1  -  Ulcération ou érosion des muqueuses orales – Item 343


La démarche diagnostique suppose de savoir reconnaître la véritable lésion initiale qui, si elle n’est pas l’érosion ou l’ulcération, peut être aussi diverse qu’une vésicule, une bulle, un érythème caustique, un aphte ou une lésion inflammatoire ou tumorale. L’anamnèse et l’examen clinique, préalables à des explorations paracliniques sélectives éventuelles, restent donc la clé du diagnostic.

Deux diagnostics dominent par leur fréquence la pathologie ulcéreuse de la muqueuse buccale : les ulcérations traumatiques et les aphtes. Les diagnostics différentiels de ces affections sont orientés différemment selon que l’ulcération est unique ou qu’on observe plusieurs éléments. Schématiquement, on recherchera surtout une tumeur ulcérée dans le premier cas, les pathologies systémiques ou infectieuses dans le second cas.

1 . 1  -  Définition

  • Une érosion se définit comme une perte de substance superficielle, épithéliale, mettant plus ou moins à nu la partie superficielle du chorion. Elle est souvent post-vésiculeuse, post-bulleuse ou post-traumatique et guérit généralement sans cicatrice.
  • Une ulcération, plus profonde, concerne le chorion moyen et profond avec risque de cicatrice.

1 . 2  -  Diagnostic

Le diagnostic d’une ulcération ou d’une érosion est clinique ; le diagnostic de la cause peut nécessiter d’autres examens complémentaires.

Interrogatoire

L’âge, les antécédents personnels (maladies, épisodes antérieurs similaires, prise médicamenteuse), les notions de signes fonctionnels (douleur, gêne à l’élocution ou l’alimentation) et de signes associés éventuels (lésions cutanées, adénopathies douloureuses ou non) doivent être précisés.

La durée et l’évolution (aiguë ou chronique) sont des éléments d’orientation essentiels, ainsi que la notion de récurrence.

Examen clinique

La lésion elle-même est caractérisée (tableau 5.1):

  • par son caractère primaire ou secondaire (succédant à une autre lésion) ;
  • par son caractère souple ou induré, inflammatoire ou non, nécrotique ou non, surinfecté ou non ;
  • par sa topographie, sa taille et le nombre de localisations : l’examen des autres muqueuses et de tout le tégument est requis.


L’examen général est dirigé par l’anamnèse et l’aspect lésionnel, vers la recherche d’adénopathies, de lésions dermatologiques ou de toute symptomatologie associée suggestive d’un tableau infectieux ou syndromique.

Tableau 5.I Caractéristiques des ulcérations buccales
    Forme   Bords   Fond   Base
   Aphte commun   Arrondie ou ovalaire   Réguliers Halo rouge   Plat, fibrineux Jaune   Souple
   Aphte géant   Arrondie ± irrégulière   Réguliers Halo rouge  
   Aphte creusant   Irrégulière   Œdématiés Halo rouge   Irrégulier Nécrotique   Souple ±
   Ulcération traumatique     Variable, souvent
   allongée
   Plats ou œdématiés Pas de
   halo rouge  
   Fibrineux   Souple ±
   Carcinome   Le plus souvent irrégulière   Surélevés, indurés   Végétant, nécrotique ±   Indurée, plus large que l’ulcération  

Examens complémentaires

L’anamnèse et l’étude clinique permettent de limiter les examens au strict nécessaire dans le registre suivant :

  • prélèvements locaux dans une hypothèse infectieuse : examen direct et cultures (virologique, bactériologique, mycologique) ;
  • examen cytologique (cytodiagnostic) ou histologique (biopsie) avec, éventuellement, examen en immunofluorescence directe ;
  • sérodiagnostics d’infections bactériennes ou virales : en dehors du sérodiagnostic de la syphilis, ils sont demandés au cas par cas, en fonction du diagnostic envisagé.
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