Les Candida sont des champignons microscopiques appartenant aux levures. Ces organismes unicellulaires se multiplient par bourgeonnement. Seul Candida albicans est un saprophyte exclusif des muqueuses (respiratoires, vaginales, digestives) et n’est jamais trouvé sur la peau saine. Les autres espèces peuvent se trouver normalement sur la peau et les muqueuses.
C’est toujours sous l’influence de facteurs favorisants que la levure Candida albicans passe de l’état saprophyte à l’état parasitaire.
Les modalités d’infestation sont :
Sur terrain immunodéprimé, Candida albicans est responsable de septicémies ou de lésions viscérales profondes.
Le diagnostic positif repose sur deux arguments :
Aspects cliniques
Les manifestations cliniques peuvent revêtir des aspects différents : formes aiguës, subaiguës, chroniques. Les formes diffuses sont beaucoup moins fréquentes et se rencontrent en règle générale chez le nourrisson et le jeune enfant. Les formes accompagnées d’une candidose viscérale sont exceptionnelles et s’observent chez le petit enfant et, surtout, en contexte d’immunodépression.
Forme aiguë : le muguet
Il s’agit d’une inflammation candidosique aiguë, qui est la manifestation la plus commune des candidoses buccopharyngées. Le muguet touche essentiellement le nourrisson et le jeune enfant, à un moindre degré le vieillard.
Elle dure deux à trois jours et réalise une stomatite érythémateuse diffuse (Fig.5.7) : sensation de sécheresse buccale, de douleurs à type de cuisson, de goût métallique et de gêne à la mastication. Des troubles de la succion sont observés chez le nouveau-né. À l’examen, la muqueuse apparaît desséchée, rouge, douloureuse. La langue est plus ou moins dépapillée. L’érythème touche la face dorsale de la langue, la voûte du palais et les faces internes des joues (macules coalescentes).
Elle correspond à la période où la surface rouge se recouvre de taches blanchâtres dont le raclage léger permet de détacher les couches superficielles qui deviennent gris jaunâtre. Les signes fonctionnels sont moins intenses, semblables à ceux de la phase de début.
Sous traitement, l’évolution est rapidement favorable. Sans traitement, la guérison spontanée est possible, mais un passage à la chronicité ou une extension au pharynx, responsable d’une dysphagie nette, peuvent être observées. L’atteinte Å“sophagienne est plus rare que les stomatites et peut se développer en l’absence de lésions buccales cliniquement décelables. Elle doit faire rechercher une immunodépression, notamment une infection par le VIH (Fig.5.8). Elle est classique au cours ou au décours des radiothérapies sur les voies aérodigestives supérieures.
• Forme érythémateuse pure (phase de début).
• Forme pseudomembraneuse.
• Formes localisées (ouranite superficielle : palais, glossite dépapillée centrale, forme localisée à la face intérieure d’une joue).
• Formes associées à une candidose viscérale ou cutanée.
• Atteinte concomitante du pharynx et du larynx.
Formes chroniques en foyers
Les différentes formes chroniques de la candidose peuvent être isolées ou associées les unes aux autres (foyers multiples).
Il s’agit d’une forme localisée au pourtour buccal et essentiellement aux commissures labiales (chéilite angulaire) (Fig.5.9). Elle est fréquente chez l’édenté, favorisée par la macération dans le pli commissural, lui-même accentué par la diminution de la hauteur faciale liée à la perte dentaire. Elle est très fréquente chez tous les patients souffrant de bavage quelle qu’en soit la cause. Cliniquement, la perlèche se présente sous forme d’une fissure de la commissure labiale, avec un fond du pli rouge, macéré puis desquamatif ou croûteux et, parfois, débord sur la peau adjacente. Elle est souvent entretenue par un tic de léchage.
Elle siège en avant du “ V “ lingual sous forme d’une zone médiane dépapillée, rouge carminée, plus ou moins indurée en superficie (Fig.5.10). La lésion est légèrement surélevée, mamelonnée, mais parfois elle est un peu déprimée. La forme est grossièrement losangique ou ovalaire.
La langue noire villeuse est souvent iatrogène : antiseptiques prolongés, antibiothérapie à large spectre, psychotropes modifiant le flux salivaire, au cours ou au décours d’une radiothérapie sur la sphère orofaciale ; mais elle peut aussi apparaître sans raison apparente. Dans ce cas, la langue noire villeuse peut persister pendant des années et disparaître comme elle est venue. Ce n’est pas une candidose.
La langue présente un aspect chevelu qui traduit l’hypertrophie et l’hyperkératinisation des papilles filiformes linguales. La couleur jaune brun à noir intense (Fig.5.11) s’explique par des pigments alimentaires, tabagiques ou résultant de leur oxydation et de celle de la kératine. Un prélèvement par grattage de la surface linguale ramènera une abondante flore saprophyte. Parfois, une candidose peut se surajouter à cette affection, Candida ne faisant alors que profiter de conditions locales favorables à son développement.
Ce trouble est asymptomatique ; il a pour seule conséquence un préjudice esthétique avec sa composante psychologique. Le grattage de la langue à la curette après anesthésie de contact règle le problème… au moins temporairement.
Forme chronique diffuse : muguet chronique
Le muguet peut passer à la chronicité, réalisant une stomatite intéressant la langue, le palais et les joues, évoluant par poussées déclenchées par certains aliments ou médicaments (antibiotiques, corticoïdes). Les signes fonctionnels sont très discrets en dehors des poussées et se limitent à une sensation de cuisson, de picotements et de sécheresse buccale. Parfois, un onyxis ou une vulvite associés sont présents.
Diagnostic biologique
La technique de diagnostic est simple, avec un prélèvement par écouvillon sec frotté fortement au niveau d’un placard blanchâtre, d’une plaque érythémateuse linguale ou au niveau des sillons d’une perlèche. Parfois, il est nécessaire de procéder à un raclage appuyé par un abaisse-langue ou une spatule.
L’examen direct recherche des levures bourgeonnantes. La présence de pseudofilaments ou de filaments est un élément de pathogénicité.
La levure pousse rapidement en 24 heures sur milieux spécifiques (milieu de Sabouraud), permettant l’isolement et l’identification de l’agent pathogène avec appréciation du nombre de colonies et fongigramme. Les levures étant saprophytes des muqueuses, l’interprétation de l’examen mycologique prend en compte l’espèce isolée, ainsi que l’abondance et la rapidité de pousse des levures, voire la présence de pseudo-filaments à l’examen direct.
L’examen mycologique n’est pas toujours pratiqué en routine, en raison d’un diagnostic clinique souvent évident et du fait que le traitement d’épreuve antifongique local permet de traiter aisément les lésions candidosiques.
Toutefois, dans les cas difficiles (aspect clinique atypique, diagnostic différentiel nécessaire, lésions récidivantes malgré un traitement adéquat, etc.), le prélèvement mycologique est indispensable.
Exemple d’ordonnance pour recherche de Candida