L’anisakiose est une helminthose liée à la fixation sur la muqueuse gastrique ou intestinale de larves de nématodes de la famille des Anisakidae dont 4 genres ont été observés chez l’homme : Anisakis, Contracaecum, Terranova, Phocanema), transmise par la consommation de poisson de mer cru ou peu cuit.
Il s’agit habituellement de parasites d’animaux marins. Les nématodes adultes vivent dans l’estomac de leurs hôtes définitifs qui sont des cétacés (baleines, dauphins, marsouins, etc.) ou des pinnipèdes (phoques, otaries, morses, etc.). Les œufs éliminés avec les selles de l’hôte définitif vont s’embryonner et éclorent, libérant des larves de stade L2. Celles-ci sont absorbées par des crustacés de l’ordre des Euphausiacés et évoluent en L3, stade infestant pour l’hôte définitif. Cependant, très souvent un deuxième hôte intermédiaire jouant le rôle d’hôte paraténique est nécessaire pour la poursuite du cycle (poisson, céphalopode), la larve L3 se fixant, sans évolution, sur la muqueuse digestive de ce nouvel hôte.
L’homme, hôte accidentel, se contamine en ingérant du poisson cru, mariné, insuffisamment salé ou cuit contenant des L3 (merlan, merlu, cabillaud, hareng..). Celles-ci se fixent à la muqueuse gastrique ou intestinale provoquant une intense infiltration éosinophilique.
Cette parasitose cosmopolite, fréquente au Japon (1 000 cas annuels), est retrouvée de façon sporadique en Europe et est essentiellement liée à la consommation de harengs (fumés ou marinés) ou de sushi.
La forme gastrique, d’évolution aiguë, évoque un syndrome pseudo-ulcéreux caractérisé par des nausées, des vomissements accompagnés de douleurs épigastriques violentes, de diarrhées parfois sanglantes et de manifestations allergiques 4 à 6 heures après le repas infestant. L’endoscopie peut surprendre la ou les larves pénétrant dans la muqueuse gastrique.
Plus tardive, la forme intestinale est souvent asymptomatique ou évoque un syndrome tumoral, occlusif voire d’invagination avec douleur intestinale d’importance et de topographie variable souvent accompagné de saignements occultes.
Chez les sujets sensibilisés, des manifestations allergiques intestinales ou généralisées, parfois graves, peuvent survenir lors d’une consommation ultérieure de poisson contaminé, même cuit.
L'endoscopie permet parfois d'observer la ou les larves dans la muqueuse digestive et de les extirper et de les identifier. L'étude histopathologique de biopsies ou de pièces opératoires montre les larves au sein d'un granulome à éosinophiles. Le sérodiagnostic peut être utile. La méthode Elisa utilisant un anticorps monoclonal (An2) a montré une sensibilité et une spécificité remarquable.
L’extirpation chirurgicale des larves et des granulomes larvaires est le seul traitement efficace et s’impose en cas de syndrome occlusif ou d’invagination intestinale.
La prophylaxie la plus simple et la plus efficace consiste à cuire le poisson à 65°C (≥ 1 minute) ou à le congeler à – 20°C pendant 24 heures. Une éviscération précoce et un mirage de la chair sont également préconisés pour la pêche artisanale en zone endémique.