Le repérage des consommateurs à risque ou excessifs et plus encore alcoolodépendants, pour lesquels le motif de consultation n’est pas obligatoirement une demande de soins alcoologiques, concerne l’ensemble des soignants, même si les médecins généralistes sont en première ligne : il est estimé que 75 % de la population adulte française rencontre une fois/an au moins le médecin généraliste. En France, 20 à 30 % des adultes consultants ont un problème avec l’alcool.
Le repérage concerne aussi particulièrement les médecins du travail qui assurent la surveillance sanitaire de 14 millions de salariés. Pour autant, de nombreux spécialistes et tout particulièrement les médecins hépato-gastro-entérologues sont confrontés à des complications somatiques en lien avec une consommation excessive d’alcool. Cette prévention secondaire ne doit pas être considérée comme du seul champ de la responsabilité des addictologues : les nombreuses complications somatiques sont observées chez les malades ayant une consommation d’alcool excessive mais peu ou pas de dépendance.
Le repérage des consommateurs à risque ou excessif d’alcool se fait essentiellement par l’entretien clinique ou par l’utilisation d’un questionnaire. Ceci suppose que les médecins aient moins de réticence à aborder le problème d’alcool de façon systématique, au même titre qu’ils doivent le faire pour les problèmes de tabac et de nutrition. L’entretien doit se faire sur un mode ni paternaliste ni culpabilisateur. Une consommation d’alcool n’est ni « avouée » ni « niée », elle est tout simplement déclarée. L’évaluation de la consommation déclarée d’alcool se fait sur une semaine. Les questions peuvent être intégrées dans le recueil des informations générales avec la consommation de tabac, l’évaluation du poids et de son évolution. Des questionnaires peuvent également être utilisés : questionnaire AUDIT avec classement en consommation excessive ou dépendance au-dessus d’un score de 8 pour les hommes et de 7 pour les femmes, questionnaire AUDIT-C (tableau 1.III), questionnaire DETA plus adapté au repérage des malades dépendants (tableau 1.IV).
Ces tests ont leurs limites en particulier chez l’adolescent où il existe fréquemment plusieurs addictions.
Les examens biologiques sont moins performants tout particulièrement du fait que l’objectif n’est pas simplement de repérer les malades alcoolo-dépendants mais l’ensemble de la population ayant une consommation à risque. Dans le cadre de la consommation d’alcool à risque ou excessive, il s’agit souvent de consommation inférieure à 6-8 verres/jour. Chez les personnes alcoolo-dépendantes, le déni n’est pas rare et l’entretien peut ignorer le problème d’alcool ; l’attitude, le comportement et la disponibilité du soignant favorisent ou non la reconnaissance de la consommation ; les signes physiques et les examens paracliniques peuvent conduire à suspecter l’alcoolo-dépendance.