1. Indications
La scintigraphie peut être utile dans les deux cas suivants :
2. Réalisation de l’examen
a. Spécificité du traceur
La méta-iodobenzyl-guanidine est un analogue de la guanéthidine, marquée idéalement par l’iode 123I ou 131I. Elle est captée par les cellules chromaffines. Il ne s’agit pas d’un traceur reflétant la sécrétion mais uniquement le recaptage.
L’iode 131I se caractérise par une demi-vie longue (8 jours) et par une émission bêta, soit un rayonnement peu adapté aux caméras, aboutissant à un rapport signal sur bruit médiocre et à une qualité d’imagerie moyenne. L’iode 123I se caractérise par une demi-vie courte (13 h) et par un rayonnement adapté aux caméras, permettant des clichés précoces avec une bonne qualité d’image et des clichés tomographiques.
b. Préparation du patient
Compte tenu de la désiodation partielle du radiopharmaceutique, il est également nécessaire de bloquer la captation thyroïdienne de l’iode (cf. supra). Afin de diminuer la contamination colique et d’améliorer la qualité des images, du Duphalac® ou du Colopeg® peuvent être prescrits.
Il est nécessaire d’interrompre certains médicaments responsables d’interférences, tels que :
c. Clichés
Des clichés sont réalisés à des temps différents, selon que l’on utilise la MIBG marquée à l’iode 123I ou 131I. Ils sont centrés sur la région abdominopelvienne et sur les aires surrénaliennes mais peuvent aussi être centrés sur la région cervicothoracique ou, en cas de suspicion de paragangliomes, être associés à un balayage corps entier pour dépister des métastases. Le couplage scintigraphie et scanner améliore la localisation anatomique des fixations scintigraphiques observées (photo 4, cf. cahier couleur).
3. Résultats
a. En situation normale
On note une absence de fixation du traceur au niveau des surrénales, sauf dans 20 % des cas lorsque le marquage est réalisé avec de l’iode 123I : à ce moment-là, il est possible d’observer une faible fixation du traceur.
On observe une fixation physiologique au niveau des glandes salivaires, du foie, de la rate, de la vessie, du cœur, et parfois au niveau des poumons.
b. En situation pathologique
La sensibilité de la scintigraphie au MIBG pour la visualisation des phéochromocytomes est de l’ordre de 80 % (90 % pour la scintigraphie au MIBG marqué à l’iode 123I), avec une excellente spécificité.
Dans les cas de phéochromocytome surrénalien, on peut observer une hyperfixation homolatérale à la masse, d’intensité supérieure à celle du foie.
Dans les cas de phéochromocytome bilatéral, on peut observer une hyperfixation bilatérale d’intensité supérieure à celle du foie.
Dans les cas de phéochromocytome extrasurrénalien, ou paragangliome, on observe une fixation dans une aire pouvant contenir du tissu chromaffine.
Enfin, dans les cas de phéochromocytome malin, on observe une fixation au niveau des aires normalement dépourvues en tissu chromaffine (métastases) (figure 1.23).
Fig. 1.23. Scintigraphie d’un phéochromocytome malin.
Scintigraphie MIBG à l’iode 123I, révélant de multiples foyers de fixation en relation avec un phéochromocytome malin chez un homme de 60 ans, opéré 12 ans plus t™t d’un phéochromocytome surrénalien droit.
La sensibilité de la MIBG est cependant moins bonne dans les tumeurs malignes, où elle est estimée à 60 % en raison d’une vraisemblable diminution de l’expression du transporteur noradrénergique. Elle est également médiocre dans les formes familiales, de l’ordre de 50 % en cas tumeur extrasurrénalienne, avec un risque élevé de faux négatif dans les localisations supradiaphragmatiques. Dans ces situations, les performances de la scintigraphie octréoscan et/ou de la TEP-FDG seraient supérieures.
4. Limites de l’examen
Une des limites concerne les faux positifs, caractérisés par la rétention du traceur au niveau des voies excrétrices urinaires, pouvant ainsi mimer un phéochromocytome surrénalien.
Par ailleurs, des faux négatifs peuvent être observés en raison d’interférences médicamenteuses (notamment avec le labétalol et les antidépresseurs tricycliques, à interrompre quelques jours avant l’examen).
** L’échographie n’est pas mentionnée ici car elle est peu performante pour l’exploration des loges surrénales.