Le choix de la couleur a une importance majeure dans la réussite d’un traitement en odontologie, particulièrement lorsqu’il implique à la fois le chirurgien-dentiste lui-même et son prothésiste qui doit indirectement interpréter sa description. Pendant toute la durée de notre exercice, nous essayons d réaliser des restaurations qui ne devront pas se distinguer de la dent naturelle. Pour aider le praticien à établir son choix, les fabricants proposent des teintiers dont l’utilisation est plus ou moins simple, en fonction de leur agencement et de leur progressivité. Aujourd’hui, nous commençons à disposer de quelques appareils électroniques basés sur la colorimétrie pour aider à déterminer une couleur.
La nature de la source lumineuse est le premier de ces niveaux. Il faut une source lumineuse adaptée, en intensité et en nature. Dans la pénombre, nous pouvons distinguer la forme d’un objet, mais nous ne pouvons en déterminer la teinte exacte. Un éclairage bleu ou un éclairage rouge modifie complètement la détermination de cette teinte. Cela nous paraîtrait ridicule de choisir une teinte avec un tel éclairage. Pourtant, il en est de même avec un éclairage par lampe à incandescence ou un tube au néon, leur nature est très différente et modifie insidieusement notre choix de couleur par rapport à un choix effectué en lumière du jour.
Le second niveau est l’objet observé. Il peut être extrêmement complexe associant plusieurs couleurs, sa transparence et son état de surface qui perturberont le choix. La lumière réfléchie ou transmise par l’objet vers le capteur, l’œil, dépend de la nature de la source.
L’œil est le troisième niveau. Il capte par ses cellules sensorielles, les bâtonnets et les cônes, une partie limitée des photons. C’est le spectre visible. Il transmet les informations vers le centre de la vision, au niveau du cortex occipital.
Le quatrième et dernier niveau correspond à ce cortex occipital où les informations transmises vont être recueillies et analysées.
Des anomalies peuvent exister et si elles sont systématiquement recherchées dans certaines professions, comme les spécialistes en audiovisuel, elles ne le sont pas chez le dentiste. Les dyschromatopsies partielles (le daltonisme) est une perturbation de la vision des couleurs. La plus courante étant la confusion des teintes vertes et rouges, moins fréquente, la confusion du bleu et du jaune. Enfin, certains sujets ne distinguent aucune couleur, juste des niveaux de gris : il s’agit de l’achromatopsie.
Mais en dehors de ces affections, il faut savoir que la vision a été éduquée depuis l’enfance et que le cerveau complète et interprète les images en leur donnant un sens. Chacun aura donc une vision subjective et son interprétation personnelle. Il est donc nécessaire de s’entraîner à identifier les teintes.
(syn. : brillance, luminance ou valeur, terme anglais « value »)
La luminosité correspond à la quantité de lumière réfléchie. Si tout le spectre de la lumière du jour est réfléchi, l’objet observé est blanc. Si rien n’est réfléchi, l’objet est noir. Dans cet intervalle, en fonction de la quantité de lumière l’objet apparaît plus ou moins gris. La difficulté dans le choix de la luminosité est de faire abstraction de la teinte et de la saturation en teinte. Les cellules spécialisées dans la luminosité sont les bâtonnets.
(syn. : tonalité chromatique, chromaticité, ton, terme anglais « hue »)
Cette teinte est exclusivement liée à la longueur d’onde dominante de la lumière réfléchie. Elle fait partie du spectre visible (figure 9).
La limite du spectre visible varie d’un individu à l’autre, les extrêmes pourraient être de 380 nanomètres à 800 nanomètres. L’ultraviolet et l’infrarouge ne sont pas visibles. Les 6 ou 7 couleurs habituellement répertoriées sont : violet (et indigo)[380-450nm], bleu [450-490nm], vert [490-560nm], jaune [560-590nm], orange [590-630nm], rouge [630-800nm]. La limite bleu-vert-indigo est difficilement discernable. En réalité, la variation de teinte est continue et cette distinction est totalement arbitraire.L’œil (cônes) est plus sensible dans l’intervalle vert-jaune et moins sensible à partir du rouge et du bleu.
(syn. : intensité, densité de couleur, en anglais « chroma »)
C’est la quantité de la teinte dans le matériau. Pour diluer une teinte, il suffit d’y ajouter du blanc.
La couleur est donc l’association de ces trois caractéristiques : la luminosité, la teinte et la saturation. Il convient donc de distinguer couleur et teinte, employées habituellement l’une pour l’autre dans le langage courant. Deux systèmes sont utilisés pour classer ces couleurs. Le plus ancien est le système de Munsell. Aujourd’hui, on utilise le système L*a*b* (figure 10).