A. Épidémiologie, modes de contamination et physiopathologie
Taenia saginata est un parasite cosmopolite de l’intestin grêle humain, de très loin le plus fréquent des ténias en France. C’est un ver plat de grande taille (4 à 10 m) segmenté en 1 000 à 2 000 anneaux, en général isolé (ver solitaire). La tête du ver ou scolex adhère par des ventouses à l’intestin grêle. Les anneaux à maturité se détachent du parasite, migrent dans le côlon et franchissent activement la marge anale en commençant à pondre des oeufs ou embryophores. Très résistants et disséminés dans le milieu extérieur, les oeufs sont ingérés par les bovins. Les embryons gagnent les muscles pour y devenir les larves (cysticerques) qui contaminent la viande. Les larves infestantes sont détruites par la cuisson au-delà de 45 °C et par la congélation prolongée.
La contamination de l’homme se fait par ingestion de viande crue ou insuffisamment cuite (restant bleue, rouge ou rosée à coeur) contenant des larves vivantes. Dans le jéjunum, la larve atteint le stade adulte en 3 mois. La longévité d’un ver non traité peut dépasser 30 ans.
B. Clinique
Le plus souvent, le taeniasis est cliniquement latent et révélé par la découverte d’anneaux dans les sous-vêtements ou la literie.
Lorsque le taeniasis est symptomatique, les signes cliniques (en dehors de la perte des anneaux) sont surtout présents pendant les premiers mois d’évolution.
Les signes cliniques sont variés :
– anorexie ou boulimie ;
– nausées ;
– alternance diarrhée-constipation ;
– douleurs abdominales de siège varié ;
– asthénie ;
– perte de poids ;
– signes extra-digestifs, en particulier neuro-psychiatriques (troubles du sommeil et du caractère) ;
– signes cutanés (urticaire) ;
– signes cardio-vasculaires (palpitations) ou respiratoires (dyspnée).
Les complications sont exceptionnelles (appendicite, occlusion, perforation, abcès hépatiques, pancréatites).
C. Diagnostic
Le diagnostic repose sur l’examen des anneaux (vivants mobiles dans les selles ou morts desséchés dans les sous-vêtements) ou sur la découverte d’embryophores dans les selles (examen parasitologique standard ou scotch test). Une hyperéosinophilie modérée est possible dans les 3 premiers mois d’évolution. La sérologie est sans intérêt.
D. Traitement et prévention
Deux molécules sont très actives : le niclosamide, selon un mode de prise particulier étalé sur une matinée, ou le praziquantel (hors AMM) en une prise unique.
Les contrôles vétérinaires n’étant pas suffisants pour éviter tout risque de contamination, la prévention individuelle repose sur la consommation de viande cuite ou ayant séjourné plusieurs semaines en congélateur domestique.