Introduction

Le séjour en maternité a pour intérêt de vérifier la bonne adaptation à la vie extra-utérine du nouveau-né, de faire le point sur ses capacités neurosensorielles et d’accompagner la mise en place de la relation mère-enfant. Tous ces éléments sont essentiels au développement correct de l’enfant.
Jusque dans les années 1980, tout nouveau-né malade était transféré dans un service de pédiatrie et donc séparé de sa mère. La prise de conscience de l’importance de la création du lien mère-enfant et de l’effet néfaste de la séparation sur ce lien a amené à penser autrement l’hospitalisation de ces nouveau-nés et la prise en compte des parents.
Cette évolution s’est produite dans le cadre du développement de la médecine périnatale.
La médecine périnatale est définie par les soins à la mère, au fœtus et à l’enfant pendant la grossesse, le travail, l’accouchement et les suites de naissance. L’OMS définit la période périnatale comme débutant après 22 semaines (154 jours d’aménorrhée au moment où le poids de naissance est normalement de 500g) et se terminant sept jours révolus après la naissance. En France, elle est prise en compte à partir de la 28ème semaine de gestation.

Elle s’est développée dans les années 1970. Mais c’est avec les plans périnatalité 1995-2000 et 2005-2007 qu’elle a pris tout son sens. Son essor est aussi lié au développement de la réanimation néonatale et des nouvelles méthodes d’investigation et de traitement mais aussi aux progrès de la médecine fœtale.

1  -  La médecine périnatale


A la fin des années 1960, l’importance de la morbi-mortalité périnatale interroge. Une politique de planification en matière de périnatalité est inscrite en 1970 dans le VIème plan, et reconduite au cours du VIIème plan dans le cadre de la loi d’orientation du 30 juin 1975.
En 1972, deux décrets fixent des normes d’équipements pour les maternités privées et publiques avec, entre autre, l’obligation d’avoir des tables de réanimation néonatale avec arrivée d’oxygène et un chronomètre.
Suite à ces décrets, de nombreuses maternités privées vont fermer entre 1972 et 1988 (51,7 % soit une diminution de 865 à 418).
Les années 1970 sont aussi une période où apparaissent des mouvements pour une « naissance sans violence » comme celui du Dr Leboyer. Il y a donc un début de prise en compte de la dimension humaine de la naissance et du lien mère-enfant à favoriser.
Mais les années 1980 montrent une situation périnatale qui stagne malgré les mesures prises.
La position française a donc été de considérer que l’accouchement est une activité d’urgence, potentiellement à risque, nécessitant équipements et personnels qualifiés.
En parallèle, la médecine fœtale et les techniques de réanimation néonatale se sont développées ce qui a permis une meilleure prise en charge du fœtus et du nouveau-né.
Le transfert des nouveau-nés malades vers des unités de pédiatrie néonatale a entraîné une diminution notable de la mortalité et morbidité périnatale. Mais, il a vite été prouvé qu’il était préférable de réaliser des transferts in-utero pour un meilleur pronostic néonatal.
De plus, la séparation mère-enfant était un lourd tribut à payer lorsque le nouveau-né n’était transféré que pour une étroite surveillance. Ce constat a amené à développer les « unités kangourou ».
La définition des niveaux de soins néonatals et les 2 plans de périnatalité successifs ont tenté de répondre à ces difficultés.

1 . 1  -  Les niveaux de soins néonatals

Le GENUP-RP (groupe d’études en néonatologie et urgences pédiatriques de la région parisienne) a défini en 1989 et publié en 1990, les niveaux de soins propres au nouveau-né afin qu’il bénéficie de soins de qualité avec toute la sécurité requise tout en privilégiant le lien mère-enfant.

Cinq groupes sont été déterminés :

  • Niveau 1 : nouveau-nés bien portants
  • Niveau 2 : nouveau-nés atteints de troubles mineurs
    • Réchauffement, surveillance glycémique
    • Perfusion de courte durée
    • Photothérapie
  • Niveau 3 : nouveau-nés présentant des pathologies nécessitant la présence d’une infirmière qualifiée (puéricultrice) ou d’une sage-femme 24 h/24 et d’un pédiatre disponible 24 h/24 ; correspond à la néonatologie classique ou aux unités kangourous
    • Perfusions prolongées
    • Surveillance hémodynamique et respiratoire, 
    • Oxygénothérapie à faible concentration
  • Niveau 4 : nouveau-nés nécessitant des soins intensifs
    • Nutrition parentérale sur cathéter central
    • Oxygénothérapie en ventilation spontanée
    • Surveillance hémodynamique continue
  • Niveau 5 : nouveau-né avec soins de réanimation
    • Ventilation artificielle



La création de ce niveau intermédiaire qu’est le niveau 2, a remis en cause le transfert systématique.

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