La prise en charge est différente selon que la personne présente une consommation d’alcool à risque ou un usage nocif, ou bien une alcoolo-dépendance.
A. En cas de consommation à risque ou d’usage nocif
Une intervention brève peut être envisagée : son principe est celui d’un soin minimal dispensé individuellement, en un temps court dans l’optique de favoriser la motivation de la personne malade. Il ne s’agit pas de proposer l’intervention brève à des malades alcoolo-dépendants. Sa durée est en général de 5 à 2O minutes en une ou plusieurs sessions. Après évaluation de la consommation d’alcool, les informations sont données au malade sur les risques encourus et les avantages de revenir à une consommation modérée, voire une abstinence si la complication somatique le nécessite (ex : maladie hépatique au stade de cirrhose). Une bonne pratique de l’intervention brève nécessite de s’appuyer sur les principes de l’entretien motivationnel : les informations délivrées sont à adapter au stade motivationnel du malade. Elles ne sont pas identiques chez une personne déjà motivée pour changer de comportement (comment y parvenir ?) ou chez une personne n’ayant pas encore fait ce chemin (pourquoi changer ?). Il faut aider la personne à prendre conscience de l’intérêt pour elle de maitriser son comportement.
L’efficacité de l’intervention brève a été solidement étayée par de nombreuses études. Environ 30 % (10-50 %) des consommateurs à risque modifient leur consommation au décours. Les résultats sont meilleurs dans le cas d’une consommation excessive avec une atteinte somatique (ex : consommation d’alcool associée à une hépatite chronique C).
L’efficacité de cette technique est étayée non seulement dans les mois suivants l’intervention brève mais également dans les deux à quatre années suivantes.
B. Traitement de l’alcoolisation aiguë
L’ivresse simple ne nécessite en général que le repos au calme et un apport d’eau. La prescription de médicaments psychotropes doit rester exceptionnelle. Les troubles du comportement peuvent nécessiter la prescription de sédatifs. Les ivresses pathologiques rendent nécessaires l’hospitalisation et la surveillance en milieu psychiatrique, du fait de la dangerosité du malade. Le recours aux neuroleptiques est à envisager.
(5) Modalités de l’accompagnement du sujet alcoolodépendant après un sevrage.
(6) Orientations diagnostiques et prise en charge, au décours d’une intoxication éthylique aiguë, des patients admis aux urgences des établissements de soins.
C. Sevrage
L’efficacité du sevrage est en bonne partie motivée par la qualité du temps préparatoire et la motivation de la personne malade. Les buts du sevrage sont d’assurer le contrôle et la prévention des symptômes de sevrage, mais aussi de débuter une nouvelle vie sans alcool, en trouvant des dépendances plus positives.
Le sevrage peut être réalisé en ambulatoire (ce qui nécessite une motivation suffisante, une bonne compliance aux soins, une absence d’antécédents de delirium tremens ou de convulsions) ou en milieu hospitalier. Le sevrage associe une hydratation correcte, en général possible par voie orale, la prescription de vitamines B1-B6 et un traitement par benzodiazépines pour prévenir le risque de convulsions. Le sevrage n’est que la première partie de la prise en charge à long terme qui nécessite un accompagnement médico-psychosocial par une équipe multidisciplinaire coordonnée par un addictologue. Dans ce contexte thérapeutique, environ un tiers des malades demeure abstinent, un tiers rechute et un tiers est en rémission partielle.
(7) Objectifs, indications et modalités du sevrage du patient alcoolodépendant.
(8) Aide au sevrage tabagique.
(9) Stratégies thérapeutiques d’aide au sevrage tabagique.
(10) Modalités de sevrage chez les toxicomanes dépendant des opiacés.