3  -  Traitement

3 . 1  -  Principes

Il comprend :

  • le traitement des facteurs favorisants ;
  • le traitement simultané de tous les foyers.


Le traitement des candidoses cutanéo-muqueuses est local .

Le choix des antifongiques tient compte :

  • de la localisation et de l’étendue des lésions ;
  • du terrain (femme enceinte, immunodépression…) ;
  • d’une atteinte phanérienne associée (poils, ongles) ;
  • du risque d’effets secondaires et d’interactions médicamenteuses (traitement oral) ;
  • du coût.


Un traitement général est prescrit si :

  • l’atteinte est étendue ;
  • l’atteinte est inaccessible à un traitement local simple ;
  • dans un contexte de déficit immunitaire (génétique ou acquis).

3 . 2  -  Moyens thérapeutiques

3 . 2 . 1  -  Antifongiques locaux

Tableau 1 : Antifongiques locaux

3 . 2 . 1 . 1  -  Molécules

Il s’agit :

  • d’antibiotiques de type polyènes : amphotéricine B (Fungizone) ;
  • d’imidazolés : nombreuses molécules et formes galéniques ;
  • de pyridones : ciclopiroxolamine (Mycoster) ;
  • d’allylamines : terbinafine (Lamisil), d’efficacité moindre.

3 . 2 . 1 . 2  -  Critères de choix

Les topiques imidazolés ont la préférence.

La forme galénique (crème, poudre, gel…) est adaptée à la localisation de la candidose.

Le rythme d’application (1 ou 2 applications quotidiennes) dépend de la molécule utilisée.

La durée du traitement est de 2 à 4 semaines.Le traitement d’un foyer muqueux se fait par : suspension buccale, dragée ou ovule (formes à libération prolongée).

3 . 2 . 2  -  Antifongiques généraux

Deux dérivés imidazolés constituent les molécules de référence.

3 . 2 . 2 . 1  -  Kétoconazole (Nizoral)

Il est prescrit dans les candidoses cutanéo-muqueuses ou systémiques (200 à 400 mg/j).

La survenue possible d’hépatite médicamenteuse grave, bien que rare, impose une surveillance biologique toutes les 2 semaines pendant les 6 premières semaines de traitement.

Il présente de nombreuses interactions médicamenteuses.

Sa prescription est actuellement limitée.

3 . 2 . 2 . 2  -  Fluconazole (Triflucan)

La voie intraveineuse est réservée aux candidoses systémiques, disséminées et profondes.

La voie orale est réservée aux candidoses oropharyngées au cours des états d’immunosuppression (Sida).

Il présente de nombreuses interactions médicamenteuses : anticoagulants oraux, sulfamides hypoglycémiants…

3 . 2 . 2 . 3  -  Autres molécules utilisées exceptionnellement dans des infections systémiques et chez les immunodéprimés

Ce sont :

  • l’amphotéricine B (Fungizone, Abelcet, Ambisome) est le traitement de référence des mycoses systémiques ; sa toxicité rénale et hématologique limite son usage en réanimation et chez les transplantés ;
  • l’itraconazole (Sporanox) ;
  • la flucytosine (Ancotil) ;
  • la terbinafine (Lamisil) : moins active sur C. albicans.

3 . 2 . 2 . 4  -  Antibiotiques type polyènes

La nystatine (Mycostatine), l’amphotéricine B (Fungizone oral) n’ont pas d’action systémique (pas d’absorption digestive).

Elles sont à utiliser en prévention des candidoses des sujets immunodéprimés, ou en traitement complémentaire des candidoses vaginales et cutanées.

Aucun antifongique per os n’est autorisé chez la femme enceinte (+++).

3 . 3  -  Indications

3 . 3 . 1  -  Candidoses buccales

3 . 3 . 1 . 1  -  Chez l’immunocompétent

On privilégie les traitements locaux (sans absorption systémique) :

  • nystatine (Mycostatine) : 4 à 8cp/j à sucer ;
  • amphotéricine B (Fungizone) en suspension : 4 cuillères à café en 2 prises quotidiennes ;
  • miconazole (Daktarin), gel buccal : 2 cuillères-mesure 4 fois par jour, contre-indiqué chez les patients sous antivitamine K ou sous sulfamides hypoglycémiants.


Les produits doivent être maintenus en contact avec la muqueuse pendant quelques minutes et les soins doivent être réalisés à distance des repas.

Les traitements adjuvants sont : bains de bouche avec de l’Eludril ou avec du bicarbonate de sodium pour augmenter le pH endobuccal (1 cuillère à café dans un verre d’eau).

3 . 3 . 1 . 2  -  Chez l’immunodéprimé (en particulier : Sida)

On associe au traitement local, un traitement par voie générale, surtout s’il existe une atteinte Å“sophagienne.

La molécule de référence est le fluconazole (Triflucan) (100 à 200 mg/j).

Les cures sont courtes (15 jours) et discontinues pour éviter l’apparition de souches levuriques résistantes.

3 . 3 . 2  -  Candidoses génitales

On privilégie les traitements locaux.

3 . 3 . 2 . 1  -  Vaginite simple

Imidazolés : 1 ovule pendant 1 à 3 jours.

3 . 3 . 2 . 2  -  Vulvite

La toilette se fait avec un savon alcalin (Hydralin) associé à un traitement antifongique local de type dérivé imidazolé.

3 . 3 . 2 . 3  -  Vulvovaginite récidivante

Un traitement préventif avec un ovule antifongique à libération prolongée une fois par mois vers le 20e jour du cycle pendant plusieurs mois (le Triflucan n’a pas d’AMM dans cette indication).

Au début d’un traitement antibiotique, un traitement prophylactique par 1 ovule d’imidazolé 150mg LP peut être préconisé en cas d’antécédent de vulvovaginite.

Il faut rechercher et traiter une éventuelle candidose chez le partenaire.

3 . 3 . 2 . 4  -  Balanite

La toilette se fait avec un savon alcalin (Hydralin) associé à 1 à 2 applications quotidiennes d’une crème antifongique.

Il faut rechercher et traiter une éventuelle candidose chez la partenaire.

3 . 3 . 3  -  Candidoses des plis

On utilise des traitements antifongiques locaux : lotion ou crème (ex : imidazolés, ciclopiroxolamine, pendant 2 à 3 semaines).

Il faut lutter contre la macération.

3 . 3 . 4  -  Candidose unguéale

On lutte contre les facteurs locaux susceptibles d’entretenir les lésions (macération) : séchage des doigts.

On lutte également contre la surinfection : application de solution antiseptique (polyvinylpyrrolidone ou chlorhexidine).

Les antifongiques locaux (solution « filmogène » ou crème sous occlusion) ne suffiront qu’en cas d’atteinte modérée et distale.

Le traitement général ne peut être fait qu’après identification mycologique (+++) pour des atteintes de plusieurs doigts ou en cas d’échec des topiques :

  • durée prolongée : Nizoral per os pendant 4 à 6 mois pour les ongles de la main, 9 à 12 mois pour les ongles de pied ;
  • le traitement systémique des onychomycoses par Triflucan est une indication hors AMM.
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