3. 1. 4 - Exploration du complément dans la réponse inflammatoire

     L’étude du complément se fait en routine dans le sérum et repose sur deux types de tests : les dosages immunochimiques qui permettent de quantifier les différents composants du complément, et les tests fonctionnels, reposant sur l’étude de la réaction d’hémolyse, qui permettent de mesurer l’activité hémolytique globale ou d’un seul composant du complément.

     La néphélémétrie permet de doser de manière reproductible les composants fortement représentés dans le sérum (C3, C4, B, C1-inhibiteur). Les concentrations sériques moyennes de ces composants sont :

– C3 :50-105 mg/dl ;
– C4 :15-45 mg/dl ;
– facteur B :15-35 mg/dl ;
– C1-inhibiteur :15-35 mg/dl.

     En routine, on demande le C3 et le C4, qui sont fréquemment élevés lors de la réponse inflammatoire

     Il existe des dosages fonctionnels utiles à l’exploration de l’immunité innée, en dehors de la réponse inflammatoire. On s’intéresse alors à déchiffrer la voie d’activation sollicitée en fonction des fractions dosées (voie alterne ou classique).

3. 1. 5 - Dosages des cytokines pro-inflammatoires

Ils n’ont pas d’intérêt en routine mais sont pratiqués par certaines équipes spécialisées pour étudier soit les déficits immunitaires (IFN et IL-12), soit des profils cytokiniques dans le but de définir de futurs marqueurs diagnostiques ou de suivi dans différentes maladies (infections sévères, maladies auto-immunes ou allergiques).

3. 1. 6 - Anomalies de l’hémogramme

     Si l’inflammation est prolongée, l’inflammation va pouvoir également entraîner des anomalies de l’hématopoïèse visible sur l’hémogramme, avec une anémie, d’abord normochrome normocytaire arégénérative, puis microcytaire, sans carence martiale, et par une thrombocytose, souvent discrète, parfois plus importante. Comme on l’a vu, l’inflammation prolongée peut aussi se traduire par une diminution
de certaines protéines (albumine, transferrine).


3. 1. 7 - Inflammation articulaire : environnement arthritique

     Lorsque l’inflammation concerne une articulation, il s’agit d’une arthrite. La ponction, quand elle est possible, ramène un liquide synovial de nature dite inflammatoire, trouble, comportant plus de 2 000 éléments/mm3. La concentration protéique — qui n’est plus utilisée en pratique — est alors supérieure à 30 g/l. La numération des éléments est nécessaire pour préciser le type d’arthrite (à polynucléaires neutrophiles, à lymphocytes, ou encore éosinophiles).

     Certaines arthrites, rarissimes, peuvent avoir moins d’éléments (arthrite très récente, immunodépression sévère proche d’aplasie).

3. 2 - Quand est-il utile d’analyser les paramètres biologiques de l’inflammation ?

     En pratique clinique, les paramètres biologiques de l’inflammation sont utiles au diagnostic et au suivi évolutif de certaines affections. Au cours des pathologies rhumatologiques, la présence d’un syndrome inflammatoire biologique sera un argument en faveur d’une étiologie non mécanique et fera discuter (sans bien entendu permettre de l’affirmer), selon le contexte, une affection inflammatoire, infectieuse, ou tumorale. L’absence de syndrome inflammatoire ne permet certainement pas d’exclure un rhumatisme inflammatoire, une pathologie tumorale, voire une infection torpide ou décapitée. En effet l’inflammation, n’est en quelque sorte qu’une face visible de l’état d’alerte de l’organisme, qui peut agir « à couvert ».

     Les paramètres de l’inflammation sont utiles au suivi de certaines affections inflammatoires. Ils vont constituer, avec l’évolution clinique, des indicateurs important de l’activité de la maladie et de l’efficacité des traitements.

     Il convient de signaler qu’il est le plus souvent inutile de mesurer l’ensemble des paramètres suscités. En revanche, aucun d’entre eux n’étant totalement spécifique de l’inflammation, il peut être utile dans certaines situations d’en mesurer deux, voire trois. C’est notamment le cas dans les situations où la mesure des paramètres de l’inflammation est utilisée pour aider la démarche diagnostique. On choisit souvent alors de mesurer au moins un paramètre dont la cinétique est rapide, et au moins un dont la cinétique est lente. Parmi les paramètres de cinétique lente, la VS est en général utilisée en raison de sa simplicité. Parmi les paramètres de cinétique rapide, la CRP est souvent mesurée en raison de sa demi-vie très courte (un jour), de sa relative spécificité et de la grande amplitude de ses variations. En revanche, dans le cadre du suivi d’affections dont le diagnostic a été posé, il n’est pas forcément nécessaire de doser plusieurs paramètres. Le paramètre choisi dépendra de l’affection suivie. Ainsi, en cas d’infection aiguë, on choisira un paramètre de cinétique rapide, qui permettra de « coller » au mieux à l’évolution. En revanche, devant une pathologie inflammatoire chronique, certains préfèrent utiliser un paramètre traduisant l’état inflammatoire des jours précédents (VS).


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