L'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG), légale en France depuis 1975, reste toujours un problème de santé publique, compte tenu du nombre de femmes concernées chaque année. Reflet de l'évolution des mentalités et des pratiques, la nouvelle loi du 4 juillet 2001 sur la contraception et l'IVG a été élaborée dans le souci de faciliter l'accès à l'IVG ainsi qu'à la prescription et la délivrance de contraceptifs.
Cet acte médical n'est jamais anodin pour la femme, tant d'un point de vue médico-chirurgical que psychologique, d'où l'attention qui doit être portée au choix de la technique d'avortement, mais aussi à l'accueil et à l'écoute de la patiente.
L'IVG ne peut être pratiquée qu'à l'issue d'une procédure qui vise d'une part la prescription de la méthode la plus adaptée et d'autre part à s'assurer que l'intéressée désire effectivement cette intervention. Cette procédure a été récemment mise à jour par la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l'IVG et à la contraception. Une nouvelle loi s'imposait car celles de 1967 et 1974 sur la contraception et celles de 1975 et 1979 sur l'IVG n'étaient plus totalement adaptées, selon le gouvernement, à la réalité sociale et à la réalité médicale. Partant de ce constat, le gouvernement avait demandé en 1998 des enquêtes plus approfondies dans ces 2 domaines. Quelques chiffres ressortaient de ces travaux : 220 000 IVG pour 730 000 naissances, en 1998 ; la proportion de ces interventions par rapport aux accouchements varie largement d'une région à l'autre (20 en Alsace, 45 en Corse, 70 en Guadeloupe). En 1990, 22 des IVG concernaient des femmes en ayant déjà subi au moins une ; 10 000 mineures par an étaient confrontées à une grossesse non désirée et 7 000 d'entre elles avaient eu recours à une IVG ; 5 000 femmes par an, avec une grossesse non désirée qui dépassait 12 Semaines d'Aménorrhée (SA), étaient obligées de l'interrompre dans un pays européen proche.
Le gouvernement a donc présenté un projet de loi en juillet 2000, afin de faciliter l'accès à la contraception et à l'IVG qui allait aboutir à la nouvelle loi publiée au Journal officiel le 7 juillet 2001.
Loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception. Journal Officiel de la République Française n° 156. 2001 Jul 7. p. 10823-10827.
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CADRE LÉGAL
Tout médecin peut être amené à pratiquer une IVG. Le médecin sollicité est en droit de refuser la demande (clause de conscience), mais il doit en informer l'intéressée sans délai, et lui communiquer immédiatement le nom des praticiens susceptibles de réaliser cette intervention ou un établissement pratiquant les IVG. Le médecin qui fait la consultation initiale doit faire le diagnostic de la grossesse et préciser l'âge gestationnel. L'IVG ne peut être réalisée qu'avant la fin de la 12e semaine de grossesse (14 SA). Un examen clinique complet doit être réalisé. Les antécédents médicaux, chirurgicaux et gynéco-obstétricaux sont détaillés. L'examen au spéculumDéfinitionOutil médical – généralement en métal ou à usage unique en plastique – permettant d'explorer une cavité corporelle par l'écartement des parois. (voir spéculum) vérifie la normalité du vagin, la position et l'aspect du col. Le toucher vaginal apprécie la souplesse de culs-de-sac vaginaux, la position et le volume utérin qui est comparé à l'aménorrhéeDéfinitionAbsence des règles, de menstruation. Le plus souvent, la grossesse en est la cause. Dans les autres cas, l'aménorrhée peut être l'unique symptôme d'une pathologie ou au contraire, un parmi de nombreux autres. La recherche de la cause d'une aménorrhée nécessite rarement des examens nombreux. La prise en charge thérapeutique est parfois plus délicate. annoncée. Le diagnostic différentiel se fait avec une grossesse multiple, une grossesse extra-utérine (voir grossesse extra-utérine), une grossesse molaireDéfinitionRésultat d'une anomalie lors du processus de fécondation. Des anomalies se produisent alors dans les cellules qui deviennent le placenta. La grossesse molaire, appelée parfois « môle hydatiforme », fait partie d'un groupe de maladies appelé « tumeurs trophoblastiques gestationnelles ». En général, elles sont bénignes (non cancéreuses). Lors d'une grossesse molaire « complète », l'œuf fertilisé n'a aucun chromosome maternel et ceux du spermatozoïde du père sont dupliqués. L'œuf contient donc deux copies des chromosomes du père et aucun de la mère. Dans ce cas de figure il n'y a pas d'embryon, ni de sac amniotique ou de tissu placentaire normal. Le placenta devient alors une masse de kystes qui ressemble à une grappe de raisin. Ces kystes sont visibles à l'échographie, et donnent alors une image « en flocons de neige ». Dans la plupart des grossesses molaires « partielles », l'œuf fécondé contient les 23 chromosomes maternels, mais le double des chromosomes paternels. Il y a donc 69 chromosomes au lieu des 46 normaux. Cela peut arriver quand les chromosomes du spermatozoïde sont dupliqués ou quand deux spermatozoïdes fécondent le même œuf. Dans ce cas, il y a du tissu placentaire parmi la masse en forme de grappe de tissu anormal. L'embryon commence son développement, donc il pourrait y avoir un fœtus, du tissu fœtal ou un sac amniotique. Mais même si le fœtus est présent, il est primordial de comprendre qu'il est génétiquement anormal et qu'il ne pourrait pas survivre et devenir un bébé., une grossesse arrêtée, un utérus fibromateuxDéfinitionFibrome utérin ou fibromyome utérin : Tumeur bénigne, développée à partir du muscle de l'utérus. Les fibromes sont constitués de fibres musculaires lisses qui s'enroulent sur elles-mêmes et sont séparées par du tissu conjonctif fibreux. Il serait donc plus juste de parler de « fibromyome » pour rendre compte des deux composantes, mais le terme de fibrome est largement passé dans le langage courant. (voir fibrome).
Le médecin doit donner à la patiente une information claire et adaptée sur les méthodes d'IVG et d'anesthésie, sans occulter les risques potentiels.
Le mode de contraception ultérieure est abordé et prescrit éventuellement dès la visite pré-IVG.
À l'occasion de la consultation médicale, un entretien d'information, de soutien et d'écoute doit être envisagé.
Le médecin remet à l'intéressée un dossier-guide sur la procédure légale de l'IVG, qui contient aussi les informations relatives aux différentes techniques d'intervention.
La loi n'impose aucun examen complémentaire particulier.
En vertu de l'obligation de moyens, le médecin doit cependant s'aider d'éventuels examens. La consultation pré-IVG est l'occasion de proposer un dépistage des maladies sexuellement transmissibles, dont l'infection par le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH (voir VIH et VIH (dermatologie))), et des frottis cervicovaginaux de dépistage. Tout écoulement vaginal suspect fait l'objet d'un prélèvement bactériologique (en cas de suspicion d'infection locale, un traitement préopératoire est prescrit). Le dosage de β-hCG peut être utile, mais le dosage unique n'apporte aucun renseignement sur l'évolution et la localisation de la grossesse. Un contrôle échographique est justifié en cas de doute sur l'âge réel de la grossesse, son évolution ou sa localisation. Toutes les patientes doivent disposer d'un groupe sanguin Rhésus avec Recherche d'Agglutinines IrrégulièresDéfinitionRecherche d'anticorps irréguliers anti-érythrocytaires, permettant de mettre en évidence et d'identifier la présence d'anticorps dirigés contre des antigènes présents sur les globules rouges du patient. La présence de ces anticorps, provenant de transfusions antérieures, de grossesses antérieures, ou d'une auto-immunisation (dérèglement du système immunitaire), peut provoquer lors de transfusions de produits sanguins une inefficacité de la transfusion (destruction des globules rouges) pouvant avoir des conséquences cliniques graves (choc transfusionnel). Ce test est donc indispensable pour la sécurité immunologique des transfusions. Chez une femme enceinte, la présence de ce type d'anticorps peut provoquer, en cas d'incompatibilité fœto-maternelle, une maladie hémolytique du nouveau-né. La recherche sera faite systématiquement chez les femmes enceintes à rhésus négatif. (RAI).
Jusqu'à présent, l'entretien social était obligatoire. Suite à la loi du 4 juillet 2001, cette consultation est systématiquement proposée à la femme majeure, avant et après l'IVG. Il est obligatoire pour la mineure. Lors de cet entretien avec une personne qualifiée, une assistance ou des conseils appropriés à la situation de l'intéressée lui sont apportés. Pour garantir le plus large accès à ce temps de dialogue, les consultations peuvent aussi se dérouler dans les établissements privés pratiquant les IVG, ce qui était impossible avant juillet 2001.
Le droit civil prévoit qu'un mineur ne peut exercer lui-même les droits qu'il/elle a sur son corps en raison de son incapacité juridique (Code civil, art. 371-2). La mineure non émancipée présente au médecin la confirmation écrite de demande d'IVG, en dehors de la présence de toute personne. Elle doit joindre l'autorisation du titulaire de l'autorité parentale ou de son représentant légal pour la pratique de cet acte. Si elle désire garder le secret, le médecin doit s'efforcer d'obtenir son consentement pour que l'un ou l'autre soit consulté, ou il doit vérifier que cette démarche a été faite lors de la consultation sociale. Si elle ne veut pas effectuer cette démarche, l'IVG peut être pratiquée à sa seule demande ; elle se fait alors accompagner par une personne majeure de son choix.
La mineure doit être conseillée sur le choix de cette personne. L'adulte choisi par la mineure n'engage pas sa responsabilité civile ou pénale. Il a juste une mission d'accompagnement et de soutien psychologique et ne se voit accorder aucun attribut de l'autorité parentale.
Article 371-2 du Code Civil : Chapitre Ier : De l'autorité parentale relativement à la personne de l'enfant. 1971 Jan 1.
L'IVG peut être pratiquée une fois que l'intéressée renouvelle sa demande par écrit. Le médecin ne peut accepter cette confirmation et donc effectuer l'IVG qu'après l'expiration d'un délai d'une semaine après la première consultation médicale. Ce délai de réflexion peut être raccourci à 2 jours si l'âge gestationnel est situé entre 12 et 14 semaines d'aménorrhée.
L'IVG peut avoir lieu dans des établissements d'hospitalisation publics ou privés désignés par arrêté préfectoral. Ces structures doivent être en nombre suffisant pour prendre en charge les demandes dans chaque département. Un praticien d'exercice libéral pourra prendre en charge des IVG par méthode médicamenteuse à son cabinet. Afin d'en garantir la sécurité sanitaire, une convention sera établie entre le praticien et un établissement qui pratique des IVG, dans des conditions qui vont être fixées par décret en Conseil d'État. La mise en œuvre de cette nouvelle possibilité nécessite l'intervention de dispositions réglementaires en cours de préparation, d'après la circulaire DGS/DHOS n° 2001-467 du 28 septembre 2001. Jusqu'à 12 semaines d'aménorrhée, les structures qui pratiquent l'IVG sont soit intégrées soit en convention avec des établissements disposant d'un plateau technique permettant la gestion de l'ensemble des complications de cette intervention. Au-delà de 12 semaines d'aménorrhée, les IVG doivent être réalisées dans une structure disposant d'un plateau technique chirurgical. Ces structures doivent être connues de tous les centres du département. Les établissements de santé privés ne sont plus tenus à effectuer un nombre d'IVG inférieur au quart du total de leurs actes chirurgicaux et obstétricaux. Dans les territoires d'outre-mer, qui étaient sous l'incidence de la loi de 1920, des structures pour la prise en charge de l'IVG peuvent être organisées conformément à la loi du 4 juillet 2001.
Circulaire DGS/DHOS n° 2001-467 du 28 septembre 2001 relative à la mise en œuvre des dispositions de la loi du 4 juillet 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception. Ministère de la Santé; 2001 Sept 28.
La loi n° 82-1172 du 31 décembre 1982 réglemente la prise en charge de l'IVG par la Sécurité Sociale. La nouvelle loi sur l'IVG et la contraception permet à une mineure de demander l'IVG sans consentement parental. Dans ce cas, les frais afférents sont intégralement pris en charge par l'État. Les modalités de cette prise en charge, qui garantit l'anonymat de la mineure, sont fixées par décret.
Loi n°82-1172 du 31 décembre 1982 relative à la couverture des frais afférents à l'interruption volontaire de grossesse non-thérapeutique et aux modalités de financement de cette mesure. Journal Officiel de la République Française. 1983 Jan 1. p. 15.
L'article L 162-11 du Code de la Santé Publique (CSP) mentionnait qu'une femme devait pouvoir attester d'une résidence régulière en France depuis au moins 3 mois pour avoir accès à l'IVG. Depuis juin 2000, cette disposition est supprimée. La réalisation d'une IVG concernant une femme étrangère n'est soumise actuellement à aucune condition de durée et de régularité de séjour en France.
Article 162-11 du Code Civil : Interruption volontaire de la grossesse pratiquée avant la fin de la dixième semaine. 1975.
L'IVG a été «dépénalisée». Les sanctions du code pénal relatives à la pratique illégale de l'IVG et à l'incitation à l'auto-avortement sont transférées vers le Code de la santé publique, sans modification de fond. En outre, les peines encourues pour la propagande et la publicité pour l'IVG sont supprimées.
Estournet M., Interruption volontaire de grossesse, historique et état des lieux. Interbloc. 2006 Mar;25(1):6-9.
Isand I, Merg-Essadi D., Aspects éthiques et médicolégaux de l'interruption volontaire de grossesse. Encyclopédie Médico-Chirurgicale : Gynécologie. 2009; 738-B-80.
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Paccoud G, Venditelli F, Pons JC., Modifications de la législation concernant l'interruption volontaire de grossesse : lecture et interrogations d'acteurs de terrain. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. 2002 Apr;31(2):152-161.
Ponte C., La réglementation de l'interruption volontaire de grossesse. Interbloc. 2006 Mar;25(1):47-48.
Les femmes peuvent choisir la technique médicale ou chirurgicale ainsi que le mode d'anesthésie après avoir reçu des explications éclairées de la part du médecin prescripteur. À ce jour l'IVG chirurgicale avec une anesthésie générale est largement prédominante : 81 % d'IVG chirurgicales dont 75 % avec une anesthésie générale. De fortes disparités existent : l'IVG médicamenteuse varie d'un centre à l'autre de 0 % à 60 % et le taux d'anesthésie générale de 5 % à 100 %.
C'est l'alternative médicale à l'aspiration utérine pour l'IVG, réalisable au plus tard au 49e jour d'aménorrhée révolu (7 SA).
Cette méthode repose sur l'association d'un antiprogestéroneDéfinitionMolécule qui se fixe sur les récepteurs de la progestérone, mais ne provoque pas la réaction spécifique. Exemple : le RU 486, molécule contragestive. et d'une prostaglandineDéfinitionMétabolite de l'acide arachidonique, obtenu à partir de phospholipides membranaires par action de phospholipases (plusieurs sous-types existants). Molécules liposolubles destinées à la sécrétion dans le milieu extracellulaire, les prostaglandines jouent des rôles importants dans les organismes vivants. En effet, elles sont des agents de signalisation paracrine et autocrine qui activent de nombreux RCPG (Récepteurs membranaires à 7 segments transmembranaires Couplés à des Protéines G). Chaque prostaglandine possède 20 atomes de carbone dont un cycle à 5 atomes de carbone. Ce sont des médiateurs chimiques qui possèdent divers effets physiologiques. et se propose d'obtenir une hémorragie avec expulsion complète, sans révision utérine.
Une première visite pour la prise de mifépristone : 200 mg selon les recommandations ANAES ou 600 mg, conformément à l'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) du produit, en prise unique. L'administration de la mifépristone sera effectuée par le médecin ou par le personnel infirmier sous délégation médicale. Avant la prise de la mifépristone, l'intéressée doit avoir signé un formulaire de consentement qui attestera qu'elle a été totalement informée de la méthode et des ses risques.
36 à 48 heures après la prise de mifépristone, a lieu la prise de misoprostol, 400 μg en prise unique, par voie orale ou intravaginale. L'hémorragie, témoin de l'effet du traitement médical, survient dans les 3 à 4 heures suivant la prise du misoprostolDéfinitionAnalogue semi-synthétique de la prostaglandine E1 (PGE1), utilisé pour la prévention et le traitement des ulcères gastriques et duodénaux, dus à l'utilisation d'Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS) comme l'ibuprofène, le naproxène ou l'acéclofénac. Il est également utilisé pour l'IVG et les fausses couches., mais elle n'est nullement une preuve d'expulsion complète.
Si l'administration du misoprostol se fait dans le centre prescripteur, la patiente peut rester sous surveillance médicale sans qu'elle soit forcement alitée, ni perfusée. On surveille les saignements et on constate éventuellement l'expulsion. Un traitement antalgique est administré, si besoin. La patiente reçoit une injection de gammaglobulineDéfinitionProtéine du plasma sanguin appartenant à la famille des immunoglobulines (anticorps), analysée et dosée en pratique clinique par l'électrophorèse des protides sanguins, et également utilisée en thérapeutique pour renforcer une immunité déficiente.s anti-D si elle est Rhésus négatif. Au bout de 3 heures elle peut partir avec une ordonnance de contraceptif et un rendez-vous pour la consultation de contrôle.
L'efficacité de la méthode médicamenteuse peut être améliorée sans augmenter les effets secondaires et avec la même acceptabilité si une deuxième dose de misoprostol (400 μg) est administrée aux patientes qui n'ont pas expulsé dans les 3 heures après la première prise. Le taux de succès passe alors à 98,5 %, au lieu de 95 % avec une seule dose de 400 μg de misoprostol.
La prise de misoprostol peut se faire à domicile, si la patiente le désire, après avoir pris un certain nombre de précautions et sous réserve d'une prescription par un médecin agréé. Dans ce cas, le jour de l'administration de la mifépristone, les comprimés de misoprostol sont confiés à la patiente pour qu'elle les prenne à domicile 36 à 48 heures plus tard, par voie orale.
Une consultation de contrôle doit avoir lieu impérativement dans un délai de 10 à 14 jours après la prise de mifépristone pour vérifier, par un examen clinique et éventuellement échographique, que l'expulsion a été complète.
Même si l'AMM de la mifépristone limite son utilisation à 7 SA, l'ANAES préconise également son emploi entre 7 et 9 SA et, dans des conditions particulières, entre 12 et 14 SA.
La technique médicamenteuse doit être utilisée exclusivement en milieu hospitalier. Le protocole recommandé est : mifépristone 200 mg per os suivie 36 à 48 heures plus tard d'une prise de misoprostol 400 µg, par voie orale ou vaginale.
Si l'expulsion ne s'est pas produite 3 heures après la première administration de misoprostol, une deuxième dose de 400 µg peut être administrée par la même voie. L'efficacité de ce protocole entre 7 et 9 SA est de 90,5 %.
Le protocole repose sur la prise de mifépristone 200 mg per os suivi de misoprostol 800 mg par voie vaginale 36 à 48 heures plus tard. Il faut prévoir une hospitalisation et une analgésieDéfinitionInterruption de la transmission du signal neuronal de douleur depuis la zone lésée, en souffrance, vers le cerveau. Le système nerveux comporte un système autoanalgésiant complexe. Dit simplement, le cerveau a la capacité de décider de la production d'endorphines dans une partie du corps. péridurale doit être disponible car la méthode est très douloureuse. Une révision utérine est envisagée soit systématiquement, soit en fonction du contrôle échographique. Une étude multicentrique nationale sur la validation de ce protocole d'IVG est en cours.
La mifépristone ne doit jamais être prise si : insuffisance surrénaleDéfinitionDéficit ou arrêt, survenant rarement, de sécrétion des hormones produites habituellement par les glandes surrénales : les hormones corticosurrénales et plus particulièrement le cortisol., allergie connue à la mifépristone ou à l'un des constituants du comprimé, asthme sévère non équilibré par traitement, grossesse non confirmée biologiquement ou par échographie, suspicion de grossesse extra-utérine.
La mifépristone est généralement déconseillée si insuffisance rénale, insuffisance hépatique, malnutrition. Bien qu'aucun accident cardiovasculaire n'ait été rapporté avec le misoprostol, il est demandé au médecin, pour les fumeuses de plus de 10 cigarettes par jour et âgées de plus de 35 ans, d'évaluer le rapport bénéfice/risque par rapport à la méthode chirurgicale.
Selon les essais, le taux d'échec varie de 1,3 à 7,5 %. L'échec se définit par : grossesse évolutive (0 à 1,5 %), grossesse arrêtée, mais incomplètement expulsée (1,3 à 4,6 %) ou geste endo-utérin à visée hémostatique (0 à 1,4 %). Les métrorragies (voir métrorragie) parfois abondantes peuvent être prolongées (jusqu'à 12 jours) après la prise de mifépristone. On recommandera à la patiente de ne pas s'éloigner du centre prescripteur et de le contacter en cas de métrorragies très importantes. En raison du risque hémorragique parfois grave (0 à 1,4 % des cas) les patientes atteintes d'anémie ou de troubles de la coagulation à type d'hypocoagulabilité doivent être particulièrement surveillées.
La technique chirurgicale repose sur la dilatation du col et l'évacuation du contenu utérin par aspiration dans des conditions strictes d'asepsieDéfinitionEmpêchement de la contamination d'une zone ou d'une surface par des micro-organismes étrangers (bactéries, parasites…). Il s'agit d'une méthode préventive qui correspond à l'ensemble des mesures propres à empêcher tout apport exogène de micro-organisme. Par exemple, ce peut être la stérilisation du matériel introduit dans un site opératoire visant l'absence de contamination microbiologique. Contrairement à l'antisepsie, elle peut préserver la flore endémique.. L'évacuation de l'utérus par la seule aspiration est souvent incomplète entre 12 et 14 SA. Elle doit être complétée par une extraction des débris fœtaux avec une pince.
L'aspiration a largement supplanté le curetage. Elle présente l'avantage d'une évacuation rapide avec un traumatisme utérin minimum.
Elle correspond à ce qui est décrit sous le terme de régulation menstruelle.
Les facteurs de risques de survenue d'une douleur intense lors d'une IVG sont connus : le jeune âge, la peur de l'acte, un utérus retroverséDéfinitionUtérus orienté vers l'arrière, alors que normalement il devrait se trouver couché sur la vessie., les antécédents de dysménorrhéeDéfinitionMenstruations difficiles et douloureuses, survenant généralement au deuxième jour des règles, puis s'aggravant progressivement. On distingue les dysménorrhées primaires correspondant à des perturbations du cycle ovulatoire non associées à une atteinte des organes reproducteurs, des dysménorrhées secondaires appelées également dysménorrhées acquises qui sont des règles douloureuses dues à une véritable maladie, c'est-à-dire à une lésion des organes reproducteurs. (voir dysménorrhée), les grossesses les plus précoces et les plus avancées, l'hypoplasieDéfinitionHypoplasie ou hypoplastie : Arrêt du développement ou développement insuffisant d'un tissu ou organe. La plupart des causes d'hypoplasie sont des maladies génétiques. cervicale, les antécédents de conisationDéfinitionAblation d'un fragment du col de l'utérus en forme de cône. Le but d'une conisation est double : retirer la partie dysplasique (précancéreuse) du col utérin, et analyser le fragment prélevé afin de connaître avec précision la nature des lésions et afin de s'assurer de l'absence d'une lésion plus évoluée.. L'indication d'une anesthésie générale ou locale doit tenir compte de ces facteurs et du choix de la patiente.
Une fiche d'information sur les suites normales de l'IVG sera remise à la patiente ainsi qu'un numéro de téléphone à appeler en cas d'urgence.
Quel que soit le type de l'IVG, la prévention Rhésus doit être systématique chez toutes les patientes Rhésus négatif, dans les heures qui suivent l'IVG (une injection intraveineuse stricte d'une dose standard de 100 mg de immunoglobulineDéfinitionGlycoprotéine à majorité membranaire mais aussi soluble, impliquée dans les phénomènes de reconnaissance, de liaison et d'adhésion des cellules, et dans la défense de l'organisme contre les agressions.s anti-D). Lors d'une IVG médicamenteuse avec prise du misoprostol à domicile, l'injection de gammaglobulines se fait le jour de la prise de mifépristone.
L'antibioprophylaxieDéfinitionUtilisation d'un antibiotique dans un but thérapeutique afin de prévenir l'éventuel survenue d'une infection susceptible d'être dangereuse. L'antibioprophylaxie n'a rien à voir avec le traitement antibiotique curatif. L'antibioprophylaxie est recommandée en prévention d'une éventuelle surinfection pouvant survenir avant une intervention chirurgicale, surtout celle connue pour avoir un risque infectieux potentiel élevé ou quand le patient présente une certaine fragilité concernant son immunité. L'antibioprophylaxie, dans ce cas, est administrée en une seule dose puis quelquefois répétée sur une courte durée. systématique n'est pas justifiée à la suite d'IVG. Une antibiothérapie est prescrite en cas d'antécédents connus d'infection génitale haute ou de cardiopathie valvulaire. Face à un risque de MST (voir maladies sexuellement transmissibles) on doit proposer un prélèvement vaginal et/ou la recherche de Chlamydiae trachomatisDéfinitionBacille de Gram indéterminé, parasite intracellulaire obligatoire. Cette bactérie est responsable de l'urétrite à Chlamydia (ou chlamydiose), maladie sexuellement transmissible qui est la plus fréquente en France (50 fois plus fréquente que la gonorrhée, elle même plus fréquente que la syphilis). Son réservoir est strictement humain. Il existe 15 sérotypes, possédant un tropisme tout particulier pour les muqueuses génitales et oculaires. (voir chlamydia trachomatis et chlamydiose) par PCR dans les urines suivi d'un traitement de la patiente et du(des) partenaire(s) en cas de positivité.
L'utilisation d'un moyen de contraception est fortement recommandée dans le cadre de l'IVG. La contraception œstroprogestativeDéfinitionŒstroprogestatif : Produit inhibiteur de l'ovulation, associant un progestatif et un œstrogène. peut être débutée le jour même de l'IVG ou le lendemain. La pose d'un dispositif intra-utérin est possible en fin d'aspiration. La pose d'un dispositif sous-cutané (Implanon) peut se faire le jour même de l'IVG.
La visite de contrôle est prévue entre le 14e et le 21e jour post- IVG. Il faut vérifier la vacuité utérine par un examen clinique et si besoin par une échographie. Il faut également insister sur le problème de la contraception et s'assurer de sa bonne utilisation. La visite de contrôle permet de s'assurer que l'IVG n'est pas suivie de complications. C'est aussi le moment d'évaluer le retentissement psychologique de l'IVG sur la patiente et lui proposer, si besoin, un accompagnement spécifique.
La déclaration obligatoire de l'IVG à la DRASS se fait à l'aide d'un bulletin statistique anonyme, signé par le médecin qui a pratiqué l'IVG.