3  -  Epidémiologie et démographie

Ce chapitre est une introduction permettant de donner des définitions générales, qui permettront de fixer une photographie actuelle des différents paramètres de la périnatalité.

3 . 1  -  Définitions

Le niveau de santé périnatale est un bon indicateur de la santé d’une population. Les indicateurs (maternels, fÅ“taux et néonataux) en périnatalité sont les premiers indicateurs évoluer favorablement lorsque la santé d’une population s’améliore. Mais il faut être attentif aux définitions utilisées dans chaque pays. La définition diffère selon les pays même en Europe. Cela rend les comparaisons difficiles.

L’épidémiologie : Il existe plusieurs définitions pour l'épidémiologie. On peut citer pour illustration celle de Mac Mahon : « Étude de la distribution et des déterminants d'une maladie dans des populations humaines, et application des résultats de cette étude dans la lutte contre cette maladie ». Pour Jeniceck : « L'épidémiologie est un raisonnement et une méthode propres au travail objectif en médecine et dans d'autres sciences de la santé, appliqués à la description des phénomènes de santé, à l'explication de leur étiologie, et à la recherche des méthodes d'intervention les plus efficaces ».
Les différentes branches de l'épidémiologie se caractérisent par la nature des questions auxquelles il s'agit d'apporter des réponses, ainsi que par les méthodes utilisées à cet effet. L'épidémiologie a été conçue pour répondre à la question: « Qui a quoi, quand, où et pourquoi? »

La démographie est l'étude quantitative des populations humaines et de leurs dynamiques à partir des caractéristiques que sont la fécondité, la mortalité, la nuptialité et la migration. La tâche du démographe consiste à analyser les variations de ces phénomènes dans le temps et dans l'espace en fonction des milieux socio-économiques et culturels.

Le taux de mortalité : il correspond au nombre de décès annuels rapporté au nombre d'habitants d’un territoire donné. Cet indice statistique sert à l'étude de la démographie au même titre que la natalité ou la fécondité, il dépend de la structure par âges de la population. On lui préfère les taux de mortalité par âge.

Le taux de mortalité périnatale : il correspond au nombre de mort-nés plus le nombre de décès entre 0 et 7 jours pour 1 000 naissances totales (enfants nés vivants et mort-nés).

Le taux de mortalité néonatale : Le taux de mortalité néonatale représente le nombre de décès survenu entre la naissance et le 27ème jour inclus rapporté à 1000 naissances vivantes. Il comprend le taux de mortalité néonatale précoce et le taux de mortalité néonatale tardive. On entend par taux de mortalité néonatale précoce le nombre de décès survenus entre la naissance et le 7ème jour inclus, rapporté à 1000 naissances vivantes, pour l’année. Le taux de mortalité néonatale tardive représente le nombre de décès survenus entre le 8ème jour et le 27ème jour inclus rapporté à 1 000 naissances vivantes, pour l’année.

Le taux de mortalité postnéonatale : il représente le nombre de décès survenus entre la fin du premier mois (27 jours révolus) et la première année (365 jours révolus) rapporté au nombre de naissances vivantes sur la même période, pour l’année.

Le taux de mortalité infantile : il représente le rapport entre le nombre de décès d’enfants de moins de 1 an sur le nombre total d’enfants nés vivants rapporté à 1 000 naissances vivantes pour l’année. Il sert essentiellement à évaluer la qualité des soins en obstétrique et en pédiatrie d’un pays. Les deux composantes de la mortalité infantile sont la mortalité néonatale et la mortalité postnéonatale.

Le taux de mortinatalité : Il représente le nombre d’enfants « déclarés sans vie » à la naissance rapporté à 1000 naissances totales (naissances de nouveau-nés vivants et nés sans vie), pour l’année. On entend par naissance vivante tout enfant qui respire ou manifeste un signe de vie à la naissance quelque soit la durée de la gestation, ou pèse 500 grammes

Figure 1 : Composantes des mortalités périnatale et infantile
Source : Cazaban M, Duffour J, Fabbro-Peray P. Santé publique. octobre 2005

3 . 2  -  Evolution de la mortalité infantile jusqu’à nos jours

Durant la Préhistoire, la mortalité infantile est très élevée, la rigueur du climat ne permettant la survie que des enfants nés au printemps ou au début de l'été.

Durant l’Antiquité, la mortalité infantile est toujours élevée.

Jusqu’au 18ème siècle, un enfant sur trois n’atteint pas l’âge d’un an, et seul un enfant sur deux l’adolescence. Ce taux est encore plus élevé pour les enfants abandonnés et recueillis dans des structures. Ces enfants meurent majoritairement suite à des maladies infectieuses. La situation évolue à la fin du 18ème siècle. La mortalité infantile baisse rapidement et vers 1850, elle frappe encore un enfant sur six.

Figure 2 : Risque pour un nouveau-né de mourir avant son premier anniversaire (pour mille)
Source : G. Pison, Populationet Sociétés, n°410, Mars 2005

Les méfaits de l’industrialisation du 19ème siècle avec toutes ses conséquences (exode rurale, épidémies, nourrice) entraînent une augmentation de la mortalité infantile, qui diminuera de manière importante à la fin du siècle grâce aux diffusions des progrès de la médecine, de l’asepsie, de la scolarité obligatoire et de la limitation d’âge pour le travail des enfants. Cette baisse entamée ne cessera plus jusqu’à nos jours.

Le taux de mortalité infantile est divisé par trois de 1980 à 2010. Mais celui-ci stagne depuis 2005 à 3,6 décès pour 1000 naissances vivantes. La mortalité néonatale augmente, en particulier durant la première semaine et le premier jour de vie alors que la mortalité entre le premier mois et un an recule.

Figure 3 : Taux de mortalité infantile de 1978 à 2010
Source : Insee, état civil
Figure 4 : Taux de mortalité infantile de 1978 à 2010
Source : Insee, état civil

Sur un plan européen, la France (métropolitaine + département d’outre-mer) occupait le 7ème rang en 1999. Dix ans après, en 2009 elle occupe le 20ème rang en Europe, alors que la mortalité infantile a continué à diminuer dans d’autres pays.

En 10 ans, la France est passée de la 7ème place à la 20ème concernant le taux de mortalité infantile.

Figure 5 : Classement sur 30 pays européens, des plus faibles taux de mortalité infantile : en 1999
Source : Eurostat
Figure 6 : Classement sur 30 pays européens, des plus faibles taux de mortalité infantile : en 2009
Source : Eurostat

L’évolution du rang occupé par la France dans le classement européen connaît une forte augmentation en 2001 et à nouveau à partir de 2006.

La France a un taux supérieur à celui des pays nordiques (Norvège, Suède, Finlande, Islande), ceux-ci ont un taux le plus faible depuis 10 ans. Certains pays voisins (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Danemark) avaient un taux similaire au notre il y a dix ans, mais ont connu une baisse qui perdure.

D’autres pays (Portugal, Italie, Autriche), comme le notre, ont un taux de mortalité infantile qui stagne ou qui remonte.

3 . 3  -  Les facteurs explicatifs de la mortalité infantile en France

Le risque de mortalité infantile reste influencé par :

  • la nature de l’accouchement : plus élevé pour les grossesses multiples, mais la proportion de ces grossesses n’augmente plus depuis 2004, et le taux de mortalité des enfants issus de grossesse multiple a baissé à 10/1000 en 2009,
  • le sexe de l’enfant : plus élevé pour les garçons (4/1000) que pour les filles (3/1000) en 2009,
  • la catégorie sociale de la mère : plus élevé pour les enfants de femmes inactives, et dont la catégorie sociale est basse ou pas renseignée. Mais il existe un resserrement des inégalités sociales car en 2009 le taux de mortalité infantile des enfants de femmes cadres (2,6/1000) se rapproche de celui des enfants de femmes employées (3/1000) ou ouvrières (3,6/1000).
  • la catégorie sociale du père : plus élevé pour les enfants d’ouvriers,
  • l’âge de la mère : plus élevé pour les accouchements avant 25 ans (prématurité) et après 40 ans (grossesse multiples, pathologie, prématurité), mais pour les femmes entre 25 et 34 ans le taux ne baisse plus depuis 2000,
  • la nationalité de la mère : plus élevé pour les enfants de femmes étrangères, et surtout d’Afrique subsaharienne ; mais chez les femmes françaises le taux ne diminue plus depuis 2004, il stagne,
  • la commune de résidence de la mère : plus élevé pour les enfants de femmes vivants dans des grandes agglomérations (200000 habitants),
  • la prématurité : la proportion de naissances prématurées augmente régulièrement, mais sans accélération depuis 2005.


Tous ces facteurs sont connus depuis longtemps, et ne sont pas à eux seuls responsable de la stagnation du taux de mortalité. L’augmentation des causes de mortalité infantile est liée au progrès de la prise en charge des nouveau-nés à cette période. Davantage d’enfants survivent aux premières heures et jours de vie, mais au prix parfois d’une morbidité importante pouvant entraîner le décès de l’enfant plus tardivement. On assiste ainsi à un transfert de la survenue du décès à des âges plus tardifs.

La répartition géographique des inégalités du taux de mortalité infantile est importante en France : le taux est plus élevé dans les Départements d’Outre Mer (9,5/1000 en Guadeloupe et Guyane) et augmente encore. Mais au sein de la métropole les inégalités existent également avec une plus forte mortalité dans les régions nord-est.

Figure 7 : Evolution de la mortalité infantile et de ses diverses composantes en France
Source : Insee, estimations de la population et statistiques de l'état civil
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