3  -  L'HAD (Hospitalisation à domicile)

3 . 1  -  Définition


Selon le décret du 2 octobre 1992, «  Les structures d'hospitalisation à domicile permettent d'assurer au domicile du malade, pour une période limitée mais révisable en fonction de l'évolution de son état de santé, des soins médicaux et paramédicaux continus et nécessairement coordonnés. Les soins en HAD se différencient de ceux habituellement dispensés à domicile par la complexité et la fréquence des actes. »

 La circulaire du 30 mai 2000 précise : « L'HAD concerne les malades, quel que soit leur âge, atteints de pathologies graves aiguës ou chroniques, évolutives et/ou instables qui, en l'absence d'un tel service, seraient hospitalisés en établissement de santé. »

Comme pour les établissements hospitaliers  avec hébergement, les HAD sont soumis à :

  • L’autorisation d’activités délivrée par l’Etat après remise d’un dossier complet ;
  • La certification délivrée par la Haute autorité de santé (HAS) qui garantit la qualité de la prise en charge des malades ;
  • La lutte contre les maladies nosocomiales, etc.

Le concept a vu le jour aux Etats-Unis en 1950 ; ce fut l’opération « Home Care ».

En 1957, l’hôpital Tenon à Paris est le 1er à mettre en place l’HAD en France.

L’HAD obtient sa reconnaissance légale en 1970. Vingt ans plus tard, en 1991, la législation reconnaît l’HAD comme une alternative à part entière à l’hospitalisation traditionnelle.

La décennie 2000 est propice à des améliorations du statut de l’HAD. La circulaire du 5 octobre 2007 autorise les établissements d’HAD à prendre en charge des patients en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou non (EHPA).

En 2009, la loi Hôpital Patients Santé Territoire (HPST) reconnaît l’HAD comme une hospitalisation à part entière et non plus comme une simple alternative à l’hospitalisation conventionnelle.

3 . 2  -  Fonctionnement


Dans 2/3 des cas, il est nécessaire d’avoir l’aval de l’hospitalisation traditionnelle pour envisager l’HAD.

La prise en charge a été découpée en différents modes : soins palliatifs, pansements complexes, chimiothérapie, obstétrique.

Trois médecins sont appelés à intervenir :

  • Le médecin coordonateur est le référent médical de la structure. Il ne prescrit normalement pas mais il est le garant de la bonne exécution du protocole de soins.
  • Le médecin hospitalier est fréquemment à l’origine de l’hospitalisation à domicile du patient quand celui-ci est dans un établissement avec hébergement.
  • Le médecin traitant qui est le responsable de la prise en charge du patient pour lequel il dispense, de manière périodique, des soins. Il assure le suivi médical.

L’infirmière coordonatrice a pour mission de préparer l’admission, d’évaluer les besoins du patient avant son admission, de coordonner les actions de soins des différents professionnels paramédicaux, qu’ils soient libéraux ou salariés, d’assurer le suivi et d’organiser la sortie d’HAD et le relais avec les autres modes de prise en charge.

Les infirmières mettent en Ĺ“uvre le protocole de soins et les aides-soignantes assurent les soins d’hygiène et de confort.

D’autres professionnels peuvent intervenir selon l’activité : sage-femme, diététicienne, psychologue, assistante sociale, logisticien, etc.

3 . 3  -  Evolution


Souvent qualifiée de secteur d’avenir et d’excellence parce qu’elle répond à l’évolution du système de santé français, l’HAD n'avait pas encore atteint en 2010 l’objectif de 15 000 places affiché par le gouvernement. Et ce malgré un développement significatif depuis 2005 en nombre d’établissements (+ 140 %), de patients pris en charge (+ 160 %) et de journées réalisées (+ 185 %).

La France comptait 62 structures en 2000 et 305 en 2011. Une circulaire de décembre 2013 prévoit à l’horizon 2018, soit en cinq ans, un doublement de l’activité d’HAD constatée en 2011.  

En outre, quatre activités  ne sont pas assez développées : la chimiothérapie, l’obstétrique compliquée, les soins pour les enfants souffrant d’un cancer et les soins pour ceux souffrant de malformations à la naissance qui vont devoir rester des mois hospitalisés.

Il faut dire que la répartition de l’offre est très inégale sur le territoire avec une implantation plutôt urbaine et francilienne. L’Ile-de-France concentre en effet un tiers des places et près de la moitié de l’activité.

Sur un plan financier, le coût moyen d’une journée d’HAD a été évalué à 196 euros contre 703 euros pour une journée d’hospitalisation traditionnelle, selon le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie. De plus, l’HAD diminuerait la durée moyenne de séjour.

Son efficience économique est donc réelle.

L’expérimentation de la télémédecine est en cours. Suivi du dossier patient, planning, facturation des achats, gestion de la pharmacie… Les technologies de l’information sont largement mises à contribution avec la HAD. Aux forts besoins en logiciels s’ajoutent ceux en télésurveillance. En effet, il faut compter avec des systèmes de téléalarmes déclenchées par le patient et la surveillance audiovisuelle à domicile.

De façon plus générale, la télémédecine incluant le télédiagnostic, la téléconsultation et la téléassistance est promise à un bel avenir.

3 . 4  -  En conclusion


L’HAD favorise le décloisonnement ville/hôpital et répond le plus souvent aux attentes des patients. Une hospitalisation à domicile relève d’un choix du malade puisque le consentement de celui-ci est nécessaire. Et, quand on est pris en charge chez soi, il est souvent plus facile de vivre sa maladie ou de prendre son traitement en raison de la qualité de vie et de la présence de repères.

Pour autant, cela n’est pas sans ambigüité dans la mesure où laisser pénétrer chez soi des professionnels du soin n’est pas anodin. L’acte peut même être ressenti comme intrusif. Le rôle de l’entourage est alors souvent décisif.

L’HAD, bien que confrontée comme les autres modes d’hospitalisation, a de nombreuses obligations, semble avoir un bon potentiel de développement avec une vocation autant généraliste que spécialisée.

3/5