1  -  Imagerie conventionnelle des surrénales


L’imagerie des glandes surrénales est principalement prescrite pour l’exploration d’une pathologie tumorale chez un patient présentant une hypersécrétion d’hormones surrénales (stéroïdes ou catécholamines), ou une insuffisance surrénale primaire. L’imagerie médicale réalisée pour explorer une pathologie a priori non surrénalienne peut aussi être l’occasion de découvrir fortuitement une masse de la loge surrénale (incidentalome).

1 . 1  -  Principales indications de l’imagerie surrénale

1. Hypersécrétion de stéroïdes

Cette hypersécrétion peut être observée dans différentes pathologies, d’où la nécessité de procéder à une imagerie des surrénales. Dans le cas du syndrome de Cushing ACTH-indépendant, on recherchera un adénome bénin ou un corticosurrénalome malin. Dans le cas d’un hyperaldostéronisme primaire, on recherchera un adénome de Conn. Dans le cas d’hyperandrogénie, ce sera un corticosurrénalome malin qui sera recherché.

2. Hypersécrétion de catécholamines

L’imagerie permettra, dans le cas de cette hypersécrétion, de rechercher un phéochromocytome.

3. Insuffisance surrénale primaire

L’imagerie sera effectuée lors de l’enquête étiologique afin d’écarter la possibilité de métastases bilatérales ou d’un processus infectieux ou infiltratif.

Dans toutes ces situations, l’imagerie sera réalisée une fois que le diagnostic de la pathologie endocrinienne aura été établi sur les explorations cliniques et hormonales, pour en préciser l’étiologie et pour discuter la thérapeutique. Dans le cadre de l’incidentalome, où l’exploration d’imagerie initiale ayant mis en évidence la masse de la loge surrénale n’était pas destinée à une exploration précise des surrénales, il peut être indiqué de réaliser un examen d’imagerie surrénale (en général un scanner) pour préciser le diagnostic radiologique, cela avant de réaliser les explorations hormonales.

1 . 2  -  Principales techniques d’imagerie des surrénales **

1. Examen par tomodensitométrie (TDM)

C’est en général l’examen de choix pour explorer les surrénales (figures 1.16 et 1.17), en particulier pour étudier une pathologie tumorale. Il doit être réalisé avec des coupes fines de 3 mm, centrées sur les loges surrénales, qui seront étudiées dans tous les cas en l’absence d’injection de produit de contraste, puis, le plus souvent dans un deuxième temps, après injection de produit de contraste (en respectant certaines précautions chez les patients allergiques, diabétiques ou en insuffisance rénale). Une masse surrénale visualisée au scanner sera évaluée par la mesure de la densité spontanée (avant injection), ainsi que son évolution aux temps précoce et tardif, après injection. Sa taille, son homogénéité et sa vascularisation seront ainsi déterminées.

Fig. 1.16. Schématisation des surrénales normales.
VCI : veine cave inférieure.
Surrénale droite : aspect en épingle à cheveux.
Surrénale gauche : aspect d’accent circonflexe.

Fig. 1.17. Examen par tomodensitométrie de surrénales normales (flèches).
Scanner des surrénales.

2. Imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM)

Cette technique a des performances assez similaires au scanner pour explorer les surrénales. L’expérience acquise dans l’exploration des incidentalomes est cependant moins importante et, pour des raisons de pratique et de coût, cet examen est actuellement moins souvent préconisé que le scanner. Il est habituel d’étudier les surrénales en IRM en séquence T1 et T2, avant et après injection de gadolinium. La mesure du déplacement chimique est utilisée pour la caractérisation des tumeurs de la corticosurrénale.

1 . 3  -  Résultats attendus par pathologie

La mesure de la densité spontanée avant injection est le paramètre clé permettant de distinguer les très probables adénomes corticosurrénaliens, de densité < 10 UH (unités Hounsfields), des autres tumeurs avec densité spontanée > 10 UH (adénomes pauvres en graisse, corticosurrénalome, phéochromocytome, autres…).

1. Tumeurs de la corticosurrénale

Ces tumeurs sont explorées après mise en évidence soit d’un incidentalome, soit d’un syndrome de Cushing ACTH-indépendant ou d’une hyperandrogénie. L’imagerie a pour but d’une part de localiser la tumeur et d’autre part d’en préciser la nature.

L’adénome bénin de la corticosurrénale est un nodule homogène, arrondi et bien limité, le plus souvent inférieur à 3 ou 4 cm (figure 1.18). L’adénome étant riche en graisse, le plus souvent sa densité spontanée au scanner est basse (< 10 UH).

Fig. 1.18. Adénome corticosurrénalien.
Adénome de la surrénale gauche (flèche).
Le corticosurrénalome apparaît comme une tumeur hétérogène, aux bords irréguliers et le plus souvent de grande taille (> 4 ou 5 cm) (figure 1.19). La densité spontanée au scanner est élevée (> 10 UH). Le scanner recherche aussi dans cette tumeur maligne une possible extension à la veine cave ou des métastases à distance (foie, poumon).

Fig. 1.19. Corticosurrénalome malin gauche (flèche).
Noter la grande taille et l’aspect hétérogène.

2. Hyperaldostéronisme primaire

Le scanner est réalisé dans cette indication pour rechercher un adénome de Conn. Ce dernier présente les caractéristiques d’un adénome bénin, de petite taille (par définition < 2 cm) et très souvent infracentimétrique. En l’absence d’une image typique d’adénome unilatéral, il est suggéré la possibilité d’une hyperplasie bilatérale de la glomérulée. Ce diagnostic étiologique conditionne de façon majeure le traitement : chirurgie (surrénalectomie unilatérale) pour l’adénome de Conn, et traitement médical pour l’hyperplasie de la glomérulée. L’absence d’image typique d’adénome (nodules multiples et/ou bilatéraux, absence de franc nodule, etc.) conduit souvent à réaliser un dosage d’aldostérone dans les veines surrénales par cathétérisme sélectif, à la recherche d’un gradient de sécrétion unilatéral d’aldostérone (cf. chapitre 10 : « Hypertension artérielle de l’adulte »). Un hyperaldostéronisme primaire associé à une tumeur de plus de 2 cm doit faire évoquer une tumeur maligne sécrétant de l’aldostérone.

3. Tumeurs de la médullosurrénale (phéochromocytome)

L’imagerie est réalisée après diagnostic d’une hypersécrétion de catécholamines (cliniques et dosages hormonaux) et a pour but de localiser la tumeur. Dans 90 % des cas, il s’agit d’une tumeur de la surrénale (phéochromocytome) (figure 1.20), et plus rarement d’une tumeur extrasurrénale (paragangliome). Il s’agit de tumeurs vasculaires avec une éventuelle composante kystique. La prise de contraste après injection est importante. L’analyse en séquence T2 par IRM retrouve de façon caractéristique un hypersignal, évocateur mais non spécifique.

Fig. 1.20. Aspect d’un phéochromocytome gauche (flèche) en IRM, en séquence T2.

4. Insuffisance surrénale primaire

L’insuffisance surrénale primaire est le plus souvent d’origine auto-immune mais peut aussi être causée par un processus infectieux (en particulier la tuberculose), infiltratif ou tumoral (métastases bilatérales) (figure 1.21). Lors du diagnostic d’une insuffisance surrénale primaire, l’imagerie est réalisée avant tout pour ne pas méconnaître des masses bilatérales pouvant orienter vers un processus malin.

Fig. 1.21. Métastases surrénales bilatérales (flèches).

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