2  -  Syndrome du bébé secoué

2 . 1  -  Définition

Le syndrome du bébé secoué est un ensemble d’observations qui n’ont pas à être toutes présentes pour qu’un tel diagnostic soit posé chez un enfant. Les lésions caractéristiques du syndrome du bébé secoué sont une hémorragie intracrânienne, une hémorragie rétinienne et des fractures des côtes et de l’extrémité des os longs. Un traumatisme par impact peut aussi causer d’autres lésions, telles des ecchymoses, des lacérations ou d’autres fractures.

Le syndrome du bébé secoué est une pathologie qui survient lorsqu’un nourrisson ou un jeune enfant est secoué violemment, habituellement par un parent ou par une nourrice. Pour certains spécialistes, le traumatisme crânien causé par un impact est un élément essentiel du mécanisme de la lésion. Les signes d’impact peuvent être visibles ou non, car celui-ci cause une décélération subite de la tête (c’est-à-dire que le mouvement de la tête s’interrompt brusquement) et peut être porté sur un objet mou, tel un matelas.

2 . 2  -  Conséquences

Les issues des lésions cérébrales subies par des nourrissons secoués peuvent varier. Certains ne présenteront aucun trouble apparent, tandis que d’autres souffriront d’une invalidité permanente, y compris un retard du développement, des convulsions ou une paralysie, la cécité et parfois même la mort. Les effets des lésions neurologiques chez les survivants peuvent beaucoup tarder à se manifester et entraîner un éventail de déficits tout au long de la vie, tels des troubles de comportement et un déficit cognitif. Selon certaines données récentes, ces bébés qui semblent bien guéris peuvent présenter des troubles comportementaux ou cognitifs plus tard, peut-être à l’âge scolaire.

Il est probable que la plupart des enfants ayant subi le syndrome du bébé secoué auront besoin de services spéciaux tout au long de leur vie, notamment des soins de santé et de santé mentale ainsi que des services d’orthophonie, de stimulation précoce, d’éducation spécialisée et de réadaptation. D’autres services pourraient également être requis, comme le placement en établissement, le logement adapté et les services d’accès au marché du travail. Les familles biologiques, les familles adoptives et les foyers d’accueil d’enfants présentant le syndrome du bébé secoué subissent ces effets à long terme. Les parents non violents auront peut-être besoin d’aide additionnelle de la part des services sociaux, juridiques et de santé.

2 . 3  -  Situation

Il semble que c’est une réaction causée, en partie, par le stress ressenti par la personne qui s’occupe du nourrisson. Les pleurs d’un bébé peuvent en exaspérer ou en épuiser certains, qui réagissent alors violemment et secouent l’enfant. D’autres situations déclenchent aussi cette réaction, telles que des difficultés à nourrir ou à nettoyer le bébé. À l’instar d’autres formes de mauvais traitements infligés aux enfants, il est possible que le bébé soit secoué de manière répétitive et subisse d’autres types de violence.

Le syndrome du bébé secoué s’observe dans tous les groupes socioéconomiques et probablement dans toutes les cultures. Des études canadiennes démontrent que les bébés secoués sont souvent des garçons de moins de six mois. Elles indiquent aussi que les personnes les plus susceptibles de secouer un enfant sont les pères biologiques, les beaux-pères et les partenaires masculins des mères biologiques. Toutefois, les enfants peuvent également être secoués par leurs nourrices ou leurs mères biologiques.

Parmi les facteurs de risque les plus associés à la violence faite aux enfants, y compris le syndrome du bébé secoué, on remarque l’isolement social, la violence familiale, l’abus de toxiques, les troubles psychiatriques, la présence d’un adulte ayant lui-même été victime de violence durant son enfance ou son adolescence, des liens d’attachement fragiles ou inexistants entre le parent et l’enfant et une méconnaissance du développement des enfants. Le syndrome du bébé secoué peut aussi survenir dans des familles qui ne présentent aucun facteur de risque apparent.

2 . 4  -  Prévention

Il faut concevoir des stratégies pour renseigner toute la population au sujet des dangers de perdre le contrôle lorsqu’on a la charge d’un nourrisson. Les principaux messages doivent expliquer que les pleurs du bébé sont souvent l’élément déclencheur qui pousse une personne à secouer l’enfant et que la discipline physique n’a pas sa place dans les soins aux enfants. L’accent doit être mis sur le message suivant : « Ne secouez jamais un bébé ! » et sur l’importance d’aller chercher de l’aide si les besoins de l’enfant créent un tel sentiment de colère et de frustration qu’il devient difficile de garder le contrôle. Les parents doivent apprendre qu’il existe d’autres moyens de composer avec l’épuisement et les sentiments de frustration face à un bébé et qu’il faut faire preuve de prudence lorsque vient le moment de choisir des nourrices. La plus grande prudence s’impose avant de décider de laisser le bébé sous la garde d’une personne inexpérimentée, qui éprouve de la difficulté à contrôler sa colère ou qui témoigne du ressentiment envers le nourrisson, même pendant une courte période.

Les messages précédents peuvent être diffusés par des organisations professionnelles ou des campagnes de sensibilisation publique, tels des messages d’intérêt public, des programmes d’éducation parentale, des réseaux d’entraide pour les parents, des programmes scolaires et d’autres organismes qui offrent différents services au public.

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