitre BPCO de l’enfant (voir chapitre 38) : dyskinésie ciliaire primitive, séquelles d’infection, complications des déficits immunitaires. Une entité nouvellement décrite appelée bronchite bactérienne prolongée et définie comme une toux productive isolée répondant à une antibiothérapie de longue durée pourrait être un intermédiaire avant la constitution des DDB.

Les autres causes sont les obstructions trachéobronchiques. En dehors du corps étranger inhalé détaillé dans un item de l’ECN, leur connaissance ne relève pas aussi du domaine du 2e cycle : trachéomalacie, anomalie vasculaire, fistule œsotrachéale, tumeur, pathologies d’inhalation (troubles de déglutition).

Les troubles respiratoires somatoformes se situent au croisement de l’organique, du fonctionnel et du psychologique : toux psychogène, toux d’irritation, raclement de gorge, dysfonction des cordes vocales, syndrome d’hyperventilation.

Toutes les toux chroniques ne sont pas de l’asthme.

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