Avant de commencer…

Les « intumescences ganglionnaires banales » sont d’une extrême fréquence en pédiatrie.

Seules les adénopathies superficielles [hypertrophie(s) pathologique(s) d’un ou plusieurs ganglion(s) accessible(s) à la palpation et d’un diamètre ≥ 1 cm] justifient une démarche étiologique clinique et éventuellement paraclinique.

Les circonstances de découverte s’inscrivent le plus souvent dans un contexte indemne de toute sévérité. Les rares situations d’urgence sont reliées à des phénomènes compressifs causés par des adénopathies profondes, des épanchements ou d’autres localisations tumorales, ainsi qu’à la survenue de manifestations systémiques sévères.

Les causes des adénopathies superficielles, chez l’enfant, sont principalement infectieuses :
- soit locorégionales, requérant l’examen des territoires de drainage d’adénopathies localisées ;
- soit générales (avant tout d’origine virale).

La démarche diagnostique consiste à :
- analyser et argumenter, selon des données essentiellement cliniques, les principales hypothèses diagnostiques (voir tableau 45.1) ;
- proposer, s’il y a lieu, selon l’orientation diagnostique argumentée par l’anamnèse et l’examen clinique, des examens complémentaires pertinents.

Tableau 45.1 Étiologie des adénopathies superficielles (± profondes) chez l’enfant*
ADP infectieusesLocalisées– Adénites à pyogènes (S. pyogenes, S. aureus)
– Tuberculose et mycobactéries atypiques
– Pathologies d’inoculation : maladie des griffes du chat, tularémie, pasteurellose
Généralisées– Virales : EBV, CMV, VIH, rubéole, varicelle, rougeole, HSV, adénovirus, parvovirus B19
– Bactériennes : fièvre typhoïde, brucellose
– Parasitaires : toxoplasmose, leishmaniose viscérale
– Champignons : histoplasmoses
ADP tumoralesHémopathies malignes– Leucémies (principalement aiguës) : LAL, LAM
– Lymphome de Hodgkin
– Lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH) : lymphome de Burkitt, lymphome lymphoblastique T, lymphome B à grandes cellules, lymphome anaplasique à grandes cellules
Métastases de tumeurs solides– Sarcomes : rhabdomyosarcome, sarcoma d’Ewing, autres
– Neuroblastome
– Carcinome indifférencié du nasopharynx
Autres

causes
Maladies systémiques inflammatoires dysimmunitaires– Maladie de Kawasaki, maladie de Still, lupus
– Sarcoïdose, histiocytoses
– Maladies auto-inflammatoires (ex. : PFAPA)
– Maladies de surcharge (ex. : maladies lysosomales)
Médicaments– Carbamazépine, phénytoïne, captopril
– Antibiotiques (pénicillines, sulfamides)
* D’après : Jimenez I, Doz F, Brisse HJ, Bourrillon A. Explorer une adénopathie chez l’enfant. Revue du Praticien Médecine générale 2012 ; 26 : 888.

1  -  Démarche clinique initiale

1 . 1  -  Circonstance de découverte

1 . 1 . 1  -  Préambule


Les intumescences ganglionnaires banales sont d’une extrême fréquence en pédiatrie.

Les adénopathies superficielles [hypertrophie(s) pathologique(s) d’un ou plusieurs ganglion(s) accessible(s) à la palpation et d’un diamètre ≥ 1 cm] justifient toujours de la rigueur d’un examen clinique complet et du recours éventuel à des examens paracliniques.

La découverte d’adénopathies (ADP) superficielles s’inscrit le plus souvent dans un contexte indemne de toute sévérité. Les situations d’urgence sont très rares (voir infra).

Dans tous les cas, le diagnostic étiologique doit répondre à une démarche d’argumentation clinique méthodique et rigoureuse.

1 . 1 . 2  -  Identification des (rares) situations d’urgence


Phénomènes compressifs


Ils sont reliés à des ADP profondes, des tumeurs primitives ou des atteintes des séreuses.

  • Masses cervicales obstructives :
    • compression des voies aériennes supérieures ;
    • dysphagie.
  • Masses médiastinales :
    • compression des voies aériennes : toux irritative prolongée, orthopnée, dyspnée initialement d’effort puis de repos ;
    • syndrome cave supérieur : céphalées, somnolence, troubles visuels, œdème facial et des paupières, dilatation des veines jugulaires et circulation veineuse collatérale thoracique, cyanose de la partie supérieure du corps ;
    • épanchements pleural et/ou péricardique.
  • Masses abdomino-pelviennes :
    • œdèmes des membres inférieurs (adénopathies rétropéritonéales) ;
    • invagination intestinale aiguë (adénopathies mésentériques) ;
    • anurie par obstacle bilatéral sur les voies urinaires.

Signes systémiques de sévérité

Ils sont avant tout reliés à l’étiologie :

  • fièvre élevée mal tolérée, anormalement rebelle ;
  • douleurs ;
  • signes neurologiques centraux ;
  • pâleur, syndrome hémorragique, douleurs osseuses ;
  • hépatosplénomégalie.

La découverte d’ADP superficielles s’inscrit habituellement dans un contexte indemne de tout signe de sévérité.

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