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Savoir prescrire l'orthophonie
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Introduction
« L'orthophonie consiste :
- à prévenir, à évaluer et à prendre en charge, aussi précocement que possible, par des actes de rééducation constituant un traitement, les troubles de la voix, de l'articulation, de la parole, ainsi que les troubles associés à la compréhension du langage oral et écrit et à son expression ;
- à dispenser l'apprentissage d'autres formes de communication non verbale permettant de compléter ou de suppléer ces fonctions.
Dans le cadre de la prescription médicale, l'orthophoniste établit un bilan qui comprend le diagnostic orthophonique, les objectifs et le plan de soins. Le compte rendu de ce bilan est communiqué au médecin prescripteur accompagné de toute information en possession de l'orthophoniste et de tout avis susceptible d'être utile au médecin pour l'établissement du diagnostic médical, pour l'éclairer sur l'aspect technique de la rééducation envisagée et lui permettre l'adaptation du traitement en fonction de l'état de santé de la personne et de son évolution » (Décret de compétences N° 2002-721 du 2 mai 2002).
L’orthophoniste peut donc être sollicité pour prendre en charge des patients de tout âge, lorsque le corps médical constate un trouble du langage oral ou écrit, un trouble de la communication quelle qu’en soit l’origine : surdité, déficience neurologique, handicap, autisme. Il peut intervenir auprès d’enfants prématurés pour stimuler la sphère buccale et l’oralité quand ils sont alimentés par sonde afin de favoriser la mise en place d’une alimentation per os le plus tôt possible et de prévenir des troubles du langage qui pourraient se révéler plus tard, et à l’autre extrémité de la vie, accompagner les personnes âgées pour maintenir le mieux possible leur communication avec leur entourage malgré le vieillissement cognitif et les pathologies neurologiques fréquentes à cet âge.
L’orthophonie est primordiale en cas de retard de langage chez l’enfant, que celui-ci soit lié ou non à une atteinte auditive. L’acquisition du langage oral peut être rendue difficile par l’altération auditive, même relativement légère comme dans le cas d’otites séreuses à répétition.
Les orthophonistes sont souvent appelés à aider les patients souffrant d’une altération fonctionnelle du larynx, l’organe phonatoire principal. Au maximum, leur aide est indispensable en cas d’absence de larynx, après chirurgie pour cancer par exemple. De même, comme le larynx est primordial dans la déglutition, l’orthophonie est requise en cas de troubles de la déglutition, indépendamment des troubles phonatoires, dans des atteintes neurologiques par exemple, comme la maladie de Parkinson.
L’orthophonie a donc un champ d’application très vaste, qui concerne aussi le bégaiement, les troubles du langage écrit et les pathologies neurologiques suite à un AVC ou à une maladie neuro-dégénérative.
En pratique, le médecin a surtout un rôle diagnostique et pose l’indication d’un bilan orthophonique chaque fois que l’altération de la communication ou du langage oral ou écrit, de la phonation ou de la déglutition handicape le patient qu’il soigne.
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Indication du bilan orthophonique
C’est ici le rôle primordial du médecin. Bien entendu, la démarche diagnostique de la cause du handicap doit toujours être engagée soit préalablement, soit simultanément au bilan orthophonique mais jamais a posteriori.
Par exemple, il ne doit pas être prescrit une prise en charge orthophonique chez un patient dysphonique tant que l’on n’a pas vérifié son larynx, a fortiori s’il s’agit d’un sujet à risque de cancer laryngé.
Pour la surdité de l’enfant, la démarche est un peu différente dans la mesure où l’orthophoniste aide le médecin à évaluer le handicap langagier induit par la surdité. Il participe donc à l’évaluation de la gravité du handicap auditif. Néanmoins le médecin doit avoir tout mis en œuvre pour caractériser le type de surdité et pour connaître son stade ainsi que sa cause.
« Le bilan orthophonique fait l’objet d’une prescription médicale, accompagnée si possible, des motivations de la demande de bilan et de tout élément susceptible d’orienter la recherche de l’orthophoniste.
Deux types de prescriptions de bilans peuvent être établis.
1) Bilan orthophonique avec rééducation si nécessaire
A l’issue de ce bilan, un compte rendu indiquant le diagnostic orthophonique est adressé au prescripteur. Si des séances de rééducation doivent être dispensées, ce compte rendu comprend les objectifs de la rééducation, le nombre et la nature des séances que l’orthophoniste détermine, par dérogation à l’article 5 des dispositions générales de la NGAP. Sauf contre-indication médicale, il établit une demande d’accord préalable à la Caisse d’Assurance Maladie.
2) Bilan orthophonique d’investigation
A l’issue de ce bilan, un compte rendu indiquant le diagnostic orthophonique est adressé au prescripteur, accompagné des propositions de l’orthophoniste. Le prescripteur peut alors prescrire une rééducation orthophonique en conformité avec la nomenclature. L’orthophoniste établit une demande d’accord préalable à la Caisse d’Assurance Maladie.
A la fin du traitement, une note d’évolution est adressée au prescripteur. Si à l’issue des 50 ou des 100 premières séances selon la pathologie, la rééducation doit être poursuivie, la prescription d’un bilan orthophonique de renouvellement est demandée au prescripteur par l’orthophoniste. La poursuite du traitement est mise en œuvre conformément à la procédure décrite pour le premier type de bilan.
Le compte rendu de bilan est communiqué au service médical de la Caisse d’Assurance Maladie à sa demande ». (Nomenclature Générale des Actes).
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