Introduction

Les dysgonosomies qui seront traitées dans ce chapitre sont les anomalies de nombre des gonosomes X et Y. Ces anomalies ont beaucoup moins de répercussions sur le plan phénotypique que les aneuploïdies impliquant les autosomes, et sont la plupart du temps viables. Ceci provient du phénomène d’inactivation du chromosome X (un chromosome X actif unique dans chaque cellule somatique) et probablement du faible nombre de gènes sur le chromosome Y.

Le retentissement phénotypique implique selon les anomalies observées, la taille, puis moins fréquemment le langage et la fertilité.
Leur découverte en prénatal, le plus souvent fortuite, rend leur annonce difficile en conseil génétique.

1  -  45,X : syndrome de Turner


Fréquence
 : il concerne 0.4 pour mille nouveau-nés filles.
Il s’agit de filles présentant une petite taille associée à une insuffisance gonadique.

Signes cliniques : les circonstances de découverte du syndrome de Turner sont variables : en prénatal sur des signes échographiques : hygroma colli, anasarque ; à la naissance en cas de lymphœdème, de petite taille ; pendant l’enfance en cas de retard statural; à l’adolescence en cas d’absence de puberté, d’aménorrhée primaire et de petite taille, et à l’âge adulte en cas de stérilité et de retard statural.
Cliniquement, on peut observer une petite taille (<1.50m), un pterygium colli, une implantation des cheveux en trident, des oreilles basses, un palais ogival, une micrognathie, un thorax large avec écartement exagéré des mamelons, un cubitus valgus, un genu valgum, des naevi pigmentaires, une brièveté du IVème métacarpien, une coarctation de l’aorte (25%), des reins en fer à cheval (50%), une dysgénésie gonadique avec des ovaires atrophiques (bandelettes fibreuses).
Les filles n’ont pas de retard mental, mais peuvent présenter des difficultés modérées dans les apprentissages, nécessitant un soutien scolaire.

Biologiquement, la FSH est élevée, le corpuscule de Barr est négatif.

Diagnostic cytogénétique : le syndrome de Turner est caractérisé par une formule chromosomique 45,X dans un peu plus de la moitié des cas. Dans les autres cas, la formule est en mosaïque avec une formule 46,XX, et/ou on observe une anomalie de structure d’un des deux chromosomes X (délétion, anneau). Très fréquent dans les produits de fausses couches (90%), il est retrouvé à la naissance à une fréquence de un pour 2500 filles. Certaines anomalies de structure de l’X peuvent donner un retard mental en cas d’ anneau de l’X de petite taille, ne possédant pas de centre d’inactivation, aboutissant à une disomie fonctionnelle délétère de l’X.
L’âge maternel n’influe pas sur la survenue de la formule 45,X.

Prise en charge et traitement : l’annonce diagnostique doit faire partie du processus de prise en charge globale au sein d’une équipe multidisciplinaire (endocrinologue, gynécologue).
Le traitement par hormone de croissance pendant l’enfance (en moyenne 2-4 ans) permet d’améliorer la taille adulte. L’induction de la puberté est le plus souvent nécessaire par de faibles doses d’œstrogènes et est suivie du traitement substitutif par œstroprogestatifs de l’insuffisance ovarienne. On doit assurer le dépistage et le traitement adapté des maladies associées éventuelles (déficit auditif, hypertension artérielle, endocrinopathies, diabète dyslipidémie et des complications cardiovasculaires à type de coarctation aortique) et des difficultés scolaires ou d’insertion socio-professionnelle éventuelles et informer sur l’existence d’une association de patients.

La découverte en prénatal d’une formule 45,X entraîne un conseil génétique particulièrement difficile. Les circonstances de découverte de l’anomalie vont orienter le discours du cytogénéticien (fortuitement ou après mise en évidence de malformations échographiques)

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