Introduction

La Leucémie Lymphoïde Chronique (LLC) est une prolifération lymphoïde monoclonale, responsable d'une infiltration médullaire, sanguine, parfois ganglionnaire, constituée de lymphocytes matures de morphologie normale et de phénotype B.
C'est la plus fréquente des leucémies de l'adulte. Elle ne se rencontre pas chez l'enfant.
D'évolution chronique, la LLC reste une maladie incurable, mais de progression lente pour une large majorité des patients.

1  -  Diagnostic positif

Survenant généralement après 50 ans, le début est souvent insidieux.

1 . 1  -  Les circonstances de découverte

  • La numération formule sanguine systématique est la circonstance de découverte la plus fréquente : elle objective une hyperlymphocytose.
  • Le syndrome tumoral (inconstant) : polyadénopathies, splénomégalie (rarement isolée).
  • Une complication infectieuse révélatrice : zona, pneumopathie récidivante…
  • Plus rarement les conséquences d'une cytopénie : anémie, thrombopénie.

1 . 2  -  Les éléments du diagnostic

1 . 2 . 1  -  La numération formule sanguine met en évidence une hyperlymphocytose

Elle est suffisante pour évoquer fortement le diagnostic dans la majorité des cas. Elle montre une hyperlymphocytose le plus souvent isolée, d'importance variable (parfois très élevée), toujours supérieure à 4 G/L, persistant sur plusieurs examens au-delà de 6-8 semaines.
Les lymphocytes sont le plus souvent de morphologie normale et monomorphes sur le frottis de sang.

Les autres lignées sont normales, en dehors d'une complication (hémoglobine < 120 g/L dans 25 % des cas et < 100 g/L dans 10 % des cas, thrombopénie < 100 G/L dans 5-10 % des cas).

Figure 1 : Étalement sanguin : sujet sain
Étalement sanguin chez un sujet normal dont la leucocytose est à 5,4 G/L. On distingue à droite un polynucléaire neutrophile et au-dessus un petit lymphocyte, au milieu un polynucléaire éosinophile et à gauche un monocyte avec au-dessus un lymphocyte.
Figures 2 et 3 : Étalement sanguin : LLC
Étalement sanguin chez un homme de 67 ans présentant une leucémie lymphoïde chronique. Nombreux petits lymphocytes avec noyau arrondi et cytoplasme très réduit. Les lymphocytes de la LLC sont très fragiles : les cellules éclatées (marquées d'une croix sur la photo) s'appellent « ombres de Gumprecht ».

1 . 2 . 2  -  L'immunophénotypage des lymphocytes sanguins est l'examen essentiel pour confirmer le diagnostic.

Réalisé par cytométrie de flux, il affirme la nature B (présence des antigènes CD19 et CD20) et la monotypie des lymphocytes (expression d'une seule chaîne légère d'immunoglobuline de faible intensité) et l'antigène CD5 est présent (habituellement marqueur de lymphocytes T).
L'immunophénotypage permet de calculer un score (score de Matutes, de 0 à 5 selon l'expression ou non de divers antigènes). Un score supérieur ou égal à 4 affirme le diagnostic de LLC et élimine les autres causes d'hyperlymphocytose.

1 . 2 . 3  -  Le myélogramme

Le myélogramme n'a pas d'intérêt et ne doit pas être réalisé pour affirmer la maladie.
Il sera réalisé dans les cas de cytopénies mal expliquées (anémie, thrombopénie) pour en affirmer le caractère central ou périphérique.

1 . 2 . 4  -  En cas de syndrome tumoral

La ponction et la biopsie ganglionnaire ne sont pas utiles au diagnostic.
Souvent absent au début de la maladie, le syndrome tumoral est la conséquence d'une infiltration lymphocytaire diffuse pouvant toucher tous les organes.
Il se manifeste principalement par des polyadénopathies superficielles, symétriques, non compressives, fermes et indolores. Touchant toutes les aires ganglionnaires, avec ou sans splénomégalie, et plus rarement une hépatomégalie.

1 . 2 . 5  -  Les autres examens (bilan complémentaire)

Une électrophorèse des protéines sérique sera faite. Elle peut :

  • Être normale (situation la plus fréquente au moment du diagnostic),
  • Montrer une hypogammaglobulinémie (situation la plus fréquente quelques années après le diagnostic, qui favorise les infections à répétition).
  • Objectiver un composant monoclonal (10 % des cas), le plus souvent de nature IgM et < 5 g/L.


La recherche d'un auto-anticorps anti-érythrocytaire sera systématique par un test de Coombs direct. Sa présence est associée ou non à une hémolyse.

1/5