3  -  Angines

3 . 1  -  Étiologie


L’angine ou amygdalite aiguë est une inflammation aiguë des amygdales (tonsilles) palatines voire du pharynx. Elle se rencontre volontiers chez l’enfant et l’adolescent. Elle est rare avant 18 mois et chez l’adulte. L’infection est virale le plus souvent : 60 à 90 % d’origine virale selon l’âge (adénovirus, virus Influenzae, virus respiratoire syncitial, virus para-Influenzae).

L’angine peut être d’origine bactérienne. Le streptocoque ß-hémolytique du groupe A (SGA) est la bactérie la plus fréquemment retrouvée : 20 % tous âges confondus. L’angine à SGA ne représente que 25 à 40 % des cas d’angine de l’enfant et 10 à 25% des angines de l’adulte. Elle survient surtout à partir de l’âge de 3 ans avec un pic d’incidence situé entre 5 et 15 ans. Elle est rare chez l’adulte.

Les angines à SGA évoluent le plus souvent favorablement en 3-4 jours même en l’absence de traitement. Cependant, elles peuvent donner lieu à des complications potentiellement graves (syndromes post-streptococciques: rhumatisme articulaire aigu [RAA], glomérulonéphrite aiguë [GNA] et complications septiques locales ou générales) dont la prévention justifie la mise en œuvre d’une antibiothérapie. Seules les angines à SGA sont justiciables d’un traitement antibiotique en raison des risques inhérents aux infections à SGA et du fait que les antibiotiques sont inutiles dans les angines virales. Les très exceptionnelles infections pharyngées à Corynebacterium diphteriae, Neisseria gonorrhoeae et à germes anaérobies requièrent aussi une antibiothérapie mais leurs tableaux cliniques sont différents.

3 . 2  -  Diagnostic clinique


L’ angine constitue un syndrome associant :

  • fièvre ;
  • odynophagie (gêne douloureuse à la déglutition) ;
  • inflammation de l’oropharynx.

D’autres symptômes sont parfois révélateurs : douleurs abdominales, éruption, signes respiratoires (rhinorrhée, toux, enrouement, gêne respiratoire). Ces symptômes sont diversement associés et variables en fonction de l’agent étiologique et de l’âge du patient. L’examen clinique de l’oropharynx fait le diagnostic d’angine. Des adénopathies satellites sensibles sont souvent présentes. Plusieurs aspects sont observés:

  • angine érythémateuse : c’est l’aspect le plus fréquent, les amygdales et le pharynx sont congestifs.;
  • angine érythémato-pultacée : les amygdales congestives sont recouvertes d’enduit purulent plus ou moins abondant;
  • angine vésiculeuse ou herpangine: le pharynx inflammatoire présente des vésicules (due à un entérovirus, coxsackie ou une gingivostomatite herpétiforme);
  • angine ulcéreuse et angine pseudomembraneuse : l’amygdale est ulcérée et recouverte de fausses membranes ce qui doit faire évoquer une angine de Vincent (germes anaérobies), une mononucléose infectieuse ou une diphtérie ;

L’aspect de l’oropharynx n’est pas prédictif de l’angine à SGA qui peut prendre une forme érythémateuse, érythémato-pultacée voire unilatérale, érosive. Certains signes cliniques peuvent orienter le diagnostic d’angine à SGA, mais leur valeur prédictive est souvent insuffisante (tableau I) :

Tableau I.Principales caractéristiques cliniques et épidémiologiques des angines à SGA et des angines virales (source : SPILF 2011)
 Angine à SGAAngine virale
Épidémiologie- Épidémie – hiver et début printemps

- Âge : pic d’incidence entre 5 et 15 ans (survenue possible dès 3 ans)
 
Signes fonctionnels ou généraux- Début brusque

- Odynophagie intense - Absence de toux

- Fièvreélevée
- Début progressif

- Dysphagie modérée ou absente

- Présence de toux, coryza, enrouement, diarrhée,
Signes physiques- Érythème pharyngé intense

- Purpura du voile

- Exsudat

- Adénopathies satellites sensibles

- Éruption scarlatiniforme
- Vésicules (herpangine due à un entérovirus, coxsackie ou gingivo-stomatite herpétiforme)

- Éruption évocatrice d’une maladie virale (ex. syndrome pieds-mains- bouche)

- Conjonctivite

Sont en faveur des angines à SGA :

- le caractère épidémique (hiver et début du printemps surtout) chez des enfants et adolescents entre 5 et 15 ans,
- la survenue brusque,
- l’intensité́ de la douleur pharyngée, de l’odynophagie, le purpura du voile du palais,
- les douleurs abdominales,
- le rash scarlatiniforme.

Par ailleurs des scores cliniques (score de Mac Isaac) ont été proposés, prenant en compte quatre items :

– fièvre > 38 °C ;
– présence d’exsudat ;
– adénopathies cervicales douloureuses ;
– absence de toux.

La sensibilité́ de tels scores est insuffisante pour étayer une stratégie thérapeutique.

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