2 . 3  -  Orthophonie dans la surdité


Le rôle de l’orthophoniste est indispensable dans ce handicap chez l’enfant. Concernant l’adulte qui a déjà parfaitement entendu dans son passé, l’orthophoniste ne s’intéresse qu’aux personnes profondément handicapées par la surdité. En pratique, cela concerne les sourds sévères ou profonds dont l’aide auditive externe ou implantée ne suffit pas par elle-même à restaurer une boucle audio-phonatoire correcte. L’orthophonie vise dans ces cas à mettre en œuvre tous les moyens et stratégies possibles pour permettre une meilleure utilisation des perceptions auditives dans un but de compréhension et de production du langage oral.

Le développement du langage dépend à la fois de capacités neurocognitives innées, probablement génétiquement déterminées et d'une rencontre de l'enfant avec un environnement humain parlant. Processus actif au cours duquel l'enfant explore et expérimente le langage qui l'environne, l'acquisition du langage est conditionnée par l'intégrité :

- des organes phonatoires et de leurs commandes neuromusculaires,
- des structures corticales et sous-corticales spécialisées dans diverses fonctions du langage,
- de l'appareil auditif.

Le développement du cortex auditif spécialisé dans le langage est dépendant de la fonction auditive et ce, dans une période très précise. En pratique, si un enfant n’entend pas avant un certain âge, 5 ans étant une date charnière pour une aide auditive, il ne sera plus possible de lui permettre d’acquérir un langage oral correct, quel que soit le moyen de réhabilitation auditive mis en œuvre. C’est pourquoi le dépistage auditif néonatal a toute son importance à condition. Ensuite, c’est donc avant tout par un retard de langage ou un trouble de la phonation que le diagnostic de surdité est évoqué.

Le bilan orthophonique sert en premier lieu à préciser le retard de langage, son type, sa sévérité, et à envisager la prise en charge orthophonique adéquate. Même si devant toute altération du langage le médecin doit se poser la question de la surdité, il n’est pas rare de voir le diagnostic évoqué par l’orthophoniste après un bilan demandé par exemple, en raison de difficultés scolaires.

Le rôle de la prise en charge orthophonique est d’aider l’enfant à rattraper son retard et à s’aider de tous les autres moyens pour mieux comprendre son environnement sonore. La lecture labiale prend un intérêt primordial. On peut s’aider d’un code spécifique formé avec les doigts positionnés à certains endroits autour de la bouche lors de la prononciation des mots pour permettre un déchiffrage plus facile et plus juste de la lecture labiale. Ce langage codé, le LPC, est d’une importance capitale en cas de surdité réhabilitée par implant cochléaire. On insiste actuellement sur la nécessité d’une rééducation orthophonique multimodale (auditive et visuelle, en particulier par signes) en cas de surdité.

Chez l’adulte devenu sourd, la prise en charge orthophonique sert à aider le patient à mieux comprendre ses interlocuteurs et à mieux appréhender le monde sonore environnant. L’aide auditive  externe a fait tant de progrès que souvent l’orthophonie n’est requise qu’en cas de surdité profonde. Toutefois, même dans les stades de surdité moins importants l’orthophonie se justifie, ne serait-ce que pour l’apprentissage de la lecture labiale, afin de rendre la compréhension plus facile, mais aussi dans le but de faciliter l’acceptation de la surdité  et l’adaptation à la prothèse.

2 . 4  -  Troubles du langage écrit


On peut avoir à demander une prise en charge orthophonique devant des troubles du langage écrit : lecture, orthographe, écriture. 5 à 10% des enfants scolarisés sont en échec scolaire à cause de cela. Il existe souvent un retard de langage associé, mais ce n’est pas obligatoire. Ces troubles se manifestent chez des enfants d’intelligence normale, indemne de trouble sensoriel grave (audition et/ou vision) et de trouble neurologique ou psychologique primaire.

On parle de dyslexie en cas de problèmes d’apprentissage de la lecture avec confusion, inversion ou omission de lettres ; elle peut être liée à une mauvaise intégration auditive des sons. La dysorthographie concerne les troubles de l’acquisition des règles orthographiques, mais aussi de la transcription des sons. La dysgraphie est remarquée sur une écriture excessivement mauvaise. On rencontre également la dyscalculie qui est un trouble du raisonnement logico-mathématique et peut s’accompagner du même type de confusions et d’inversions que dans la dyslexie mais cette fois-ci avec les chiffres.

En pratique, devant des difficultés d’apprentissage scolaire de ce type, il est bon d’une part de vérifier l’acuité et l’intégration auditive, et d’autre part de demander un bilan orthophonique.

2 . 5  -  En cas d’enfants handicapés


L’orthophonie s’inscrit dans une stratégie de prise en charge pluridisciplinaire, en développant tout moyen de communication avec le monde environnant, même en cas d’impossibilité de langage oral et/ou écrit, et même en l’absence de surdité périphérique. L’orthophoniste peut aider l’enfant et son entourage à utiliser un code de communication à base de gestes ou de pictogrammes par exemple.

Elle concerne donc tout type de handicap, mental, sensoriel ou moteur, lié ou non à un syndrome génétique.

2 . 6  -  F. Orthophonie dans les troubles pharyngolaryngés (dont la dysphonie)


Il y a dans ce cas une altération de la fonction laryngée et donc bien souvent de la déglutition. Soit le larynx est endommagé à la suite d’une chirurgie, soit sa mobilité est altérée.

Dans la paralysie laryngée, l’orthophoniste fait le bilan de l’atteinte phonatoire et met en route une prise en charge visant à compenser le défaut de mobilité unilatéral par l’autre côté. Le diagnostic précis de l’atteinte laryngée est indispensable et guide en partie la prise en charge orthophonique (position et tonicité de la corde vocale). En cas d’atteinte bilatérale, le rôle de l’orthophoniste est plus relatif. Dans l’atteinte fonctionnelle intermittente avec dysphonie spasmodique, l’orthophoniste aide le sujet à maîtriser sa phonation. Dans la mauvaise utilisation laryngée avec forçage vocal, le rôle de l’orthophoniste est indispensable pour que le patient puisse mieux utiliser sa voix et sa respiration, afin de ne pas entretenir la formation de nodules vocaux (kissing nodules). L’orthophonie doit encadrer tout geste de microchirurgie vocale à visée fonctionnelle.

Dans l’atteinte organique du larynx, après chirurgie le plus souvent, l’orthophonie est indispensable afin d’atteindre deux objectifs essentiels :

  • Une phonation audible
  • Une déglutition correcte en évitant au maximum les fausses routes.

La prise en charge orthophonique vise dans ces cas non seulement la mobilité du larynx restant, mais aussi la bonne coordination pharyngolaryngée lors de la phonation et surtout de la déglutition. Dans le cas extrême de la laryngectomie totale, l’orthophonie permet l’acquisition de la voix oesophagienne en utilisant la musculature du pharynx.

2 . 7  -  Orthophonie dans la dysphagie


En dehors d’altérations du pharyngo-larynx, il peut y avoir des troubles de la déglutition. La prise en charge orthophonique peut aider dans la rééducation de troubles de la déglutition par défaut de synchronisation du carrefour pharyngo-laryngé et du temps œsophagien.

2 . 8  -  Orthophonie dans l’atteinte vélopalatopharyngée et buccale


Elle est un soutien primordial pour l’acquisition correcte de la parole en cas de fente labiopalatine ou autre malformation vélopalatopharyngée, ou en cas de trouble fonctionnel vélopharyngé. La prise en charge orthophonique permet de faire face à une insuffisance vélaire avec rhinolalie (fuite d’air vers les fosses nasales lors de la phonation). Si une chirurgie réparatrice est envisagée, l’orthophonie est indispensable à la récupération fonctionnelle.

2 . 9  -  Orthophonie dans les atteintes neurologiques


Notamment après un accident cérébral, il peut exister des troubles complexes centraux, à la fois de la phonation et de la déglutition, par atteinte non seulement de la  mobilité laryngée ou pharyngée, mais aussi par défaut de coordination pharyngolaryngée. La production de la parole peut aussi être altérée, de même que le langage. L’atteinte étant susceptible de récupération au moins partielle, l’orthophonie est une aide indispensable non seulement pour stimuler autant que possible la récupération, mais aussi pour aider le patient à s’adapter à son état instable à chaque étape de récupération s’il y a lieu.

L’orthophonie est en pratique indiquée en cas de :

  • troubles neurologiques :
    • du langage (aphasie, démence, notamment maladie d’Alzheimer, vieillissement avec atteinte cognitive),
    • de la parole (dysarthrie),
    • de l’écriture (atteinte centrale neurovisuelle),
  • dysphonie ;
  • troubles de la déglutition.
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