4  -  Corps étrangers trachéobronchiques et laryngés


Ils sont avant tout l’apanage du jeune enfant dès l’âge de la préhension (5 mois). C’est un accident relativement fréquent, grave, soit du fait du siège du corps étranger (enclavement laryngé, ou corps étranger mobile), soit parce qu’il est méconnu.

Chez l’adulte, le corps étranger des voies aériennes inférieures est rare. Certaines professions (couturières, tapissiers) y sont plus exposées.

  • Siège du corps étranger :
    • essentiellement bronchique : 75 % des cas, deux fois plus fréquent à droite en raison de la disposition anatomique (la bronche droite est plus verticale, presque dans l’axe de la trachée) ;
    • parfois trachéal : 15 % des cas ;
    • ou laryngé : 10 % des cas.
  • Nature du corps étranger extrêmement variable :
    • les corps étrangers végétaux : cacahuètes, haricots, noyaux de fruits sont les plus fréquents. Leur gravité particulière est liée à la multiplicité des fragments et à la réaction muqueuse bronchique diffuse, particulièrement intense et précoce, qu’ils peuvent entraîner (figure 2) ;
    • les petits jouets plastiques ou métalliques sont des corps étrangers potentiels pour l’enfant en bas âge.

Il faut distinguer le corps étranger laryngé et le corps étranger trachéobronchique, tant sur le plan sémiologique que sur celui de l’urgence.

Figure 2
Aspect endoscopique (bronchoscopie rigide) d’une cacahouète enclavée dans la bronche souche droite.

4 . 1  -  Corps étranger laryngé


Il est particulier en raison de la gravité du tableau clinique et du risque de blocage dans la région glottique et sous-glottique (cricoïdienne), zones d'étroitesse anatomique.

Le tableau clinique est dramatique, réalisant soit :

  • une asphyxie aiguë, immédiate, foudroyante ;
  • une dyspnée laryngée majeure d’installation brutale avec tirage très intense, aphonie et cyanose importante.

Une extraction de toute urgence sous endoscopie, par les voies naturelles s'impose.
L’extraction par voie endoscopique nécessite un centre spécialisé, une instrumentation complète, un opérateur entraîné et la collaboration étroite d’un anesthésiste réanimateur. Seulement en cas d’asphyxie suraiguë avec mort imminente, la manœuvre de Heimlich peut être tentée : une pression brusque de la région épigastrique peut permettre l’expulsion par l’élévation diaphragmatique et l’hyperpression pulmonaire qu’elle entraîne (figure 3).

Figure 3 : Manoeuvre de Heimlich en cas de corps étangers asphyxiant
La pression brutale de l'épigastre après une inspiration profonde permet de générer une hyperpression pulmonaire permettant l'explusion du corps étranger trachéobronchique enclavé.

Le diagnostic différentiel est aisé :

  • la laryngite striduleuse, accès de dyspnée laryngée brutal, passager, spontanément réduit, est différente d’un syndrome de pénétration. Elle survient en général la nuit ; la corticothérapie est efficace en quelques minutes.
  • l’épiglottite, associe un syndrome fébrile intense, une dysphagie et une dyspnée progressive aboutissant à une détresse respiratoire rapide.
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