1  -  Les alliages précieux


L'utilisation des alliages précieux a diminué en France depuis les années 1970. L'évolution défavorable du coût de ces matériaux et le développement des revêtements compensateurs destinés aux alliages non précieux ont amené de nombreux praticiens à proposer plus rarement ces alliages. Il n'en est pas de même dans d'autres pays comme l'Allemagne ou la Suisse, où ces alliages sont encore très utilisés.

Les avantages des alliages précieux sont nombreux, en particulier sur le plan biologique et pour leur résistance à la corrosion.

L'or est utilisé à des concentrations plus ou moins élevées dans les alliages précieux pour la coulée de pièces prothétiques unitaires ou plurales, fixes ou amovibles. Il est associé à des éléments issus de la mine du platine: platine, palladium, iridium, osmium, rhodium et ruthénium. L’argent ne fait pas partie de ces éléments.

Historique
Il est possible d'utiliser l'or à l'état pur ou platiné pour la réalisation d'obturations en méthode directe par condensation à froid [10]. Il se présente sous forme de feuilles de 10-3 mm d'épaisseur destinées à obturer des cavités par condensation. C'est le plus noble des matériaux, résistant à la corrosion même dans des conditions extrêmes. Il a de plus l'énorme avantage de "s'adapter" aux contraintes occlusales de la cavité buccale réunissant ainsi deux qualités essentielles : longévité et innocuité. Les inconvénients de cette méthode sont une manipulation très délicate et longue, une résistance mécanique insuffisante en cas de contraintes occlusales importantes, le côté inesthétique de l'obturation et son coût élevé. Elle n’est plus utilisée actuellement.

1 . 1  -  Composition et classification

On peut classer les alliages en fonction de leur carat. Le carat correspond à la proportion massique de métal précieux entrant dans la composition de l'alliage. Un carat représente un vingt-quatrième de la masse totale de l'alliage. D'une manière générale, il permettait anciennement de classer la teneur massique en or.

La composition (teneur ou titre) d'un alliage dentaire est précisée en millièmes de la masse totale. Ce degré de précision est nécessaire car des variations minimes de composition ont une influence sur les propriétés finales de l'alliage.

On peut également séparer les alliages selon leur couleur, jaune ou blanche. Cette information figure systématiquement sur les fiches techniques. Elle n'est pas significative de la teneur réelle en or de l'alliage. Elle est donc insuffisante pour évaluer la qualité d'un alliage.

Les spécifications de l'American Dental Association (ADA) classent les alliages dentaires en trois catégories: [1]
• "high noble" : comprenant un taux de métaux nobles supérieur ou égal à 60 % (en poids) dont un minimum de 40 % d'or.
• "noble" : comprenant un taux de métaux nobles supérieur ou égal à 25 % (en poids) sans précision pour l'or.
• "base métal" : alliages non précieux, comprenant un taux strictement inférieur à 25 % (en poids) de métaux nobles.

La norme NF EN ISO 22674 de mars 2007 spécifie une classification des matériaux métalliques convenant à la fabrication des appareils et aux restaurations dentaires, y compris les matériaux métalliques d'utilisation recommandée soit avec revêtement céramique, soit sans revêtement céramique ou indifféremment avec ou sans, et spécifie les exigences qui leur sont applicables. Elle précise par ailleurs les exigences relatives au conditionnement et au marquage des produits et les instructions à fournir pour l'utilisation de ces matériaux.

Elle annule et remplace les normes :
NF EN ISO 1562 : Art dentaire - Alliages d’or à couler.
NF EN ISO 6871 partie 1 et partie 2 sur les alliages dentaire non précieux à couler Base CoCor et base NiCr.
NF EN ISO 8891 : Alliage dentaire à couler avec une teneur en métaux précieux supérieure ou égale à 25% et strictement inférieure à 75 %.
NF EN ISO 16744 : Alliages dentaires en métaux pour les restaurations fixes.
La partie concernant les performances des métaux et alliages utilisés dans la composition métallique d’une restauration métallo-céramique de la norme NF EN ISO 9693 : Systèmes pour restaurations dentaires métallo-céramiques.

Les matériaux métalliques sont classés en six types selon leurs propriétés mécaniques.

Tableau I. Propriétés mécaniques requises par la norme NF EN ISO 22674
Type                  Limite conventionnelle pour
   un allongement non proportionnel de 0,2%   
                              Rp0,2
                              MPa
                          minimum
    Allongement à la rupture    
                        %
                 minimum
    Module de Young  
              GPa
          minimum
    0                                  -                         -                   -
    1                                 80                       18                   -
    2                               180                       10                   -
    3                               270                        5                   -
    4                               360                        2                   -
    5                               500                        2                 150

Le très large champ des alliages couverts par cette norme est montré par des exemples d’applications auxquelles ces types sont destinés.
Type 0 : destiné aux restaurations fixes unitaires soumises à faible contrainte, par exemple les petits inlays mono-face ou les couronnes à revêtement céramique.
Type 1 : destiné aux restaurations fixes unitaires soumises à faible contraintes, par exemple des inlays mono-face avec ou sans revêtement céramique et les couronnes à revêtement céramique
Type 2 : destiné aux restaurations fixes unitaires, par exemple les couronnes ou les inlays sans restriction quant au nombre de faces.
Type 3 : destiné aux restaurations fixes multiples, par exemple les bridges.
Type 4 : destiné aux appareils de section mince soumis à des forces très importantes, par exemple les prothèses partielles amovibles, les crochets, les couronnes minces à revêtements céramiques, les bridges de longue portée ou les bridges de petite section, les barres, les attachements, les superstructures soutenues par des implants.
Type 5 : destiné aux appareils composés de pièces exigeant à la fois une grande rigidité et une grande résistance, par exemple les fines prothèses partielles amovibles, les pièces à section mince, les crochets.

La composition des alliages doit être donnée avec une précision de 0,1% si les constituants représentent plus de 1% (fraction massique) . Tous les constituants présents à plus de 0,1% (fraction massique) doivent être énumérés. Pour les éléments reconnus comme dangereux (nickel, cadmium et béryllium), leur présence et leur quantité doivent répandre à des exigences supplémentaires.
Si l’alliage comporte plus de 0,1% (fraction massique) de nickel, sa composition doit être donnée à 0,1% prêt. De plus, une information sur la présence du nickel dans l’alliage doit apparaître sur la documentation, l’emballage, l’étiquette ou la notice.
Les alliages ne doivent pas contenir plus de 0,02% (fraction massique) de cadmium ou de béryllium.

Il est maintenant indispensable de faire référence à cette nouvelle norme NF EN ISO 22674, pour toutes les restaurations prothétiques, conjointes ou adjointes, à base de métaux communs (ou métaux non précieux) ou de métaux nobles.

1/10