1  -  Généralités

1 . 1  -  Epidémiologie :

L’Etude Cocon ou étude COhorte sur la CONtraception a été menée de 2000 à 2004 en France(cf. note : 1).
Il s’agit de :

  • Enquête socio-épidémiologique sur les pratiques contraceptives et le recours à l’IVG en France
  • Etude ayant interrogé par téléphone chaque année 2863 femmes âgées de 18 à 44 ans


Principaux résultats :

  • 82% des femmes utilisent une contraception médicale
  • 1 grossesse sur 3 est non prévue (GNP)
  • Les 2/3 des grossesses non prévues surviennent sous contraception (30% sous contraception médicalisée)
  • Parmi les femmes interrogées, 20% ont oublié leur contraception orale dans le mois précédent l’enquête


Le taux d’IVG reste stable en France depuis 10 ans : 220.000 IVG par an
On estime que 40% des femmes auront recours à une IVG au cours de leur vie
Parmi les femmes ayant eu recours à une IVG (dans l’étude COCON)

  • 23% utilisaient la pilule
  • 19% le préservatif
  • 19% une méthode naturelle
  • 7% un Dispositif Intra Utérin (DIU)
  • 4% une autre méthode
  • 28% n’avaient pas de contraception à ce moment là

Parmi elles, la moitié avait eu un changement contraceptif dans les 6 mois précédents.

Il y a une certaine rigidité de la "norme contraceptive" en France:

  • Au début de la vie sexuelle, les jeunes utilisent le préservatif
  • Lorsque la situation est stable, la femme utilise la pilule
  • Et après avoir eu ses enfants, elle opte pour le DIU


Il existe également une certaine norme procréative : le fait d’avoir un enfant rentre dans le cadre d’un projet parental, lorsque le couple est stable avec une bonne situation professionnelle et économique, lorsque les parents ont « le bon âge » pour avoir un enfant, il existe un bon écart d’âge entre les enfants (de 2 ans environ), et la taille de la famille est raisonnable (2 ou 3 enfants).

1 . 2  -  Rappels sur les critères d'évaluation d'une méthode contraceptive

1 . 2 . 1  -  Indice de Pearl (IP)

Définition = C'est le nombre de grossesses observées pour 100 femmes utilisant la méthode contraceptive pendant 1 an. Il s’exprime en pourcentage.

Il distingue l’utilisation optimale (en respectant toutes les règles de la notice) et la pratique courante (= dans la vraie vie !)

Figure 1 : Efficacité comparative des principales méthodes contraceptives
Source : http://campus.cerimes.fr/gynecologie-et-obstetrique/enseignement/item27_1/site/html/1.html

1 . 2 . 2  -  Critères d’efficacité des méthodes contraceptives

L’indice de Pearl doit être acceptable pour la patiente et/ou le couple.
L’innocuité de la méthode (inoffensivité pour l’organisme) doit avoir été établie et doit s’appliquer à chacune des personnes utilisant la méthode contraceptive (en fonction des antécédents médicaux par exemple).
Il doit y avoir une bonne tolérance de la méthode, ainsi qu’une bonne acceptabilité (par le couple).
La méthode doit être réversible (sauf en ce qui concerne la stérilisation à visée contraceptive).
Le coût de la méthode doit être acceptable vis-à-vis du mode de vie et de la situation financière de la femme/du couple.
L’observance de la méthode est importante est doit être respectée afin d’obtenir un bon taux d’efficacité (certaines méthodes nécessitent d’avantage de rigueur dans la prise que d’autres).

Le contraceptif idéal n’existe pas (il faut essayer de l’adapter à chaque femme/couple et à chaque situation).

1 . 3  -  Un peu d'histoire

Dans l’antiquité plusieurs méthodes sont utilisées à travers le monde :

  • Des décoctions contraceptives à base de caroube, datte, de miel, de gomme, acacias, racine de mandragore, huile d’olive… (Papyrus d’EBERS XVIème siècle av JC)
  • Méthode du retrait
  • Pierres introduites dans le vagin le plus loin possible (Mésopotamie 1600 av JC).
  • Eponges imbibées de vinaigre le mokh (Arménie).

Au moyen âge en France

  • les méthodes de régulation des naissances existantes ne sont guère efficaces et les connaissances sont imprécises. Les croyances plus ou moins mystiques persistent.
  • L’abstinence est prônée par le clergé contrairement au coït interrompu également dévoyé par les médecins.
  • L’allaitement maternel tardif permet d’espacer les naissances.
  • L’usage de tampons d’ouate et d’éponges imbibées de substances acides apparait.


XVIème au XVIIème

  • le1er spermicide, également appelé eau bleue ou eau des savonniers. C’est une lessive de potasse ou de soude utilisée par les femmes jusqu'au milieu du XXe siècle. La preuve scientifique de son efficacité n'est apportée qu'en 1776 par Spallanzani, qui découvre que les spermatozoïdes deviennent inactifs lors de la diminution du pH du sperme par addition de vinaigre.
  • En 1564 Gabriel Faloppe, anatomiste italien crée un fourreau d'étoffe légère, fait sur mesure, pour protéger des maladies vénériennes. L’objectif de ce « présevatif » est le soin et non la contraception


XVIIIème au XIXème siècle

  • Vers 1712-1715 Le préservatif en boyau de mouton se développe en Europe, il prend alors le nom de "condom", "Calottes d'assurance" puis de "Redingote Anglaise". Il fallut attendre la fin du siècle pour reconnaitre l'efficacité de ce préservatif contre les grossesses non désirées(cf. note : 2).
  • 1839 Le préservatif de caoutchouc nait après l'invention de la vulcanisation du caoutchouc par Goodyear
  • Vers 1880, le premier préservatif en latex est produit mais il faudrait attendre les années 1930 pour que son utilisation se répande.
  • Au 19ème siècle, le retrait suivi d'une douche vaginale représente la meilleure contraception dans les mentalités des femmes
  • 1882 Pour la 1ère fois le Dr Hasse (sous le pseudonyme de Mensinga), un gynécologue allemand décrit le diaphragme vaginal. Il fut connu ensuite en Hollande et en Angleterre sous le nom de "Dutch Cap"
  • 1885 le pharmacien anglais Walter Rendell conçoit le premier l'ovule contraceptif à base de beurre de cacao et de quinine.


Du XXème siècle à nos jours

  • la loi du 31 juillet 1920 réprime la provocation à l'avortement et à la propagande anticonceptionnelle
  • Dès 1920 Les premiers stérilets apparaissent, sous forme d'anneaux de soie chirurgicale, pour ensuite être en fer.
  • 1924, le Dr Ogino , au Japon, met au point sa méthode naturelle, basée sur le calcul de la période de fécondité.
  • Vers 1930, le Dr Knaus, invente la méthode des températures, permettant de repérer l’ovulation.
  • 1935 : création des premiers dispensaires français de contrôle des naissances : les "birth control"
  • 1954 : Grégory Pincus, médecin américain, met au point la pilule contraceptive qui sera commercialisée en 1960 aux Etats-Unis et en 1963 en France.
  • 1955 : l’avortement thérapeutique est autorisé pour « sauver la vie de la mère », mais les médecins ont le droit de ne pas le pratiquer(cf. note : 3).
  • 1956 : création de "la Maternité heureuse", qui deviendra le Mouvement français pour le planning familial (MFPF) en 1960, dans le but de légaliser les moyens anticonceptionnels
  • 1967 : La loi n°67-1176 du 28 décembre 1967, dite loi Lucien Neuwirth, autorise enfin la contraception en France. Les décrets d’applications de cette loi paraitront en 1969 et 1972
  • 1974 : La loi n°74-1026 du 4 décembre 1974 prévoit la gratuité de la pilule pour les mineures dans les centres de planification
  • 1975 : La loi du 17 janvier 1975, dite loi Simone Veil permet l'VG jusqu'à 10 semaines de grossesse pour les femmes en situation de détresse. La même année, la loi autorise le remboursement de la pilule et du DIU par les organismes sociaux.
  • 1982 : La Loi n°82-1172 du 31 décembre 1982 prévoit le remboursement de l’IVG par la Sécurité Sociale
  • 1991 : La loi du 18 janvier 1991 supprime l’interdiction de la publicité sur les préservatifs masculins.
  • 2001 : La loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001
    • dépénalise l’IVG et porte son délai de 10 à 12 semaines de grossesse.
    • supprime l’autorisation parentale pour les mineures qui bénéficient alors d’une prise en charge gratuite et anonyme. La mineure devra cependant être accompagnée d’un majeur de son choix.
    • autorise la stérilisation à visée contraceptive.
    • impose qu’une information et une éducation à la sexualité soit donnée trois fois par an, dans les collèges et les lycées.
  • 2009 : la loi n° 2009-879 dite HPST:
    • permet, dans certaines conditions, aux infirmiers le renouvellement de la prescription, et aux pharmaciens la dispensation, de certains contraceptifs hormonaux oraux quand la prescription initiale est périmée.
    • Elargit les compétences de la sage-femme qui peut désormais effectuer des consultations de contraception et de suivi gynécologique de prévention, sous réserve que la sage-femme adresse la femme à un médecin en cas de situation pathologique.
  • 2012 Décret n°2012-910 du 24 juillet 2012 précise les modalités de délivrance de a contraception d'urgence par les services universitaires et interuniversitaires de médecine préventive et de promotion de la santé.
  • Décret n°2012-881 du 17 juillet 2012 L'insertion, le suivi et le retrait des dispositifs intra-utérins et des implants contraceptifs sont autorisés aux sages-femmes
Notes
  1. 1 : Etude COCON, Nathalie Bajos, INSERM-INED Unité 822, SYNTHESE DE L’ENQUETE COCON (2000-2004), mars 2008http://www.profa.ch/cms/documents/PF-synthesecocon2008.pdf
  2. 2 : L'histoire du Préservatif de 6000 ans avant Jésus Christ à nos Jours... http://www.leroidelacapote.com/history.php
  3. 3 : art L161-1 du CSP version en vigueur du 12 mai 1955 au 1 janvier 1980, cf annexe-1
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