2 . 15 . 4  -  Syndrome frontal


Rappel neuro-physiologique

Le lobe frontal est le lobe le plus volumineux du cerveau (environ 1/3 du manteau cortical). Il comporte le cortex moteur primaire et de nombreuses zones associatives efférentes (cortex prémoteur et aire de Broca) et afférentes (le lobe frontal reçoit des afférences de pratiquement toutes les autres structures corticales et sous-corticales). Traditionnellement on exclut des syndromes frontaux les troubles consécutifs à des lésions des aires motrices ou de Broca. Les nombreuses connexions du lobe frontal expliquent son rôle dans l'intégration des données sensorielles pertinentes, la coordination de différentes activités instrumentales spécifiques (motrices, langage, mémoire, activités visuospatiales, etc.) et dans ce que l'on appelle les fonctions cognitives exécutives (les capacités de planification, d'anticipation et de surveillance). Les lésions frontales se traduisent donc par un certain degré de désorganisation des activités instrumentales spécifiques, mais surtout par les conséquences éventuelles de l'altération des fonctions exécutives sur les comportements élaborés.

Eléments du syndrome frontal

→ Ralentissement psycho-moteur :

  • Perte des initiatives et des actions nécessaires à la vie quotidienne.
  • Restriction des champs d'intérêt.
  • Absence de réaction affective normale.
  • Parfois au contraire excitation psychomotrice : jovialité, moria.
Perturbations de l'activité motrice :

  • Défaut d'initiative et de spontanéité gestuelle qui peut réaliser un comportement de négligence motrice d'un hémicorps.
  • Impossibilité de reproduire des séries de gestes, de rythmes, ou mieux de dessins très simples.
  • Persévérations et stéréotypies gestuelles : un geste est répété ou maintenu inutilement et perturbe l'ensemble de l'activité motrice, réalisant des comportements de collectionnisme et d'aimantation.
  • Troubles de l'équilibre et de la marche avec rétropulsion en station debout (abasie), mauvaise utilisation des membres inférieurs lors de la marche (astasie ou apraxie de la marche), au maximum impossibilité de tenir debout et de marcher.
  • Comportement d'urination qui est une miction effectuée apparemment normalement quels que soient le lieu et l'entourage sans que le patient en paraisse aucunement affecté.
Réaction de préhension pathologique (grasping reflex) (films):

  • Réapparition des réflexes archaïques.
  • Mutisme ou diminution de fluidité du langage, manque du mot avec pourtant un stock lexical intact après stimulation, persévérations (le mot est répété et parasite la phrase suivante) dans le langage oral ou écrit, le malade répète parfois en écho la question de l'examinateur (écholalie).
Troubles de l'attention et de la mémoire :

  • Déficit de l'attention volontaire et de la concentration ou au contraire distractibilité extrême.
  • Déficit de la mémoire de fixation et des apprentissages : pas de stratégie valable dans les tentatives de mémorisation, pas d'organisation logique des données à mémoriser.
  • Ces troubles de la mémoire immédiate sont parfois à l'origine de confabulations (événements souvent réels du passé faisant irruption dans le temps présent).
Troubles intellectuels : trouble du raisonnement et du jugement. Ils apparaissent souvent lors des activités abstraites et complexes nécessitant plusieurs opérations pour aboutir à une solution ou à une synthèse finale (problèmes arithmétiques, histoires absurdes, explication de proverbes). Il s'agit plus d'un déficit de la stratégie menant au but que d'un déficit des activités élémentaires.

Différentes formes de syndrome frontal peuvent être observées :

  • Syndrome du cortex préfrontal (face externe) se traduisent par une réduction de l'activité motrice (akinésie) et de la vie émotionnelle, parfois des phénomènes de négligence motrice, un trouble de l'équilibre et de la marche (astasie-abasie), l'impossibilité d'élaborer de nouveaux programmes et le caractère persévératif et stéréotypé de leurs réponses face aux situations nouvelles.
  • Syndrome orbito-basales se traduit par une hyperactivité motrice exagérée, fragmentée, avec des réactions impulsives inadaptées (stéréotypie gestuelle, collectionnisme), un grasping reflex, une dépendance accrue vis à vis du monde extérieur avec de nombreuses conduites stéréotypiques, une perte de la sélectivité des processus mentaux qui se manifeste par des troubles du comportement, du raisonnement et du jugement, un comportement d'urination.
  • Syndrome paramédianes se manifeste par une inertie motrice, un trouble parfois massif de l'initiation.

54/57