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Il convient de distinguer les indications du caryotype en période anténatale et en période postnatale.
Le caryotype est l’examen de référence lorsqu’une anomalie chromosomique est suspectée en période anténatale. Les indications sont variées :
Le caryotype est proposé en première intention devant une association de signes suggérant fortement un syndrome chromosomique connu (par exemples : trisomie 21, syndrome de Turner, syndrome de Klinefelter…).
Jusqu’à récemment, le caryotype était un élément essentiel du bilan d’un patient présentant une déficience intellectuelle associée ou non à une dysmorphie faciale, à une ou des malformations congénitales, à un trouble envahissant du développement. Il permettait la détection d’un déséquilibre chromosomique, délétion ou duplication. Les développements récents des puces à ADN génomique ont modifié les indications du caryotype dans l’exploration de la déficience intellectuelle. Des déséquilibres de beaucoup plus petite taille peuvent être mis en évidence augmentant considérablement le niveau de résolution comparé à ce qui peut être obtenu grâce à un caryotype standard.
Lorsque le phénotype du patient n’est pas cliniquement reconnaissable, l’ACPA est de plus en plus proposée en première intention en remplacement du caryotype standard. Le caryotype vient cependant en complément de l’ACPA dans au moins deux situations : (1) Si une délétion ou une duplication chromosomique de novo est identifiée par puce à ADN, il est important de réaliser les caryotypes parentaux. En effet, l’un des parents peut être porteur d’une insertion chromosomique. Dans ce cas, le caryotype parental est équilibré mais, chez l’un d’eux, la région chromosomique délétée ou dupliquée chez l’enfant est insérée ailleurs sur le génome. Le risque de transmettre à nouveau cette délétion ou cette duplication est proche de 50%. Si le déséquilibre est de trop petite taille pour être visible grâce à un caryotype standard, une hybridation in situ en fluorescence sur métaphases est indiquée afin de localiser la région chromosomique sur le génome ; (2) La suspicion chez un patient d’un dérivé de translocation réciproque par puce à ADN génomique nécessite la réalisation du caryotype de l’enfant et de ses parents. Un dérivé de translocation est suspecté sur une puce à ADN lorsque la partie terminale d’un chromosome est délétée et que la partie terminale d’un autre chromosome est dupliquée. Un dérivé de translocation réciproque peut être le résultat d’une translocation réciproque parentale équilibrée. Cette information est importante en conseil génétique en raison du risque de récurrence non négligeable.
Une ADS observée à la naissance peut justifier la réalisation d’un caryotype constitutionnel. Il permet de déterminer la formule gonosomique, XY ou XX, et ainsi d’orienter le choix du sexe civil donné à l’enfant
A tout âge, un caryotype peut être demandé devant un retard de croissance. Lorsque le retard de croissance est isolé, la recherche d’une délétion de l’ensemble ou d’une partie (i.e. un ou plusieurs exons) du gène SHOX par une technique ciblée de génétique moléculaire, par exemple PCR quantitative, est de plus en plus utilisée en complément ou remplacement du caryotype
L’hybridation in situ en fluorescence (FISH) réalisée grâce à une sonde spécifique de la région chromosomique donnée vient en complément du caryotype
A la différence des puces à ADN, le caryotype permet de visualiser la morphologie des chromosomes et ainsi la mise en évidence des remaniements chromosomiques équilibrés. Le caryotype est par conséquent essentiel au bilan réalisé dans le cadre de troubles de la fertilité (azoospermie ou oligospermie sévère) ou d’avortements spontanées à répétition. Il permet la détection d’une translocation réciproque ou Robertsonienne parentale équilibrée. A ce jour, les puces à ADN ne permettent pas de répondre à cette question.
Lorsqu’un remaniement de structure est connu au sein d’une famille (translocation réciproque ou Robertsonienne), le caryotype est indiqué chez toute personne à risque d’être porteuse du remaniement chromosomique à l’état équilibré. Si la translocation implique des fragments chromosomiques de grande taille, le caryotype peut suffire au diagnostic. En revanche, si les fragments chromosomiques sont de petite taille, la FISH peut être indiquée en complément du caryotype.
Le caryotype est également un examen essentiel au diagnostic et à la caractérisation de pathologies acquises dont les hémopathies et les tumeurs solides. Nous ne détaillerons pas ces indications qui ne relèvent pas de la cytogénétique constitutionnelle.
Remerciements :
Je remercie tout particulièrement le Dr Philippe Piloquet, le Dr Claire Bénéteau et le Pr Damien Sanlaville pour leur lecture critique. Le guide des bonnes pratiques en cytogénétique édité par l’ACLF a été consulté pour établir les indications du caryotype constitutionnel.