1 . 5  -  Aptitude à la liaison céramo-métallique selon le type d'alliage

Une des propriétés essentielles d'un alliage est sa capacité à se lier à la céramique par l'intermédiaire d'une couche d'oxyde de surface [9]. Les alliages précieux ne possèdent pas naturellement de couche d'oxyde suffisante à leur surface. Il faut ajouter alors des éléments comme l'indium, le gallium ou l'étain, en faible quantité, pour provoquer l'apparition d'une couche d'oxyde. Ces éléments essentiels à la liaison céramo-métallique risquent d'être éliminés lors de la coulée si les procédures sont mal respectées. Par ailleurs, ces alliages précieux ne doivent pas être réutilisés sans addition d'une quantité suffisante d'alliage neuf.

1 . 5 . 1  -  Les alliages à haute teneur en or

Malgré la présence de palladium et de platine qui les renforce mécaniquement, ces alliages restent insuffisamment rigides et nécessitent d'augmenter la section des embrasures des armatures des prothèses à pont. Des additions d'étain, d'indium ou de fer renforcent l'alliage et créent la couche d'oxydes de surface permettant la liaison céramo-métallique. Ces alliages sont les plus coûteux. Le risque de coloration de la céramique est nul car ils ne contiennent habituellement pas d'argent. Leurs propriétés mécaniques les contre-indiquent pour les bridges de moyenne et grande étendue.

1 . 5 . 2  -  Les alliages à faible teneur en or type or-palladium-argent

Pour limiter le coût, il existe des alliages précieux contenant 20 à 40 % de palladium et 5 à 16 % d'argent. La rigidité de ces alliages est supérieure à celle des alliages à haute teneur en or et le risque de fluage lors des étapes de cuisson est limité. L'inconvénient majeur est la pré¬sence de l'argent qui peut entraîner une coloration verdâtre des céramiques.

1 . 5 . 3  -  Les alliages à faible teneur en or type or-palladium

Ces alliages à faible teneur en or et sans argent sont habituellement composés de 45 à 68 % d'or et 22 à 45 % de palladium. Ceci permet d'augmenter le module d'élasticité et de limiter le fluage de l'alliage lors de la cuisson tout en limitant le coût de l'alliage.
L'inconvénient majeur de ces alliages est une diminution importante du coefficient d'expansion thermique en l'absence de d'argent [10]. Il est nécessaire de choisir des poudres céramiques compatibles avec cette modification. Quelques variantes récentes de ces alliages réintroduisent quelques pourcents d'argent. Avec un taux inférieur à 5 %, le risque de coloration est faible tout en améliorant les propriétés mécaniques de l'alliage.

1 . 5 . 4  -  Les alliages palladium-argent

Avec une composition massique de l'ordre de 50 à 60 % de palladium et 25 à 40 % d'argent, ces alliages sont mécaniquement supérieurs aux précédents. La présence d'étain ou d'indium dans la composition de l'alliage permet d'améliorer la liaison de la céramique. Le taux de palladium limite le risque de corrosion ou de ternissure de l'alliage en bouche. Ce sont les alliages précieux qui présentent la rigidité la plus élevée, donc la plus favorable à la céramisation de bridges de moyenne ou de grande portée.
Certaines céramiques sont recommandées par les fabricants car elles résistent mieux à la discoloration due à la présence d'argent. Un traitement de surface à l'or colloïdal permet de limiter le risque de diffusion de l'argent dans la céramique avec pour inconvénient de diminuer la qualité de la liaison céramo-métallique en interférant avec l'apparition de la couche d'oxyde de surface.

1 . 5 . 5  -  Les alliages palladium-cuivre

Ces alliages contiennent de 70 à 80 % de palladium, de 4 à 20 % de cuivre et de 3 à 9 % de gallium. L'association palladium-cuivre donne à certains de ces alliages un oxyde de teinte très soutenue qu'il est difficile de masquer parfaitement avec les opaques. La liaison céramo-métallique est de bonne qualité. La rigidité et la résistance au fluage ne sont pas aussi élevées que pour les alliages palladium-argent. Les grands bridges sont donc contre-indiqués.

1 . 5 . 6  -  Les alliages palladium-cobalt

Plus rares, ces alliages contiennent près de 90 % de palladium et 4 à 5 % de cobalt. Le rôle de ce dernier est d'élever le coefficient de dilatation thermique de l'alliage. Les inconvénients de ces alliages sont de présenter une couche d'oxyde très sombre, difficile à masquer et une affinité pour le carbone qui fragilise l'alliage en cas de contamination accidentelle.

1 . 6  -  Corrosion

Les principaux métaux contenus dans les alliages précieux sont résistants à la corrosion. La présence de cuivre ou d'argent dans l'alliage peut entraîner une corrosion à chaud de l'alliage (ternissure). Les additions mineures destinées à modifier les propriétés mécaniques ou physiques ont une influence réelle sur la résistance à la corrosion de l'alliage. Il est donc nécessaire de vérifier le sérieux des contrôles réalisés par le fabricant [12].

1 . 7  -  Biocompatibilité, toxicité, allergie

De très nombreuses études évaluent la biocompatibilité des alliages dentaires, ou des différents métaux avec des cellules en culture. [4]
Les alliages ayant la proportion la plus élevée en or présentent le meilleur comportement, alors que les alliages ayant le pourcentage le plus élevé en argent donnent des résultats plus défavorables [3].
En présence de cellules gingivales et épithéliales, l'or n'est pas cytotoxique avec des résultats similaires à ceux de la céramique [11].
WATAHA [16] a montré que la libération de cuivre et de zinc a un effet cytotoxique [14]. Une étude de Rykke [13] montre que les inlays sont les restaurations postérieures assurant le plus de longévité (13-14 ans et plus) et sont les obturations les plus biocompatibles.

Lors de tests comparatifs au cours desquels le comportement tissulaire au contact de différents alliages est évalué histologiquement aprés implantation sous-cutanée sur le rat, l'alliage d'or à 22 carats est le plus biocompatible, l'alliage Nickel-Chrome provoque des réponses défavorables. Les alliages à faible pourcentage d'or se situent entre les deux [5].

Des résultats sur des sujets âgés de 17 à 23 ans ayant déjà eu des antécédents d'allergie à un métal montrent que l'or est le métal présentant le risque le plus faible de réaction d’hypersensibilité [6].

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