2  -  Examen devant une douleur buccale

2 . 1  -  Interrogatoire

Caractéristiques de la douleur

  • Topographie : son caractère uni- ou bilatéral, son point de départ, ses irradiations.
  • Date et circonstances d’apparition (facteur causal initial).
  • Facteurs déclenchants selon le tissu à l’origine de la douleur (dent, glande salivaire, nerf, appareil manducateur, etc.).
  • Type (lourdeur, tension, brûlure, piqûre, décharge électrique, etc.).
  • Intensité : au mieux évaluée sur l’échelle visuelle analogique (EVA) ou sur une échelle sémantique.
  • Évolution : caractère aigu ou chronique.
  • Signes d’accompagnement : œdème, rougeur, larmoiement, rhinorrhée, vertiges, etc.
  • Retentissement de la douleur sur la vie courante (alimentation, mastication, sommeil, vie sociale).


Antécédents

  • Soins dentaires récents : extraction dentaire, traitement orthodontique, etc.
  • Traumatisme dentaire ou facial.
  • Antécédents généraux, notamment éthylotabagique.
  • Traitement en cours ou anciens (anxiolytique, radiothérapie, etc.).

2 . 2  -  Examen clinique

L’examen clinique est stéréotypé, méthodique et associe un examen exobuccal et cervicofacial à un examen endobuccal. Il comprend une inspection puis une palpation et nécessite d’être assis au niveau du patient, sous un éclairage adapté, avec des gants, des abaisse-langue, éventuellement des miroirs dentaires et une bombe de froid.

Examen exobuccal


L’examen exobuccal comporte

  • un examen neurologique : déficit sensitif (V), déficit moteur (VII) ;
  • un examen des téguments (plaie, érythème, ecchymose, etc.) ;
  • une palpation des glandes salivaires (loges parotidiennes, submandibulaires) et de l’appareil manducateur (articulations temporomandibulaires et muscles masticateurs) ;
  • une recherche d’adénopathie.


Examen endobuccal

L’examen endobuccal comprend l’examen des six structures susceptibles d’engendrer des douleurs buccales : dents (et gencives), muqueuses, maxillaires, glandes salivaires, nerfs et vaisseaux, appareil manducateur.

Inspection

L’inspection doit être réalisée sous bon éclairage, en s’aidant d’abaisse-langue pour voir l’intégralité des structures buccales après avoir déplissé les muqueuses (plancher buccal, sillons, vestibules) :

  • dents et gencives : caries, état dentaire, occlusion (trouble de l’articulé dentaire) ;
  • muqueuses, notamment le bord libre de la langue, région la plus sujette aux cancers buccaux ; la langue peut être inspectée au repos ou en protraction (une déviation signera une lésion des muscles du côté de la déviation) ;
  • maxillaires : tuméfaction, modification de l’occlusion (fracture) ;
  • glandes salivaires : inflammation ostiale, salive purulente ;
  • appareil manducateur : recherche d’une limitation d’ouverture buccale.


Palpation

Elle est menée protégé par des gants :

  • dents : douleurs à la percussion, au froid, test de vitalité, mobilité ;
  • muqueuses : induration, comblement d’un vestibule, tendance au saignement de la muqueuse au contact ;
  • maxillaires : recherche d’une mobilité, d’une tuméfaction ;
  • glandes salivaires : recherche d’un calcul (palpation bidigitale) ;
  • nerfs et vaisseaux : recherche d’une hypoesthésie (territoire du V) ;
  • appareil manducateur :
    • mesure de l’ouverture buccale ;
    • recherche de douleurs sur les articulations temporomandibulaires, sur les muscles masticateurs.

2 . 3  -  Examens complémentaires

Choisir l’examen radiologique le plus adapté en première intention

Différents examens d’imagerie peuvent être proposés en fonction des données de l’examen clinique et de l’origine suspectée de la douleur :

  • un orthopantomogramme (+++) permet d’apporter des renseignements sur les dents, leurs racines, l’os adjacent, les gros calculs salivaires et, enfin, les articulations temporomandibulaires ;
  • une tomodensitométrie (TDM) ou une tomographie volumique à faisceau conique (cone beam) permet une analyse plus précise des structures osseuses ; en cas d’injection d’iode, un contrôle de la créatininémie et de l’absence d’allergie doit être réalisé ;
  • une échographie voire une IRM seront demandées pour l’analyse des parties molles en fonction des hypothèses diagnostiques évoquées.


Prélèvements

Des prélèvements, bien que rarement utiles au diagnostic, pourront être proposés :

  • prélèvements à visée infectieuse : bactériologique, virologique, mycologique, sérologiques ;
  • prélèvements cytologique et surtout histologique (+++).


La biopsie est indispensable pour confirmer le diagnostic d’un cancer ou rechercher une maladie bulleuse en cas d’ulcérations buccales étendues (dans ce dernier cas, le prélèvement sera placé dans un liquide spécial, le liquide de Mitchell).

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