5 . 4  -  Immobilités bilatérales


En cas d’immobilité laryngée bilatérale, la symptomatologie est en règle plus bruyante qu’en cas de paralysie unilatérale. Si les deux cordes vocales sont immobiles en position fermée, la dyspnée est au premier plan tandis que la voix est quasi normale le plus souvent. Il s’agit d’une dyspnée de type « haute » avec les signes classiques : bradypnée inspiratoire avec tirage (dépression inspiratoire des creux sus sternal et sus claviculaires) et cornage (bruit inspiratoire, appelé souvent stridor chez l’enfant). Si les deux cordes vocales sont immobiles en position ouverte, la dysphonie est importante avec une voix quasi inaudible et des fausses routes à la déglutition peuvent exister surtout pour les liquides.

5 . 4 . 1  -  Démarche étiologique dans les immobilités bilatérales


Elle est strictement identique à celle des immobilités unilatérales. Notamment, en l’absence de contexte évocateur, l’examen clé est le TDM depuis la base du crâne jusqu’au thorax.

5 . 4 . 2  -  Etiologies des immobilités bilatérales


Les blocages articulaires

- Blocage de l’espace paraglottique par un cancer laryngé ou du sinus piriforme. Il s’agit alors d’un signe de gravité particulier posant le problème d’un geste de sauvetage (trachéotomie, désobstruction endoscopique)

- Lésion traumatique après intubation prolongée lors d’un séjour en réanimation. Le mécanisme peut être une ankylose des articulations crico-aryténoidiennes ou la présence de brides cicatricielles en particulier dans la région postérieure. Ce type de lésion peut être associée à d’autres lésions trachéales par exemple à tendance sténosante.

- Lésions inflammatoires bilatérales de l’articulation crico-aryténoidienne dans le cadre d’une maladie comme la polyarthrite rhumatoide. Importance ici du contexte pour le diagnostic.  A l’examen on retrouve parfois un aspect inflammatoire de la région sous glottique postérieure. On peut rapprocher sur le plan physiopathologique, les immobilités bilatérales post radiques parfois extrêmement  difficiles à différencier des récidives tumorales

 Les lésions de la voie motrice

Les catégories étiologiques sont les mêmes que pour les paralysies unilatérales avec une prédominance de certaines étiologies

- cancers de la base du crâne ou de la région thyroïdienne ou basi cervicale (zones où les deux voies motrices sont proches l’une de l’autre)

- lésions traumatiques iatrogènes des chirurgies de la base du crâne et de la thyroïde ou de l’Å“sophage cervical

- causes neurologiques : AVC du tronc, SEP, syringomyélie, Guillain-Barré, encéphalite, méningite, neuropathies diabétiques, inflammatoires, toxiques. Comme pour les paralysies unilatérales, le contexte pathologique est généralement au premier plan et il est rare que la paralysie laryngée bilatérale soit le symptôme inaugural

Tableau 2 Résumé des étiologies des immobilités laryngées bilatérales à ne pas oublier
 Blocage articulaireAtteinte voie motrice
Traumatisme

(iatrogène +++)
Réanimation (intubation prolongée)Chirurgie sur le trajet du X (base du crâne, thyroïde)
TumeurBlocage tumoralEnvahissement du nerf par une tumeur (envahissement basicrânien, volumineuse tumeur thyroïdienne)
InflammationPolyarthrite rhumatoïde

Fibrose post-radique
Neurologiques-Maladies neurologiques (myasthénies, SLA)

5 . 5  -  Cordes vocales normales et mobiles


Attention à certains kystes intracordaux seulement décelables par stroboscopie.

Les causes sont variées :

  • troubles endocriniens (les plus classiques) : hypothyroïdie, hyperandrogénisme ;
  • dysphonie par surmenage vocal (les plus fréquentes) : il s’agit de patients qui forcent de façon chronique ou aiguë sur leur voix. En fonction des circonstances, ces patients sont à prendre en charge, soit comme des inflammations aiguës, soit comme des patients présentant des nodules des cordes vocales (état prénodulaire) ;
  • dysphonie d’origine psychique : il s’agit le plus souvent de femmes présentant une aphonie totale s’apparentant à une hystérie de conversion. Le début est typiquement brutal, l’évolution est capricieuse ;
  • dysphonie spasmodique : la voix est serrée, étranglée, de façon parfois très invalidante. À l’examen, on observe l’hyperactivité des CV en phonation, alors que les autres mouvements du larynx, et notamment la déglutition, ne sont pas touchés ;
  • dysphonie myasthénique : la dysphonie est intermittente associée avec épisodes de ptosis et quelques troubles de la déglutition. Il s’agit d’un diagnostic exceptionnel en milieu spécialisé.
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