3  -  Sémiologie


L’importance de l’atteinte motrice de la face varie beaucoup d’un cas à l’autre. Elle porte sur les deux territoires faciaux supérieur et inférieur. En cas d’atteinte très distale sur une branche terminale, l’atteinte motrice n’est que parcellaire.

3 . 1  -  Description d’une PFP sévère chez le sujet conscient

3 . 1 . 1  -  Des signes faciaux, les plus évidents

3 . 1 . 1 . 1  -  Au niveau de la partie haute de la face (œil et front)


Au repos : un effacement des rides du front, un sourcil abaissé, une raréfaction ou une absence du clignement, un élargissement de la fente palpébrale aux dépens de la paupière inférieure qui est abaissée, voire éversée chez le sujet âgé (ectropion). L’œil peut être larmoyant.

Aux mouvements volontaires : une impossibilité de relever le sourcil, de plisser le front. Impossibilité de fermer l’œil (lagophtalmie). Le relevé de la paupière supérieure est préservé (dépend du III). On peut observer un signe de Charles-Bell : lors de la tentative infructueuse d’occlusion palpébrale, l’œil se porte en haut et en dehors. Cet échappement du globe oculaire est un mécanisme de protection cornéenne réflexe qui est inconstant et n’est pas dépendant de la sévérité de la PFP. Son absence dans les lagophtalmies sévères expose à des complications cornéennes plus précoces. Dans les PFP de faible importance, on peut observer un signe de Souques (le verrouillage des paupières est moins ferme du côté paralysé et ne cache pas les cils qui apparaissent plus longs). Il n’y a pas de clignement à la menace (figure 1).

Figure 1 :Lors des mimiques volontaires, la paralysie faciale se manifeste du côté paralysé par une impossibilité de fermer l’œil (A), un effacement du sillon naso-génien et une impossibilité de sourire (B), par l’impossibilité de contracter le muscle peaucier du cou (C)

3 . 1 . 1 . 2  -  Au niveau de la partie inférieure de la face (nez, bouche, menton, cou)


Au repos :
une asymétrie du visage, une déformation de la bouche qui est attirée du côté sain, une ptose de la joue et une chute de la commissure labiale qui fait pencher la bouche du côté paralysé, un effacement du sillon naso-génien.

Aux mouvements volontaires :
la bouche part du côté sain, il y a impossibilité de siffler et de gonfler les joues et une stase alimentaire dans le sillon gingivo-jugal. Il existe un signe du peaucier de Babinski.

3 . 1 . 2  -  Des signes extrafaciaux


Ils témoignent de l’atteinte des autres fonctions du nerf facial. Leur recherche est un élément du diagnostic topographique de l’atteinte :

  • œil sec (nerf pétreux, niveau ganglion géniculé) ;
  • troubles du goût au niveau des 2/3 antérieurs de l’hémi-langue (lésion en amont de la corde du tympan, niveau portion mastoïdienne) ;
  • diminution de la sécrétion salivaire de la glande sous-mandibulaire (lésion en amont de la corde du tympan, niveau portion mastoïdienne) ;
  • abolition du réflexe stapédien et hyperacousie douloureuse (lésion en amont du nerf du muscle de l’étrier, niveau portion mastoïdienne) ;
  • hypoesthésie dans la zone de Ramsay-Hunt : atteinte sensitive (lésion au niveau ou en amont de la portion mastoïdienne).

3 . 2  -  Chez le sujet comateux


Une PFP doit être recherchée systématiquement chez tout sujet comateux après un traumatisme crânien :

  • effacement des rides du visage ;
  • sujet qui fume la pipe ;
  • manœuvre de Pierre-Marie et Foix (déclenche en l’absence de PFP une contraction réflexe du visage à l’appui forcé bilatéral en arrière du gonion).

3 . 3  -  Diagnostic de sévérité


La sévérité de l’atteinte est appréciée par la clinique (intensité et rapidité d’installation) et par l’électrophysiologie (à réserver aux PFP totales) :

  • le testing clinique musculaire de la face : observation clinique de chaque groupe musculaire de la face et cotation de sa fonction. Il permet de suivre l’évolution clinique. Des échelles de cotation globale (House et Brackmann) sont souvent utilisées ;
  • les explorations électrophysiologiques :
    • l’excitabilité nerveuse : électroneuronographie, test de stimulation-détection : tests simples et rentables dans les dix premiers jours (J3J10),
    • l’électromyographie de détection et de stimulodétection, plus fiable et reproductible, analysables dès J8,
    • mais il n’existe actuellement aucun test pronostique entièrement sûr permettant de porter un diagnostic de gravité dans les premiers jours.

3 . 4  -  Diagnostic de localisation lésionnelle


Quels examens paracliniques simples réalisables par l’ORL permettent de situer la lésion sur le trajet nerveux ?

  • atteinte au niveau ou en amont du ganglion géniculé et des nerfs pétreux : test de Schirmer positif (déficit lacrymal du côté paralysé en comparaison de l’autre côté) ;
  • atteinte au niveau mastoïdien : test de Schirmer normal mais électrogustométrie anormale et absence de réflexes stapédiens ;
  • atteinte au niveau du foramen stylomastoïdien ou en aval : test de Schirmer et gustométrie normaux et réflexes stapédiens présents.

Quelle place pour l’imagerie ? Une imagerie est réalisée dans les formes progressives ou récidivantes, les formes graves non régressives, les formes syndromiques (surdité, vertiges, autres atteintes des nerfs crâniens) (TDM et/ou IRM).

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