3  -  Dyspnée laryngée de l’enfant


Le plus souvent aiguë, elle peut mettre en jeu le pronostic vital, car le larynx de l’enfant est proportionnellement beaucoup plus petit que chez l’adulte (en particulier au niveau de l’anneau inextensible du cartilage cricoïde).

3 . 1  -  Diagnostic positif

3 . 1 . 1  -  Signes fonctionnels


C’est une bradypnée inspiratoire qui signe l’atteinte laryngée, accompagnée :

  • d’un tirage, c’est-à-dire d’une dépression inspiratoire des parties molles : région sus-sternale, espaces intercostaux, région épigastrique ;
  • et d’un cornage ou bruit rauque produit par le passage de l’air dans le rétrécissement laryngé.

Il peut s’y associer des modifications du cri ou de la voix par atteinte de la région glottique ou une toux quinteuse, rauque.

3 . 1 . 2  -  Signes de gravité


Ils traduisent la mauvaise tolérance de la dyspnée et la nécessité d’un traitement d’urgence :

  • signes d’asphyxie avec sueurs, tachycardie, pâleur ou cyanose ;
  • irrégularité respiratoire avec tachycardie ou pause respiratoire ;
  • troubles de conscience avec agitation, somnolence ou confusion ;
  • disparition des signes de lutte avec amélioration trompeuse de l’enfant précédant l’arrêt respiratoire ou cardiorespiratoire par épuisement (dyspnée prolongée au-delà d’une heure).

Ces éléments de gravité doivent entraîner une prise en charge immédiate par oxygénation, intubation ou rarement trachéotomie.

3 . 1 . 3  -  Bilan


Il est limité, surtout chez le tout petit.

  • L’interrogatoire des parents doit rechercher un antécédent malformatif connu, une notion de contexte infectieux, un début brutal ou progressif.
  • Recherche de signes généraux comme la fièvre, l’asthénie, le refus alimentaire, recherche de l’existence de signes de reflux gastro-œsophagien, de fausses routes.
  • Analyse du bruit respiratoire : le stridor est un bruit inspiratoire aigu d’origine laryngée (à la différence du terme anglo-saxon qui désigne tous les bruits respiratoires), le cornage est un bruit rauque d’origine sous-glottique, les ronflements persistant bouche ouverte sont parfois d’origine laryngée.
  • Analyse du timbre de la voix et de la toux : lésion glottique ou glotto-sous-glottique s’accompagnant d’une dysphonie, toux aboyante et rauque des obstacles sous-glottiques, voix étouffée avec éventuelle dysphagie des obstacles sus-glottiques.
  • L’examen local est difficile et limité à l’état cervical, buccal et oropharyngé.
  • La laryngoscopie indirecte au miroir n’est possible qu’à partir de 5-6 ans. Surtout, on dispose actuellement de la nasofibroscopie (tube souple de très petit diamètre passé par la fosse nasale sans anesthésie ou après anesthésie locale, et/ou sous protoxyde d’azote-MEOPA) permettant un examen de débrouillage très simple et efficace à la consultation ou aux urgences. L’examen de la région laryngée par nasofibroscopie a transformé la prise en charge en permettant un diagnostic dès la consultation dans beaucoup de situations cliniques.
  • L’imagerie est peu utilisée. Elle repose sur les radiographies standard cou, face et profil avec rayons peu pénétrants, l’air étant utilisé comme contraste. Cet examen permet de bien visualiser l’épiglotte, la sous-glotte ou les parois pharyngées. L’examen thoracique de face et de profil peut rechercher des signes directs ou indirects de corps étranger.

3 . 2  -  Diagnostic différentiel

  • Une dyspnée expiratoire est en relation avec un problème bronchopulmonaire, comme dans l’asthme.
  • Une dyspnée d’origine trachéale se produit aux deux temps, inspiratoire et expiratoire.
  • Une dyspnée pharyngée s’accompagne de modifications de la voix (voix de canard) avec hypersialorrhée et aphagie.
  • La dyspnée d’origine nasale cède à l’ouverture de la bouche ou lors des cris chez le nouveau-né.
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