3  -  Hygiène de vie

La première consultation de suivi de la grossesse est l’occasion d’informer, de conseiller au mieux la femme enceinte sur son hygiène de vie.
Ces informations seront répétées et complétées tout au long de la grossesse.

3 . 1  -  Alimentation et supplémentation

 La nutrition de la femme enceinte 

3 . 1 . 1  -  Généralités

« Ne pas manger pour deux » et avoir une alimentation saine, variée et équilibrée sont les deux conseils à donner aux femmes enceintes.
Idéalement, l’alimentation doit comporter 15 à 20 % de protéines, 25 % de lipides et 55 à 60 % d’hydrates de carbone. Il est important de conseiller 3 repas et une à deux collations par jour en évitant le grignotage.
Les besoins en protéines (viande, poisson laitage) augmentent durant la grossesse pour assurer la croissance du fœtus. Les besoins en calcium sont élevés en raison de la formation du squelette de l’enfant. Il est conseillé de consommer un litre de lait par jour sous toutes ses formes.
On insistera également sur l’apport de fibres, de minéraux et de vitamines contenus dans les légumes et les fruits.
L’eau est la seule boisson indispensable et il est recommandé d’en boire 1,5 l/jour. La consommation d’alcool est proscrite tout au long de la grossesse.
La grossesse nécessite donc une alimentation variée, saine et équilibrée adaptée aux besoins énergétiques de la femme enceinte.

Selon l’HAS, si le régime alimentaire de la femme enceinte est équilibré, aucun complément multivitaminé n’est nécessaire. Il n’existe aucun argument en faveur d’une supplémentation systématique en iode, calcium, zinc et fluor.

3 . 1 . 2  -  Supplémentation en fer et en acide folique

La supplémentation systématique en fer de la femme enceinte n’est pas nécessaire. En revanche, en cas de carence martiale avérée (hémoglobine < 11 g/dL et hématocrite < 32 %), il est recommandé de prescrire 20 à 30 mg/jour de fer à partir de 20 SA. La supplémentation de routine de 100 mg de fer en l’absence d’anémie peut être potentiellement dangereuse par augmentation significative de la durée de la grossesse et de la mortalité périnatale.

L’apport d’acide folique 28 jours avant la conception et jusqu’à 12 SA réduit le risque de défaut de fermeture du tube neural. De récentes études tendent à prouver que la poursuite de cet apport pendant la grossesse diminuerait les retards de croissance intra-utérins sévères et les accouchements prématurés.

3 . 1 . 3  -  Supplémentation en vitamine D

La vitamine D participe à l’absorption du calcium et du phosphore. Dans les régions peu ensoleillées, une prescription unique de 100 000 UI de vitamine D est effectuée dès 28 SA.

3 . 2  -  Autres mesures hygiéno-diététiques

3 . 2 . 1  -  La toxoplasmose

En cas de séronégativité, il est conseillé aux femmes enceintes de bien cuire la viande et d’éviter la consommation de viandes crues, fumées, marinées ou grillées. Les légumes, fruits et plantes aromatiques surtout terreux doivent être soigneusement lavés. Une bonne hygiène des mains, des ustensiles de cuisine et du réfrigérateur est fortement recommandée. Le réfrigérateur est à nettoyer 2 fois par mois avec un détergent décontaminant. Sa température doit être maintenue à + 4° C.

Tout contact direct avec des objets contaminés par des excréments de chat est à éviter. On conseillera également le port de gants en cas de jardinage.

3 . 2 . 2  -  La listériose

Il est nécessaire d’éviter la consommation de fromages à pâtes molle au lait cru et les croûtes de fromages. En ce qui concerne la charcuterie, il est préférable de manger des produits préemballés en respectant les dates de péremption.

3 . 2 . 3  -  La salmonellose

Les œufs et les produits à base d’œufs sont à conserver au réfrigérateur. On déconseillera la consommation d’œufs crus ou mal cuits.

3 . 3  -  Les addictions

Parler des conséquences de l’alcool, du tabac et des différentes drogues sur l’enfant à naître est important.

L'alcool chez la femme enceinte
Source : Wikipédia.

Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF) est la conséquence des effets tératogènes et embryofœtotoxiques de l’exposition prénatale à l’alcool en relation avec les conduites d’alcoolisation maternelles pendant la grossesse.
En égard à la toxicité embryofœtale de l’alcool, il est recommandé aux femmes de ne pas consommer de boissons alcooliques durant toute la durée de la grossesse. Une dose minimale d’alcoolisation sans conséquence n’étant pas aujourd’hui définie, le conseil quant à une dose minimale qui serait sans danger n’est pas recommandé.
Environ 30 % des femmes fumeuses arrêtent de fumer pendant leur grossesse. 30 % diminuent leur consommation sans aide spécifique, la plupart des femmes reprennent leurs habitudes tabagiques antérieures après l’accouchement lors du retour au domicile.
Des aides peuvent être proposés. En cas de sevrage tabagique, l’utilisation de Traitements Nicotiniques Substitutifs (TNS) est possible pendant la grossesse et l’allaitement.
Chez les femmes enceintes toxicomanes, des traitements substitutifs peuvent être prescrits. Le sevrage sera de préférence au second trimestre soit par la Méthadone®, administrée par voie orale à la dose moyenne de 80 mg par jour, soit par le Subutex® (buprénorphine), agoniste partiel des récepteurs opioïdes prescrit par vie orale.

En cas d’addiction avérée, il est important d’orienter le patiente pour une prise en charge adaptée.

3 . 4  -  L’automédication

De nombreux médicaments sont considérés comme dangereux pendant la grossesse, c’est pourquoi il est indispensable de demander aux femmes enceintes de prendre conseil auprès des professionnels de santé avant toute prise médicamenteuse. Des effets tératogènes peuvent se produire les 3 premiers mois de la grossesse.

L’innocuité des thérapies complémentaires ou alternatives (médecine par les plantes, aromathérapie, etc.) n’a pas été suffisamment évaluée.

3 . 5  -  Les vaccinations

Seuls les vaccins contre l’hépatite B, la grippe, la méningite, la poliomyélite, la rage, le tétanos et la fièvre jaune sont autorisés pendant la grossesse.
Ces vaccins ne sont prescrits que s’il existe un risque infectieux avéré ou une indication particulière.

3 . 6  -  L’hygiène corporelle et vestimentaire

Il est conseillé aux femmes enceintes de se laver souvent les mains, avant et après les repas, de se doucher quotidiennement et d’éviter les douches vaginales.
Il est aussi recommandé aux femmes enceintes de porter des vêtements amples et souples, de proscrire le port de chaussures à talons hauts et d’éviter les vêtements qui compriment ou entraînent une constriction des membres.
L’hygiène buccodentaire est recommandée par un brossage des dents après chaque repas et au moins deux fois par jour.
Pour les soins dentaires, la suppression des foyers infectieux est indispensable en même temps qu’un traitement antibiotique, afin d’éviter toute dissémination bactérienne. Le paracétamol comme traitement antalgique peut être utilisé sans risque pendant toute la grossesse. Pour les bains de bouche à la chlorhexidine, une solution sans alcool est conseillée.

3 . 7  -  L’activité sexuelle

Les rapports sexuels sont possibles tout au long de la grossesse et ne doivent pas être déconseillés. L’état de grossesse entraîne des transformations physiques et psychologiques sur la libido de la femme et de l’homme. Il a été montré que la libido diminue aux 1er et 3ème trimestres et augmente au 2ème chez la femme. Certaines positions peuvent devenir moins confortables, voire impossibles.

3 . 8  -  L’activité professionnelle

L’activité professionnelle n’est contre-indiquée que dans des situations particulières. La femme enceinte doit éviter les transports inutiles et privilégier le repos.

3 . 9  -  Les voyages

En cas de déplacements en voiture, il est conseillé de faire une pause toutes les 2 heures, surtout en cas de longs trajets. Même si la grossesse se passe bien, il faut éviter de passer plus de huit heures en voiture dans une journée. Le port de la ceinture est obligatoire, elle doit être placée au-dessus et sous le ventre. Tout choc même à faible vitesse peut être dangereux.
En cas de déplacement en avion, il est important d’informer les femmes enceintes du risque accru de thrombose veineuse et de conseiller le port de bas de contention. Il faut aussi leur recommander de s’hydrater et de déambuler pendant le voyage. La plupart des compagnies acceptent les femmes enceintes jusqu’à 36 SA mais il est utile de se renseigner avant le départ.
Pour les voyages à l’étranger, des mesures prophylactiques doivent être entreprises en fonction du pays de destination : hygiène alimentaire, risque infectieux, vaccination, etc. Les risques d’intoxication alimentaire sont possibles. Il est fortement conseillé de se renseigner sur les structures d’accueil pour les femmes enceintes.

3 . 10  -  Sport et grossesse

Il semble qu’il faille avant tout faire preuve de bon sens, distinguer le cas d’une femme sportive avant la grossesse de celle qui souhaite s’y adonner parce qu’elle est enceinte.
Au cours de la grossesse, l’organisme maternel adapte son système cardiovasculaire à l’effort. De même, l’unité fonctionnelle fœtomaternelle modifie sa réponse respiratoire car le fœtus a besoin d’un approvisonnement constant en O2 et substrats.
Ainsi, « l’exercice régulier et modéré pendant une grossesse sans pathologie présente un risque minimal pour les femmes et leur(s) fœtus. »
L’American College of Obstetricians & Gynecologists (ACOG) a élaboré une liste de contre-indications absolues et relatives concernant la pratique d’une activité intense, soit du fait d’un risque d’hypoxie, soit du fait d’un risque d’hypoglycémie maternelle et fœtale (cf. tableau ci-dessous).

Sport et grossesse
Contre-indications absolues Contre- indications relatives
  • Pathologies cardiaques avec retentissement hémodynamique
  • HTA gravidique et pré-éclampsie
  • Insuffisance respiratoire restrictive
  • Béance cervico-isthmique
  • Métrorragies aux 2e et 3e trimestres
  • Placenta praevia
  • Menace d’accouchement prématuré
  • Rupture prématurée des membranes
  • HTA mal équilibrée
  • Arythmie cardiaque maternelle
  • Anémie maternelle sévère
  • Bronchite chronique
  • Tabagisme majeur
  • Diabète de type 1 mal équilibré
  • Obésité morbide
  • Extrême maigreur (IMC < 12 kg/m²)
  • Retard de croissance intra-utérin
  • Hyperthyroïdie maternelle mal équilibrée
  • Autres pathologies endocriniennes mal équilibrées

Des activités douces et régulières sont préconisées. La natation présente un effet favorable au niveau cardiovasculaire et des risques orthopédiques moindres. L’exercice régulier en aquagym permet d’améliorer la tonicité musculaire chez les femmes peu sportives.
La gymnastique, notamment rythmique et d’assouplissement, le golf, la marche à pieds ou la course sur terrain souple et plat sont envisageables.
Chez les femmes sportives, il semble de nos jours démontré que la durée totale du travail et notamment la phase d’expulsion soient diminuées avec un accouchement moins douloureux.
Au total, une activité sportive et physique globale en l’absence d’antécédent médical ou obstétrical particulier peut être recommandée selon le bon sens et le principe de précaution.
Chez les femmes sportives avant la grossesse, on conseille une activité suboptimale et toujours aérobie. Chez les femmes non sportives avant la grossesse, le maintien d’une activité physique et notamment une activité de marche d’environ 30 min par jour peut être préconisée, 2 à 3 fois par semaine.
La pratique de la gymnastique d’assouplissement et de la natation est recommandée aux femmes qui souhaitent débuter une activité physique.
Tout sport à risque traumatique devra être strictement proscrit.

7/8